Editeur : Arte Editions. Septembre 2009. 1h30. Langues : français, anglais, allemand. 20 €.

Suppléments

  • Le dessous des cartes : Le Japon, le temps
  • Le dessous des cartes : Le Japon, l'espace

Le Japon est redevenu aujourd'hui l'une des plus grandes puissances militaires au monde. Comment s'est-il doté de forces armées, interdites par l'article 9 de sa Constitution ? A-t-il renié le pacifisme imposé par les vainqueurs de la guerre ? Pourquoi l'Empereur demeure-t-il un sujet tabou au Japon ?

A partir d'archives rares et d'entretiens inédits, ce documentaire retrace l'histoire secrète du Japon d'après-guerre. Il dévoile les contradictions d'un peuple toujours confronté à la mémoire de la guerre et du militarisme, et les menaces pesant sur les valeurs de paix au cœur de son identité moderne.

De l'empereur dominé par MacArthur à la fierté de Mishima : vers l'abolition de l'article 9 ?

Excellent support pour replacer dans leur contexte Tokyo sonata (Kiyoshi Kurosawa, 2009), United red army (Koji Wakamatsu, 2007), Le soleil (Alexandre Sokourov, 2005), Yukoku (Yukio Mishima, 1966) ou les films de Nagisa Oshima, ce documentaire très pédagogique revient sur les conditions dans lesquelles a été écrite la constitution et son fameux article 9. Il examine ensuite les raisons et antagonismes qui pourraient, ou non, conduire à son abolition dans le cadre d'un pays moderne en quête de reconnaissance internationale.

1- De la défaite à la constitution

Le 15 août 1945, le peuple japonais entend pour la première fois la voix de son Empereur. Hiro-Hito annonce à la radio la capitulation du Japon. 400 000 allies débarquent alors au Japon avec le général Douglas MacArthur à leur tête. Roosevelt lui a confié trois missions : démilitariser, démocratiser et juger les criminels de guerre.

Le 27 septembre 1945, Hiro Hito quitte le palais pour l'ambassade des Etats Unis pour rencontrer MacArthur. La seule parole de Hiro Hito ayant suffit à démilitariser le pays sans révolte, MacArthur souhaite s'en servir pour accomplir sa seconde mission... ce qui passe par lui épargner un jugement la célèbre photo prise à cette occasion montre nettement qu'il est le shogoun (le général en chef) qui détient le véritable pouvoir en lieu et place de l'empereur.

Seuls trente neuf criminels de guerre, en grande partie issus du gouvernement japonais, sont arrêtés. Le général Tôjô tente de se suicider, refusant d'être jugé par les Américains et l'occupation se fait effectivement dans la paix. Le 1er janvier 46, Hiro Hito déclare par voix de presse qu'il n'est pas une divinité et que le peuple par lequel il est uni seulement par un lien de confiance n'est pas un peuple destiné à diriger le monde.

Le comité d'extrême-orient met MacArthur sous pression pour arrêter Hiro Hito. MacArthur propose à Roosevelt un marché qui se traduira par la coécriture des articles 1 (l'empereur symbole du Japon pour garantir une occupation sans anicroche) et 9 (le Japon renonce à la guerre pour retrouver la confiance des autres nations). Pour maintenir l'empereur, le Japon doit devenir le peuple de la paix.

Le 1er février 46, le projet de constitution rédigé par le gouvernement japonais est divulgué dans les journaux. Il ne convient pas à MacArthur qui décide que ce sont les Américains qui vont le rédiger. Il donne trois consignes au général Whitney chargé de cette rédaction : maintenir l'empereur, supprimer l'armée et abolir les titres et privilèges de la noblesse. La constitution doit être écrite en sept jours. Ce qui sera fait entre le 4 et le 11 février par un groupe de 24 personnes, de jeunes officiers pour la plupart. Le 13 février, le projet est remis au gouvernement japonais qui, quatre mois plus tard, le fait adopter par la diète.

Comment donc, en dépit de l'article 9, les forces d'autodéfense du Japon sont-elles devenues l'une des cinq premières armées au monde ?

 

2-Les forces d'autodéfense de plus en plus visibles.

Les élections législatives d'avril 46 se passent pour le mieux : participation des femmes, redistribution des terres et élection minoritaire d'une force d'opposition socialiste.

