SMN Les Hauts Fourneaux
1994

En novembre 1993, une dernière coulée marquait la fermeture du site sidérurgique de la SMN (Société Métallurgique de Normandie) situé près de Caen. 100 000 personnes au total y auront travaillé pendant ses 80 années d'existence.

Ce qui deviendra la SMN a germé dans l'esprit de l'allemand August Thyssen qui souhaite exploiter le minerai de fer normand et profiter de la situation du port de Caen pour l'exporter vers les hauts fourneaux de ses usines sidérurgiques avec ses bateaux qui au retour seraient emplis de charbon. En 1907, il achète la mine de Soumont mais il lui faudra 22 mois pour construire la voie ferrée entre Soumont et le port de Caen. A la veille de la première guerre mondiale, l'usine, la société des hauts fourneaux et aciéries de Caen est en construction ainsi que les cités ouvrières. La mobilisation entraîne le dépôt de bilan. Le groupe Schneider du Creusot est solliciter pour reprendre l'usine fournir de l'acier pour la défense. Le groupe du Creusot reprend l'usine de 1915 jusqu'à nationalisation en 1981 et produit sa première coulée en 1917. Détruite en 44 puis reconstruite, la SMN produira de 350 000 tonnes d'aciers en 1952 à un million de tonnes en 1974. Elle représente alors 3 % à 4 % de la production française. 100 000 personnes au total, pendant 80 ans d'existence travailleront dans l'usine.

Jacques Villette, directeur technique jusqu'en 1987 évoque l'ambivalence entre l'usine allemande, sa part mystérieuse et inquiétante et la grande famille, mère nourricière, forteresse ouvrière. La SMN intègre la chaîne complète sidérurgique : le haut fourneau fabrique la fonte, l'aciérie transforme la fonte en acier, les laminoirs mettent l'acier en forme. Mais il y aussi une cokerie qui fabrique le coke, combustible du haut fourneau et une centrale électrique car le haut fourneau dégage de l'énergie sous forme de gaz qu'on ne peut se permettre de perdre et qui est transformé en courant électrique.

Construite en pleins champs, près de Caen, ville agricole, l'usine est autonome, autosuffisante sans sous-traitance aux alentours. Mais c'est aussi une usine moderne, construite 35 ans après la sidérurgie lorraine qui date de 1880.


Alain Lemenorel, historien évoque les générations successives : espagnol, italiens belges, russes qui fuient la guerre civile, slaves avec polonais. Entre 40 à 50 % d'étrangers à la veille de 29. Un tiers des ouvriers ne reste pas une semaine. Avec la crise des années 30, une stabilisation de la main d'oeuvre se produit. Le paternalisme mais surtout la crise fixent la main d'œuvre. ce sera la vieille classe ouvrière, en opposition à celle des OS des années 55-65 qui travailleront dans les usines implantées par la volonté de décentralisation...

Ce film réunit les points de vue de différents témoins et acteurs autour du thème de l’évolution des rapports sociaux et des systèmes de référence au sein de l’entreprise : paternalisme, culture d’entreprise. Mêlant images d’archives et vues de l’usine en exploitation, il rend également compte des caractéristiques techniques, économiques et paysagères d’un établissement qui aura été au cœur de l’histoire industrielle de la Basse-Normandie.

 

Test du DVD

Editeur : Baraka Production et le CRéCET juin 2010. Double DVD de quatre films. 20 € .

Trois de ces films ont été réalisés alors que les usines se transformaient, La fonderie Legoupil en 1991, ou disparaissaient La société Métallurgique de Normandie en 1993, L’usine France Charbons en 2009. Chroniques industrielles (2010) est quant à lui porteur d’une réflexion plus large sur la mémoire de ce patrimoine industriel.

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Genre : Documentaire. 1h20.

Voir : photogrammes
DVD chez Bach Films
Thème : Les ouvriers