Editeur : Carlotta-Films, avril 2007. (Nouveau Master Restauré - Format 1.33 respecté – 4/3 – N&B - 98 minutes - Version Originale sous-titrée Français restaurée Dolby Digital mono 1.0 et DTS mi-débit mono 1.0).

DVD 2 : Suppléments :

  • Hemingway / Siodmak (23 mn)
    De la nouvelle d’Hemingway au film noir de Siodmak, une étude de l’adaptation des Tueurs par Marguerite Chabrol, enseignante de cinéma à l’université Paris X.
  • Entretien avec Hervé Dumont (16 mn)
    Un retour sur la genèse, les thèmes et l’esthétique des Tueurs par Hervé Dumont, Directeur de La Cinémathèque Suisse et auteur de l’essai Robert Siodmak, Le maître du film noir.
  • Expressionnisme en noires et blanches (16 mn)
    Une lecture du film à travers la musique de Miklós Rózsa par Christian Lauliac, spécialiste de la musique au cinéma.
  • Le boxeur sans confession (15 mn)
    Une analyse sur la place du personnage de Burt Lancaster au cœur de l’esthétique funèbre du film noir par Pierre Berthomieu, spécialiste du cinéma hollywoodien.
  • Les Tueurs version radiophonique (1949 – N&B – 30 mn)
    Une adaptation radio mise en images avec Burt Lancaster et Shelley Winters dans les rôles titres.
  • Les Tueurs d’Andreï Tarkovski (1956 – N&B - 19 mn)
    Le premier court métrage d’études d'Andreï Tarkovski. Une adaptation fidèle de la nouvelle Les Tueurs d'Ernest Hemingway.
  • Inclus : le livret Collector de la nouvelle d’Hemingway.

A Brentwood, une petite ville du New Jersey, deux tueurs à gages débarquent dans le seul but d’abattre Pete Lunn, un ancien boxeur. Dans sa chambre d’hôtel, ce dernier attend son heure et est tué froidement de plusieurs balles dans le corps. Lorsque James Reardon est désigné par la compagnie d’assurances pour mener sa propre enquête, le passé et les secrets bien gardés de Pete ressurgissent…

Les Tueurs confirme l’importance de Robert Siodmak dans l’univers du film noir. Largement imprégnée par le style expressionniste allemand, son esthétique révèle à elle seule toute une iconographie du genre. Autour d’un scénario implacable adapté d’une nouvelle d’Ernest Hemingway, Siodmak impose Burt Lancaster dans son premier rôle à l’écran, offre à Ava Gardner son plus beau rôle de garce et démythifie de manière éblouissante le rêve américain.

Hemingway / Siodmak (23 mn). De la nouvelle d’Hemingway au film noir de Siodmak, une étude de l’adaptation des Tueurs par Marguerite Chabrol, enseignante de cinéma à l’université Paris X.

La nouvelle d'Hemingway a été publiée en 1927 dans le Scriber's magazine avant d'être reprise dans son premier recueil de nouvelles, Hommes sans femmes, publié après le succès de son premier roman, Le soleil se lève aussi.

Nick Adams est un personnage récurrent des livres d'Hemingway que l'on voit vieillir depuis In our times (1925) jusqu'en 1972 avec The Nick Adams stories. Il est confronté au garnd thème de Hemingway: la rencontre avec la mort qui reste un mystère fondamental. Ici, les deux bourreaux exécutent de manière déconcertante. Ils se montrent prêt à une fusillade qu'ils commettront à la fin, brutale et arbitraire.

Le boxeur Ole Anderson est l'idéal du héros masculin, stoïque et impassible, sportif et aventurier, un bloc droit qui s'oppose à la société qui renonce. Le thème de la solitude est surtout développée par Siodmak. Chez Hemingway, les héros après avoir été individualistes acceptent un engagement social.

La nouvelle est facile à adapter car très dialoguée. Les dialogues constituent les trois quarts du texte. Le style est concis. Les saynètes théâtrales avec quelques indications. C'est un dialogue fait pour être joué avec ton et attitude avec des questionq rhétoriqueq qui n'appellent pas de réponse et sont plutot des provocations menant à l'action.

Indications de la lumière omniprésentes : " dehors il commençait à faire sombre. La lueur du réverbère s'alluma derrière la vitre"..." Par la vitre, George les regarda passer sous le réverbère et traverser la rue"..." Dehors la lampe a arc brillait à travers les branches nues"

L'nivers familier du diner s'oppose au drame qui s 'y joue. Forme ouverte dans le roman. Dans la nouvelle on n'assiste pas à la scène d'exécution. Suppression des allusions raciales et religieuses moi je vais dans la cuisine avec le nègre et le petit loustic dit l'un des tueurs alors c'était dans un couvent à youpins

Dramatisation : Deux plans du pré-generique en course poursuite. Nick Adams prévient Handerson après une course d'obstacles. Le temps travaille l'espace, les deux tueurs encerclent le diner, la profondeur de champs renforce l'effet de boite
Les cadres (miroir, ouverture) compliquent l'action.

