Coffret 2 films : Au service de sa majesté (1937), Bungalow pour femmes (1956).

Editeur : Opening, janvier 2008. Langue : anglais. Sous-titres : français. Son : mono. Formats : 1,37 N&B et 2.35 Couleur.

Suppléments :

  • Raoul Walsh, grandeur et truculence par Dominique Rabourdin. (16 mn)
  • Mamie Stover : sexe, amour et argent par Dominique Rabourdin (28 min)
  • Raoul Walsh par Noël Simsolo (28 min)

 

 

Présentés comme des films de guerre Au service de sa majesté (1937) et Bungalow pour femmes (1956) sont bien davantage une comédie sentimentale pour le premier et un mélodrame pour le second. Certes, le premier film intègre une sanglante fusillade en Chine et le second le bombardement de Pearl Harbor mais ils sont moins une prise de conscience de l'irréductible de la situation guerrière face aux sentiments préexistants qu'un prétexte externe pour achever le parcours moral des personnages.

L'un et l'autre films sont réputés mineurs dans la carrière de Walsh sans doute en partie pour le mélange des genres qu'ils incorporent. Dans l'un et l'autre, on y trouve pourtant tout l'art de Raoul Walsh l'un des plus grands cinéastes de tous les temps (12ème de notre palmarès).

Au service de sa majesté, débute comme un film noir avec ses effets d'ombre et de lumière, ses plongées et contre-plongées inquiétantes avant de se transformer, durant sa plus longue partie, en comédie sentimentale pour s'achever en film de guerre. Raoul Walsh a certes acquis la notoriété avec What price glory onze ans plus tôt en mêlant comédie et film de guerre. Il joue pourtant ici plus délibérément la carte de la comédie. Pour le premier de ses deux films tourné en Angleterre, il s'amuse notamment de l'opposition entre esprit guindé anglais et la désinvolture américaine.

Bungalow pour femmes est un mélodrame par endroit digne de ceux de Douglas Sirk. Walsh utilise la couleur avec brio opposant les tenues criardes des femmes du bungalow avec la blancheur du monde de Jim dont est tombé amoureuse Mamie Stover. Il traite surtout comme Sirk la violence les relations sociales : sans en rajouter dans l'intrigue mais en marquant par la mise en scène l'opposition du monde des pauvres et celui des possédants.

Raoul Walsh, grandeur et truculence par Dominique Rabourdin. (16 mn)

Dominique Rabourdin alla d'abord au cinéma pour voir avec son lycée Les visiteurs du soir et Les enfants du paradis. Au Mac Mahon, il découvre, Aventure en Birmanie, Le cri de la victoire qui lui font porter au pinacle de son panthéon personnel son auteur : Raoul Walsh. Celui-ci fait partie du carré magique avec Fritz Lang, Otto Preminger (représentant de la grande culture) et Joseph Losey.

Walsh est surtout défendu par l'association Présence du cinéma. Pour nourrir sa passion, Dominique Rabourdin et Patrick Brion s'en vont en expédition à la cinémathèque de Bruxelles chez Ledoux ou à Londres. C'est là que Dominique Rabourdin voit sept ou huit fois de suite La belle espionne.

Au Mac Mahon, les élèves d'Agel qui préparent l'IDHEC ne s'intéressent pas à Walsh contrairement à Bertrand Tavernier, Jacques Lourcelles ou Jean Douchet. Les Walsh portés au pinacle sont Aventures en Birmanie, Gentleman Jim, Colorado territoty, la vallée de la peur, L'esclave libre, Les nus et les morts alors que sont considérés comme plus mineurs : La belle espionne, Barbe noire le pirate, Les deux aventuriers.

Rabourdin rencontrant plus tard à Deauville Rock Hudson l'entendra dire que tout le monde méprisait un film comme La belle espionne. Rabourdin lui rappellera pourtant qu'un film comme Lust for file, porté par Minnelli pendant trop d'années apparaît guidé, académique avec une production trop lourde bien moins bon que ses autres films tournés plus rapidement

Comme Les deux aventuriers, OHMS est un film parfois policer au un ton étrange. Wallace Ford est un acteur irlandais qui sait chanter, danser et boxer. la production est fauchée, les défilés trop longs mais la scène de bataille réussie. C'est l'histoire d'un mauvais garçon qui devient un soldat. Il déserte mais devient un modèle de rédemption en se sacrifiant pour son meilleur ami et la femme qu'il aime. On est là dans dans la lignée de What price glory.

Dominique rabourdin conclut sur son souvenir de Walsh à la cinémathèque racontant sa vie avec son chapeau mexicain, ses bottes à talon (il est petit), dans un couloir alors qu'était projetté L'enfer est à lui.

 

Mamie Stover : sexe, amour et argent par Dominique Rabourdin (28 min)

Pour Dominique Rabourdin, le talent de Walsh éclate à la Warner surtout quand il a Errol Flynn comme acteur. Il réussit aussi bien un mélodrame comme The man I love mélodrame, La belle espionne avec Rock Hudson que L'enfer est à lui.

