Le film déconcerte doublement par une histoire difficile à saisir et une bande son rarement synchrone. Contrairement aux conventions du cinéma muet, les premiers cartons n'annoncent ni les faits passés ni ceux immédiatement à venir mais l'ensemble de l'histoire. Qui plus est, ce condensé dramatique (fugue, chute dans le trou et retour au centre) rend fort peu compte du principal du film : des gestes, des rencontres problématiques et une forte parole, poétique, violente et délirante comme un grand rire face à toutes les valeurs civilisées.

35 ans plus tard, Yves redecouvre le film avec Josée Manenti, son frère et sa mère.

Lors de ce débat du 4 mars 2006, Josée Manenti rappelle que, plus que de faire un film, le but de l'équipe était de se réunir pour un projet qui les rassemblait tous autour de Yves dont ils avaient envie qu'il s'ouvre à un espace plus grand de gestes. Yves était alors extrêmement réduit dans ses gestes et dans son corps. Il avait le vertige. Avec le film, il allait trouver petit à petit plein d'occasions de s'entraîner à faire un tas de gestes qu'il n'avait pas l'habitude de faire et que personne ne lui aurait demandé : grimper à quatre pattes, s'entraîner à tirer des câbles, à faire des nœuds…

henry Maldiney s'intéroge : Le moindre geste coûte t-il ou non ? L'invention d'un nœud difficile et complexe ; comment y arrive t-on ? Se battre avec une corde qui se révolte à chaque fois. Importance du corps moteur expressif et signifiant.
Possibilité d'être avec pour le personnage. Richard tend la main entre la fille de l'ouvrier de la carrière et lui, la relation est incertaine. Ils passent l'un à coté de l'autre. Le geste est primitif mais aussi contemporain essayer des chapeaux difficulté de trouver une situation qui vaille, qui existe en soi.

Deligny accueillait des enfants avec des symptomes flagrant d'autisme infantile précoce qui sans lui étaient condamné à l'enfermment psychiatrique. "C'était alors dans l'air du temps cela ne l'est plus".

Il prend en compte leur besoin impérieux d'immuable. L'idée était de fabuler à propos d'un radeau. L'eau a un attrait pour les enfants autistes mais un attrait pour rien : pas pour se baigner, pour boire. Le radeau n'est pas un subsitut du père ou de la mère. Ilse créé un lein entre Fifty et el radeau surtouit lorsquil s'éligne : "l'humain n'a jamais la même patience que l'objet de son attachement". L'image est aux aguets. Tout n'est pas imémdiatement visible : où est le plan des travaux d'architecture que font des termites. L'image est une trace qui attend, aux aguets. L'images du radeau est aux aguets et Fifty n'en savait rien. L'image est toujours déjà là mais où ? Les mots aussi sont mystérieux, comme des nébuleuses de sens avec un noyau secret. L'image aussi au sens propre est autiste..."mais tout le monde peut lui faire dire je ne sais pas quoi". Le film que Deligny rêve de faire est Toit d'asile.

Pipache est char à vent qui ne veut pas faire sa communion, recherche du whisky, évite le convoi des chariots américains qui veulent poser barbelés.

Lente est la vie des fossiles, si lente qu'on ne la voit pas bouger. C'est qu'ils bougent comme la terre tourne. Devant le grand escargot du tertiaire et le poisson faussile, les pommes de pin et les nuages s'agitent. Le grand poisson faiussile devrat-il encore nager avec l'orage qui approche ?