Editeur : Les éditions Montparnasse, septembre 2008. 1h09. Versions VOST anglais et VF.

Supplément :

  • Présentation par Serge Bromberg.

 

Fille d'une prostituée et d'un ivrogne, Ellys May décide de cacher son passé lorsqu’elle tombe amoureuse d'un jeune homme de bonne famille. Quelque temps après leur mariage ce dernier découvre la vérité...

Habituée des comédies, Ginger Rogers trouve avec Primrose Path un formidable rôle à contre-emploi. Gregory La Cava y dresse une fresque sociale cruelle et sans concession où, après une romance délicate et sensible, la rupture du couple conduit l'héroïne à se prostituer pour survivre.

La mise en scène s'avère d'autant plus cruelle qu'aucun des personnages n'est chargé. Grandma possède un égoïsme qui manque bien de faire le malheur de sa petite-fille mais seulement parce que, pour elle, l'amour est uen tromperie. Hawkins qui avait pris en charge la mère d'Ellie May s'avère prévenant et attentif justifiant par là la bonne humeur passée de la mère. Celle-ci déclarera d'ailleurs : "J'ai ri bien souvent alors que je n'avais pas le cœur gai et j'ai pleuré, beaucoup pleuré, alors que je n'avais pas le cœur lourd, c'est agréable" comme un écho sensible à la phrase préférée de son mari : "Nous vivons, non selon nos désirs, mais comme nous le pouvons" du philosophe Ménandre (300 av JC) qui vient s'inscrire en incrustation au premier plan du film sur les taudis de la banlieue côtière de San Francisco.

La constante affection dont font preuve Ellie May et sa mère envers ceux qui sont plus fragiles (le père, la jeune sœur et la veille et égoïste grand-mère) est la preuve que leur coeur s'est maintenu pur comme le conseillait le père : "Ne laisse pas tes rêves s'envoler, après il ne restera rien. Si tu les laisses partir, il faudra t'en inventer d'autres et ils ne seront jamais aussi bien."

Dans ce contexte la romance sentimentale avec Ed est d'une intensité exceptionnelle. Les deux amants ont la même communauté de caractère : impertinent et joyeux (Critique le bouillon mais pas le café, il n'est pas assez fort pour répliquer. "Le ragoût du concurrent est peut-être meilleur mais nous, on offre le bicarbonate". "Ce n'était pas une dispute. C'était un point final")l e même romantisme (la déclaration d'amour sur le port éclairé d'une faible lanterne ou le nom gravé sur le bateau).

On notera aussi que La Cava sait ménager des effets intenses. Le nom d'Ellie May sur le bateau n'est pas montré lorsque Ed le peint, ce qui n'aurait pas accentué le romantisme du moment car le spectateur préfère le découvrir aux travers des yeux embués d'Ellie May. Le nom est seulement montré, dévasté lorsque Ed le brûle au chalumeau après avoir chassé sa femme.

Le son de la moto qui vient chercher Ellie May ou emporte Ed, seul, est aussi employé avec précision. Le bruit de la moto est comme un espoir qui se résout dans le bruit du train puis à la fin il revient, inespéré retour miraculeux, dans le taxi grâce à Hawkins.

 

J.-L. L. le 15/09/2008

 

 

 

 
présentent
 
Primrose path de Gregory La Cava