Editeur : Arte éditions. Février 2009. Edition double DVD. DVD1 : Inferno capté par Don Kent (1h36). DVD 2 : Purgatorio capté par Julien Jacquemin (1h13) et Paradiso (0h04). Version originale français.

Suppléments sur DVD 2 :

  • Entretien avec Piersandra di Matteo - 10 mn
  • Interview de Romeo Castellucci par Gustav Hofer - 10 mn

Spectacle phare du dernier festival d'Avignon, Inferno Purgatorio Paradiso de Romeo Castellucci a été présenté dans trois lieux différents. Inferno a été donné dans la cour d'honneur du palais des Papes, Purgatorio sur la scène de Chateaublanc alors que Paradiso était une installation proposée dans l'église des Célestins.

Inferno dans la cour d'honneur et Purgatorio à Chateaublanc

Spectacle visuel, chorégraphique et sonore, Inferno Purgatorio Paradiso est un travail grandiose, une œuvre littéraire reproduite sans parole, par le jeu des matières et des images.

Le double DVD proposé par Arte Video est accompagné de deux bonus très éclairants sur les intentions de l'auteur.

Entretien avec Piersandra di Matteo

Piersandra di Matteo, professeur à Bologne, explique que Romeo Castellucci et sa compagnie ont déjà adapté Shakespeare, Masoch ou Dante comme autant de regards de spectateur sur le monde imaginaire. Il s'agit ici d'un regard d'un homme sur lui-même à travers ce voyage car Dante n'est pas seulement l'auteur mais aussi le protagoniste de son poème.

Castellucci essaie de saisir l'écho de ces mots, Inferno, Purgatorio, Paradiso comme trois hypothèses de vie. C'est un travail grandiose, une œuvre littéraire reproduite sans parole, par le jeu des matières, des images.

Inferno est une rencontre dans la nuit sans aucun décor, un espace vide, juste des présences humaines. Puis une figure se présente comme artiste. Il admet sa condition infernale comme Dante ou Warhol ici représenté par Crash.

Castellucci essaie de préserver l'étonnement face au regard dans un espace énigmatique en interrogeant le sens de son propre étonnement face à l'action. La création est le lien entre Dante et Castellucci.

L'œuvre théâtrale est loin de toute érudition, de toute actualisation. Castellucci laisse l'oeuvre dérailler pour ne pas minimiser la dimension visionnaire de l'oeuvre de Dante

Purgatoire utilise un dispositif hyper théâtral avec un décor bourgeois représentant une maison. Il laisse en suspens les perceptions spatio-temporelles du spectateur avec un système hyper fonctionnel de boites transformant un salon en cuisine. Le basculement entre pardon et damnation est travaillé sur le plan psycho onirique

Interview de Romeo Castellucci par Gustav Hofer

Romeo Castellucci a toujours été très impressionné et même terrorisé par cette oeuvre où apparaît le jugement d'airain, inflexible de Dieu qui jouit du supplice des damnés, des hommes tous condamnés à cause de leurs faiblesses humaines.

Le fait qu'elle soit irreprésentable sur scène va de paire avec l'oeuvre littéraire, voyage impossible dans la métaphysique.

Il s'agit ici d'une suite de tableaux formant un spectacle total. Warhol y tient une place importante car il a représenté l'enfer en représentant la surface du monde. Il joue le rôle de Virgile, un guide pour notre monde infernal d'aujourd'hui.

Dante s'est posé le problème de représenter le mal absolu ou Dieu sans blasphème. Castellucci est parti des mêmes prémisses. Il a refermé le livre et s'est mis dans la même position que que le poète : être dans l'obscurité est la condition préalable à l'imagination que ce soit celle d'un bois sombre ou d'une scène de théâtre.

La cour d'honneur est le lieu idéal, elle est l'enfer, l'enfer du tourisme, l'enfer de la masse, l'enfer du tourisme de masse. Et puis, elle a été le lieu où Clément V, personnage de l'enfer, a établi sa cour à Avignon. Castellucci dit aussi jouer avec le poids symbolique du festival d'Avignon.


 
présente
 
Inferno Purgatorio Paradiso de Romeo Castellucci