Le tribunal de Tokyo débute en mai 46. Vingt-huit personnes y sont accusées de crimes contre la paix mondiale. Il y aura sept condamnés à mort dont Tôjô.

Lorsqu'en 1950 se déclare la guerre Corée, MacArthur est nommé général en chef des forces d'orient. Il autorise le Premier ministre japonais à créer une force de police de réserve de 75 000 hommes et une force de sécurité maritime de 8 000 hommes pour remplacer les soldats américains partis au front. En 1953, elles deviennent les forces d'autodéfense. Le Japon apporte un soutien logistique actif au américains durant toute la guerre de Corée qui concourt à son redressement économique.

Avec la guerre froide, le mouvement vers démocratisation est limité et l'opposition réprimée. Truman démet MacArthur de son commandement car celui-ci ne veut pas limiter le conflit en Corée mais veut étendre la guerre à la Chine

En septembre 1951, le traité de paix de San Francisco proclame le retour de la pleine souveraineté du Japon et la fin de l'occupation. Mais l'après-midi même est signé le traité de sécurité entre le Japon et les USA qui autorise les bases militaires américaines. Okinawa devient une forteresse militaire dont sont chassés les habitats.

Le traité de défense mutuelle en 1960 oblige le Japon défendre les bases américaines situées sur son territoire. Le divorce est prononcé entre les intellectuels et syndicats attachés au pacifisme de l'article 9 d'un côté et les dirigeants conservateurs pro-américain de l'autre.

Le 25 novembre 70 dans l'agence de défense, Mishima prend en otage le comandant des forces d'autodéfense et réclame l'abolition de l'article 9. Il donne sa vie pour son pays ens e faisnat har-kiri.

La contestation autour de l'article 9 se focalise dans les cérémonies du 15 août au temple Yasukuni. Le shintoïsme d'état avait été aboli le 15 août 1945 mais les nostalgiques de l'empire et les familles des victimes se retrouvent ce jour pour célébrer ce lieu du nationalisme : "Revoir le Yasukuni" était l'espoir de tout soldat parti au front.

L'empereur avait cessé de s'y rendre en 1975 lorsque les noms des criminels de guerre condamnés en 48 avaient été rajoutés à la liste des défunts morts pour la patrie. Lorsque Nakasone, Premier ministre s'y rend en 1985, il déclenche une vague de protestations dans tous les pays asiatiques. Koizumi, Premier ministre de 2001 à 2006 s'y rendra aussi fréquemment, alors que Fukuda son successeur n'ira pas.

Les pays asiatiques qui ont dû subir les cruelles invasions du japon comprennent mal que ce pays, du fait des bombes nucléaires reçues se présente comme une victime et qu'il refuse de reconnaître ses torts. Ainsi du scandale des "femmes de réconfort" que madame Kim en 1991 remet sur le devant la scène en intendant un procès contre le Japon.

En 1991, durant la guerre du golf, le Japon envoie 13 milliards de dollars pour soutenir le Koweït mais ce pays ne le mentionne pas dans les pays ayant participé à s alibération. C'est un grave échec de la diplomatie du porte-feuille et le Japon cherche à avoir une part plus visible dans la protection de la sécurité internationale. En 1992, il vote une loi dite de "protection de la paix" qui lui permet de participer aux opérations de maintien de la paix en pays étrangers et de faire ainsi parti des casques bleus. Cette aide aux populations exclue toute utilisation d'armes. Pourtant lors de la seconde guerre du golf, il envoie des navires de ravitaillement dans l'océan indien.

En 1994, Murayama est le premier socialiste accédant au poste de Premier ministre depuis quarante ans. En reconnaissant, contrairement à toute la philosophie socialiste, les forces d'autodéfense et le pacte de sécurité, il perd ses électeurs.

En 2003- 2004 des troupes sont envoyées en Irak. La plupart des juristes pensent alors que l'article 9 se réduit à la simple interdiction des guerres d'invasion mais non celles de défense de la paix. Une association pour la défense de l'article 9 se créée alors pour maintenir le plein pacifisme voulu cet l'article.

Le Japon, le temps

Le Japon depuis le peuplement des Ainous, venus du continent en -13 000 et occupant le nord du pays autour de Hokkaïdo, jusqu'à l'ouverture de l'ère Meiji.

Le Japon, l'espace

De l'ère Meiji à la politique d'invasion et à la défaite de 1945.

 

 
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