Editeur : Wild Side Video, février 2006. Anglais Dolby Digital 2.0 Mono, Français Dolby Digital 2.0 Mono.

Bonus :

  • Présentation du film par Noël Herpe
  • A propos de Max Ophüls : entretien avec Noël Herpe et Ulla de Colstoun

Un pianiste célèbre et vieillissant, Stefan Brand, reçoit un soir une lettre adressée par une inconnue, Lisa Berndle. Celle-ci lui révèle qu'elle lui voua, dès son adolescence, un amour exclusif, sans qu'il s'en aperçût jamais. Elle lui raconte comment, toute jeune encore, elle assista en cachette à son emménagement dans l'appartement voisin de celui de sa mère; comment elle rompit ses fiançailles qui s'annonçaient brillantes, afin de ne pas s'éloigner de lui; comment elle dut travailler pour assurer sa subsistance. Quelques rencontres furtives, à plusieurs années d'intervalle, une brève idylle ébauchée une nuit au Prater, une ultime étreinte un soir de fête, aussitôt oubliées par l'inconstant, furent les seuls moments de bonheur qu'elle goûta auprès de son volage amant.

Deuxième film américain d'Ophuls après l'impersonnel Exilé (1947), Lettre d'une inconnue offre enfin à Ophuls, après sept ans d'attente, la possibilité d'exprimer son talent au sein du système hollywoodien. Après Libelei (1935) adapté d'Arthur Schnitzler, son plus grand succès international, Ophuls retrouve une Vienne admirablement reconstituée en studio et plus belle encore que la décrit Stefan Zweig dans sa nouvelle. Il y dessine un portrait de femme amoureuse -amoureuse sans espoir- dont la délicatesse et la mélancolie glissent lentement et inexorablement vers le sublime. Ophuls modifie totalement la nouvelle de Stefan Zweig. Il l'encadre dans un prologue et un épilogue réconciliateur et invente une scène centrale au Prater. Le film reste comme chez Zweig une charge contre l'inconsistance des hommes et l'exhaltaion du sacrifice d'une femme. Mais il met surtout en valeur la possibilité pour une femme de se créer un destin à la hauteur de ses exigences. Un jeu de rimes visuelles et la figure du fondu enchainé donne en effet une forme, celle d'une ronde à ce destin, alors que l'artiste le fige dans l'éternité en montrant qu'il s'agit d'une œuvre d'art, d'une scène où le spectateur doit être attentif aux ouvertures de rideaux.

 

Présentation du film par Noël Herpe

Le film raconte en flashes-back une histoire d'amour qui n'a pas existé. Mise en scène très sobre, femme victime de l'amour ; La flute enchantée à l'opéra femme victime de l'égoïsme masculin, de la société du spectacle et du mensonge. Les lieux sont des projections du fantasme de Lisa. Un récit qui échoue toujours à exprimer l'essentiel. Train immobile qui voit défiler des paysages de cartes postales mais la mécanique est montrée, celle du vieil homme actionnant les toiles, montrer le tissus social dans lequel est fait le fantasme. On est toujours soi-disant dans sa tête mais le typhus est annoncé sur le quai de gare sans qu'elle le sache à ce moment. Femme prend en charge son histoire, maitre de son destin au moins par sa prise de parole véracité d'un amour qu'elle n'a pas vécu, masochisme

Profanation ; quand le rêve et l'innocence sont confrontés au réel. Leur mouvement sert à exprimer quelque que chose qu'ils n'arrivent pas à dire par le dialogue dans cette société bloquée comme chez Mizoguchi

Censure : duel rédempteur alors qu'est supprimé la dimension masochiste où Lisa remercie Stefan.

 


 
présente
 
Lettre d'une inconnue de Max Ophuls