Editeur : Montparnasse, mai 2010. 20 €

 

À la suite d'une déception sentimentale, Frédéric Mitterrand ressent le besoin de s'isoler. Il rejoint la Somalie, ce pays dont la détresse va se confondre avec la peine du voyageur. Le chagrin devient alors source d'inspiration : en filmant la Somalie, Fréderic Mitterrand adresse ses images à la personne qui partageait sa vie, transformant son documentaire en une longue lettre d'amour.

Supplément:

  • La Révolution intime par Roger Odin, 14 min.

Le film de Frédéric Mitterrand perpétue à sa manière les récits de voyage du XIXème siècle. Il s'agit d'un film épistolaire où le voyageur, qui n'existe qu'en voix off, nous livre ses impressions d'Afrique parallèlement à l'expression de son désarroi amoureux... Les anciens comptoirs coloniaux, l'entretien avec Syad Barr - le dictateur au pouvoir - la rencontre d'une jeune infirmière parisienne qui travaille dans un camp de réfugiés, s'entrelacent aux échos incessants de l'amour perdu, conjuguant la douleur intime à la misère d'un pays déchiré par les luttes internes et la pauvreté.

La Révolution intime par Roger Odin (2010, 14 min)

 

Roger Odin, docteur en linguistique, professeur de Sciences de la Communication à l'Université de Paris III-Sorbonne Nouvelle. Il a dirigé l'Institut de Recherche sur le Cinéma et l'Audiovisuel de cette université pendant vingt ans (de 1983 à 2004). Il est également théoricien du cinéma et de l'audiovisuel. Créateur de l'approche sémio-pragmatique, il a publié de très nombreux articles sur la question et deux ouvrages : Cinéma et production de sens (A. Colin, 1990), De la fiction (Méridiens-Klincksieck) 2000. De plus, il a dirigé des équipes de recherche sur le cinéma documentaire (L'âge d'or du cinéma documentaire : Europe années 50, 2 volumes, L'Harmattan, Paris, 1997) et sur les productions amateurs (Le film de famille, Méridiens-Klincksieck, 1995, " Le cinéma en amateur ", Communications n°68, Seuil, 1999).

Chris Marker, Agnès Varda et Jean-Luc Godard ont utilisé le genre de la lettre cinématographique. Ici aussi quelqu'un dit je de sa propre voix comme dans la littérature épistolaire de non-fiction avec un grain de voix et un rythme lyrique propre à Frédéric Mitterrand et très reconnaissable

Le ton change lorsqu'est abordé la dimension documentaire sur la Somalie: le rythme est plus rapide, l'intonation change, le discours se fait factuel. Au long plan vide à la Duras succèdent des plans caméra à l'épaule, courts, avec un montage haché.

Le film commence sur une citation de Citadelle de Saint Exupery qui est, lui-aussi, allé dans le désert pour se retrouver. Dans la Somalie, Mitterrand retrouve le résumé de ses problèmes et, dans ses problèmes, la Somalie. Paul Nizan dans Aden Arabie, avait aussi mélangé la révolution et ses problèmes personnels. Mélange du public et du privé, de l'intime et du collectif. Tyrannie de l'intimité : face à des problèmes sociaux et politiques graves, Mitterrand voit ses problèmes : l'absence et le manque

Le documentaire comporte du journal intime, des archives d'actualité, la projection d'un film de famille, un film d'amateur aux images délavées, évanescentes (La lassitude de la Somalie se traduit dans le grain de l'image) des images en noir et blanc avec des films de fiction : Des oiseaux, petits et gros de Pier Paolo Pasolini, Le chemin de la vie (Putyovka v zhizn) de Nikolai Ekk, ou encore La Chanson éternelle de Henry Barakat.

 

 

 

Ciné-club de Caen

 
présentent
 
Lettres d'amour en Somalie de Frédéric Mitterrand