née en 1958
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Née le 13 janvier 1958 en Martinique, Euzhan Palcy se passionne très tôt pour le cinéma. Elle regarde les films de Fritz Lang, d’Alfred Hitchcock, de Billy Wilder ou d’Orson Welles. La jeune fille écrit aussi de petites nouvelles et des poèmes. Sa sensibilité artistique se développe au contact de la réalité martiniquaise et de ses salles obscures. A travers les films américains, elle remarque que les comédiens noirs interprètent toujours les rôles les plus dégradants, les plus ridicules. Cette constante la choque et la révolte même.

C’est en se plongeant dans la lecture de La Rue Cases-Nègres, le roman de Joseph Zobel qui raconte la Martinique des années trente, que la terrible condition des Noirs se révèle à elle. À l’âge de 14 ans, la jeune fille fait de La Rue Cases-Nègres, son livre de chevet. Chacune des pages du roman évoque en elle des images. À force de lire et de relire son œuvre favorite, Euzhan se découvre une ambition nouvelle : devenir cinéaste et porter à l’écran la voix des Noirs que personne ne semble vouloir entendre.

La télévision française de Martinique lui donne sa première chance à 17 ans en lui confiant la réalisation d’un téléfilm, La Messagère. En 1975, Euzhan Palcy s’envole pour Paris sur les conseils de son père qui l’encourage dans son amour du cinéma mais lui conseille aussi de s’inscrire à l’université. Et c’est à la Sorbonne qu’elle décroche une maîtrise de théâtre et de littérature, un diplôme d’art et d’archéologie puis suit des cours sur l’Opéra. Elle étudie également à l’École Louis-Lumière et se spécialise en tant que directeur de la photographie.

Désormais, la jeune femme est fin prête pour réaliser son rêve : l’adaptation de La Rue Cases-Nègres au cinéma. Aidée par le destin, Euzhan Palcy rencontre François Truffaut. Passionné par le projet de la jeune réalisatrice, le plus célèbre des cinéastes français devient son parrain dans le 7e art. Il la soutient, distille ses conseils techniques et facilite les relations de la jeune réalisatrice avec les producteurs.

En quelques mois, le héros du roman de Joseph Zobel, le petit Joseph qu’elle appelle le Christ noir, et Maman Tine, prennent corps à l’écran. Euzhan a tout juste 24 ans. Rue Cases-Nègres émeut le public qui découvre la Martinique du temps de la colonisation et l’existence miséreuse des familles noires attachées aux plantations de canne. Le succès est immédiat.

Cette réussite la met en confiance pour poursuivre une carrière de cinéaste si bien qu’elle envisage d’adapter une autre œuvre marquante de la littérature contemporaine : Une saison blanche et sèche, le roman de l’écrivain sud-africain André Brink raconte son pays déchiré par l’apartheid et le racisme. Grâce à la qualité de son premier long métrage, les portes d’Hollywood sont grandes ouvertes à Euzhan. Le scénario de son nouveau projet parvient aux mains de Marlon Brando qui se propose spontanément pour un rôle. Zakes Mokae, Donald Sutherland et Susan Sarandon jouent aussi dans le film. L’équipe tourne au Zimbabwe. Plusieurs mois de travail intense lient les acteurs à la réalisatrice car le film dénonce la ségrégation alors même que Nelson Mandela est encore emprisonné dans les geôles sud-africaines.

Euzhan Palcy constate que dans la plupart des films occidentaux comme à la télévision, l’image des Noirs ne varie guère. Elle décide de rentrer en France et de se replonger dans la réalité de la vie martiniquaise. Son come back prend forme à travers la création de Simeon : "un conte fantastique et musical antillais entre la vie et la mort dans lequel le fantôme d’un musicien, poète et séducteur célèbre, est le captif d’une jeune fille dont il ne peut se délivrer qu’en accomplissant une bonne action", explique la réalisatrice. Kassav' compose la musique antillaise du film pour en faire une œuvre complète et fondamentalement antillaise. Bruno Coulais en composera la musique dramatique.

Euzhan Palcy rend aussi hommage à Aimé Césaire, celui qu’elle considère comme son parrain martiniquais. En 1994, elle passe plusieurs mois à saisir son quotidien pour une série de trois films documentaires, Aimé Césaire, une voix pour l’histoire.

La cinéaste reprend ses projets aux États-Unis. En janvier 1999, la télévision américaine diffuse le film Ruby Bridges, une fresque historique qu’elle réalise et produit sur une enfant de cinq ans qui se bat pour supprimer les barrières de la discrimination raciale dans les années soixante.

Immédiatement après ce film, elle travaille pendant trois ans sur ce qui aurait été le « premier dessin animé noir produit par un studio américain » et dont l’action se déroule en Afrique de l’Ouest 2000 ans avant J.-C. Mais au moment de finaliser son projet, le producteur (la Fox) perd son studio d’animation et met un terme à la réalisation en cours. Peu importe, Euzhan Palcy a des dizaines d’idées et encore plus d’envies. En 2001, elle réalise The Killing Yard, un drame inédit sur la mutinerie de la prison d’Attica, qui a eu lieu 30 ans auparavant dans l’État de New York.

Au cours de l’année 2005, grâce au documentaire Parcours de dissidents, la cinéaste répare les oublis de l’Histoire en donnant la parole aux Antillais de la Seconde Guerre mondiale qui combattirent pour la liberté aux côtés du général de Gaulle. Levant le voile sur une mémoire occultée, Euzhan Palcy réalise un film émouvant et authentique qui rappelle aux jeunes générations le sacrifice des anciens pour la liberté de tous.


Filmographie :

 

1983 Rue Cases-Nègres

Avec : Garry Cadenat (José), Darling Legitimus (M’man Tine), Douta Seck (Médouze). 1h41.

Rivière-Salée, un village d'ouvriers agricoles du Gouvernorat de Martinique, en août 1930. Au milieu d'une immense plantation, la rue Cases Nègres : deux rangées de cases de bois désertées par les adultes partis travailler la canne à sucre. La rue appartient aux enfants et surtout à José, 11 ans, orphelin élevé par sa grand-mère, M'an Tine. Celle-ci n'a qu'un rêve : faire étudier José.

   
1989 Une saison blanche et sèche

(A Dry White Season) Avec : Donald Sutherland, Janet Suzman, Zakes Mokae, Jürgen Prochnow, Susan Sarandon, Marlon Brando, Winston Ntshona, Thoko Ntshinga, Leonard Maguire, Gerard Thoolen. 1h46.

Professeur d'histoire blanc en Afrique du Sud, Benjamin Du Toit, bien que plutôt libéral, ne se pose guère de question sur la politique d'apartheid de son gouvernement. Mais, au cours d'une manifestation, Jonathan, le fils de son jardiner noir, est arrêté. Benjamin intervient auprès des autorités, qui ne lui fournissent aucune explication. La mort du jeune homme, puis celle de son père sous la torture, amèneront Benjamin à s'engager dans la lutte contre ce système

   
1990 Hassane
  Segment du film documentaire Comment vont les enfants ?
   
1992 Siméon
   
   
1994 Aimé Césaire, une parole pour le XXIème siècle
  Une collection de 3 films documentaires
   
2005 Parcours de dissidents
   
   
2007 Les mariées de l'isle Bourbon
  film d'aventure en deux épisodes
   
   
   

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