La Warner le prête à la Fox pour Les implacables remake lointain de La rivière rouge avec Clark gable et Jane Russel qu'il aime bien. Il réalise ensuite Bungalow pour femme mais sans obtenir Clark Gable. Richard Egan acteur sous contrat qu'il reprendra dans Esther et le roi Acteur physique viril rivalité amoureuse de deux désirs argent sexe pour l'hommePas très beau qu'est-ce qu'elle lui trouve possibilité d'ascension sociale mais terne et sans humour

Il n'en dit pas un mot dans ses mémoires mais il ne parle pas non plus d'Un roi et quatre reines, un très beau film pourtant.

Bungalow pour femme tient du mélodrame comme dans The man I love. Chez Walsh, les femmes sont amoureuses et désintéressées. Il est centré sur une femme comme Sally Thomson ou l'esclave libre et une prostituée occupe le premier rôle comme dans Le cri de la victoire.Ici c'est une prostituée mais, à cause de la censure, elle n'est plus qu'une entraîneuse qui joue aux cartes écoute de la musique et danse. Elle veut être au même niveau que l'homme qu'elle aime et qui a de l'argent, des domestiques et une belle voiture. Silver river ancien militaire qui spécule sur les mines revient de ses désirs de pouvoir et de fortune pour revenir au point de départ. Le marginal qui essaie de se faire une position sociale : gentleman Jim, la rivière d'argent

Il s'agit pourtant d'un Walsh malsain, pas pour rien un des préférés de Fassbinder. Mamie est chassée par la police , a été humilié durant son enfance, fait un métier dégradant et se fera battre par Adkins. La tonalité grave, sérieuse domine malgré Honolulu et boites de nuit, les filles, les danses et les soldats. Walsh s'interdit son registre irlandais tonique et burlesque à part deux ou trois exceptions (le soldat aux tickets)

Heureuse édition du DVD qui remplace aventageusement la copie rose et violette de la cinémathèque française.



Raoul Walsh par Noël Simsolo (28 min)

On définit souvent Walsh comme le cinéaste du sens de l'économie en oubliant que c'est aussi un grand cinéaste lyrique. Il est l'auteur des Aventures du capitaine Wyatt, soldat anarchiste lutant contre les Séminoles, du Monde lui appartient, de Barbe noire le pirate.

Baroudeur dès l'adolescence, pour lui le cinéma c'est Motion picture mais il est aussi très cultivé. Il connait très bien Shakespeare, Maupassant et Stendhal. Il a aussi étudié la peinture.

Il est assistant et acteur chez Griffith qui lui fait jouer l'assassin de Lincoln. Il débute comme réalisateur à la Fox. Dans Le voleur de Bagad, (1924) il s'inspire des Trois lumières de Fritz Lang.

Deux films vont marquer sa carrière. Au service de la gloire (1926), triomphe public et critique lui donne la réputation de savoir filmer les Marines et l'armée alors que le film est plutôt antimilitariste. Il réalise ensuite deux suites avec les mêmes deux acteurs jouant les mêmes rôles. Le second film important des débuts est Sadie Thompson où il dirige Gloria Swanson et qui lui assure la réputation de savoir diriger les vedettes.

Son premier film parlant devait être In old Arizona. En rentrant de tournage, un lapin saute sur sa voiture qui sort de la route. Il devient borgne suite à cet accident. Il doit être remplacé comme acteur principal, ce qu'il ne sera plus jamais ensuite et comme réalisateur.

Il innove en tournant le premier film en 70 mm, La piste des géants qui donne son premier grand rôle à John Wayne et le fait accéder au statut de star. Il utilise brillament la couleur dans les films de pirates.

Il dirige Wallace Berry, George Raft, Errol Flynn (sept fois dans sept films différents : Custer dans La charge fantastique , un boxeur dans Gentlemen Jim, un espion, et, dans La rivière d'argent, un héros qui connait la rédemption à la fin), Rock Hudson dans Bataille sans merci, Victime du destin, La belle espionne; Gregory Peck ; Clark Gable (Les implacables, L'esclave libre, Un roi et quatre reines). Ce sont toujours des héros épiques pour qui il s'agit d'aller vite et fort.

Thèmes constant de l'argent et du sexe et surtout de l'opposition carte/territoire. La carte n'est pas le territoire celui-ci révélant des surprises que ne montrait pas la première. Dans l'esprit c'est pareil. C'est dans le désordre et le chaos que la vérité éclate. Custer, en restant sur la carte sans tenir compte du territoire en mort.

Trop longtemps aimer Walsh, c'était être fasciste. C'est encore un cinéaste à découvrir notamment sur les iIdées du passage et de la transgression.


J.-L. L. le 23/01/2008.

 

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Coffret Raoul Walsh, 2 films