Points de vue. Pas de psychologie ou de voix intérieure. Plan subjectif l'amorce, des tueurs puis vue subjective. Nick Adams devant les tueurs devient le témoin privilégié. Plan de la porte vue par le boxeur alors que dans le roman ni point de vue ni attente.

Ironie d'Hemingway disparaît, les dialogues entre les tueurs et toute cette enquête pour pas grand chose. La prime d'assurance sera réévaluée de quelques centimes." Avec leurs pardessus étroits et leurs melons, ils avaient l'air d'une paire de comiques de music-hall"

Dans la nouvelle, on a un univers chaotique : la pendule ne donne pas l'heure, quiproquo lors de la scène avec logeuse qui ne mène nulle part. Siodmak se montre plus rationnel mais mécanique des enchaînements plus audacieuse : Transition mains quand il est tué, main à la morgue qui indique qu'il est boxeur puis mains qui explorent les objets

Entretien avec Hervé Dumont (16 mn) Un retour sur la genèse, les thèmes et l’esthétique des Tueurs par Hervé Dumont, Directeur de La Cinémathèque Suisse et auteur de l’essai Robert Siodmak, Le maître du film noir.

Don Siegel tournera A bout portant, remake des tueurs veiller signe le scénario mais écrit par Huston, non crédité car alors sous contrat avec la Warner.
11 flash-back avec 10 personnes d'égale importance. Structure complexe pour un gain dérisoire Le suédois s'est fait tuer pour rien. Reardon, l'enquêteur a déclenché une nouvelle tuerie, a failli perdre la vie et n'a gagné ...que deux jours de congés. pour .
Sweet perdant
Eclairage violemment contrebalancé de Woody Bredell, opérateur anglais, au début puis style documentaire et froid. Ce contraste oppose la tragédie d'un perdant et la froide constatation des compagnies d'assurance. Scènes fameuses : un des premiers matchs de boxe réaliste. Long plan séquence avec une grue pour le hold-up. Première apparition de Burt Lancaster a l'écran et premier vrai rôle pour Ava Gardner. 7 pages dans life magazine, nominé meilleur film, meilleur scénario, meilleur montage. Avec ce film, le cachet de Siodmak passa, dit-il, de 250 dollars par semaine à mille dollars par jour.

Le boxeur sans confession (15 mn) de l’esthétique funèbre du film noir par Pierre Berthomieu, spécialiste du cinéma hollywoodien.


La géométrie des éclairages est une manière de faire voir la vie et la mort en action comme toute la grammaire du film noir : rues désertes, couloirs menaçants, escaliers, contre-plongés et cadrages anguleux. C'est la morale déglinguée du film noir âpre et violent. Plafonds bas construits par Greg Toland comme chez Welles et Wyler : l'ordre immuable du monde qui pèse sur les actes libres des héros. Masochisme du suédois contre équilibre du lieutenant Lubinsky et de sa femme.


Les deux premiers flash-back sont consacrés au passé proche et constatent la déchéance finale du suédois (Colfax et Quennie). Lubinsky assiste aux dernières heures dignes set conquérantes. Les huit flash-back suivants permettent la reconstitution criminelle depuis la rencontre avec Kittie jusqu'aux chaînes de trahisons.

Les Tueurs d’Andreï Tarkovski (1956, 19 mn)
Le premier court métrage d’études d'Andreï Tarkovski. Une adaptation fidèle de la nouvelle d'Ernest Hemingway.

Les tueurs est le premier film de Tarkovski co-réalisé avec Alexander Gordon et Marika Beiku en 1956 lors de leur troisième année à l'institut national russe du cinéma (VGIK). L'ensemble des œuvres d'Ernest Hemingway venait d'être publié pour la première fois en Union soviétique et Tarkovski suggéra, pour leur court métrage d'école, d'adapter Les tueurs, selon lui : "Une histoire très tragique, d'une vérité particulièrement profonde ".

VGIK approuva officiellement le projet, autorisant ainsi pour la première fois ses étudiants à réaliser un film à partir d'une oeuvre étrangère Ce film de dix-neuf minutes est découpé en trois scènes : la première et la dernière, qui se déroulent au café, furent tournées par Tarkovski, celle du milieu, dans la chambre d'Andersen par Gordon.

Les tueurs de Robert Siodmak