Loving

2016

Genre : Drame social

Avec : Joel Edgerton (Richard Loving), Ruth Negga (Mildred Loving), Marton Csokas (Le Shérif Brooks), Nick Kroll (Bernie Cohen), Jon Bass (Phil Hirschkop), Michael Shannon (Grey Villet). 2h03.

Mildred et Richard Loving s'aiment et décident de se marier. Rien de plus naturel – sauf qu'il est blanc et qu'elle est noire dans l'Amérique ségrégationniste de 1958. L'État de Virginie où les Loving ont décidé de s'installer les poursuit en justice : le couple est condamné à une peine de prison, avec suspension de la sentence à condition qu'il quitte l'État. Considérant qu'il s'agit d'une violation de leurs droits civiques, Richard et Mildred portent leur affaire devant les tribunaux. Ils iront jusqu'à la Cour Suprême qui, en 1967, casse la décision de la Virginie. Désormais, l'arrêt "Loving v. Virginia" symbolise le droit de s'aimer pour tous, sans aucune distinction d'origine.

Il aurait été de peu d'intérêt aujourd'hui de mettre en scène un débat autour du bien fondé du mariage interracial. Seul les défenseurs du film à thèse, oubliant qu'on ne prêche toujours que des convaincus (les autres ne se déplacent pas), ou les amateurs d'histoire vraies à résonances sociales (les professeurs avides d'un bon sujet de débat en classe) auraient sans doute aimé des développements plus approfondis sur les arguments de Bernie Cohen et Phil Hirschkop qui conduisirent la Cour Suprême par l'arrêt "Loving v. Virginia" a cassé en 1967 la décision raciste de la Virginie.

Nichols, comme à l'accoutumé au scenario, développe la dimension humaine symbolique sous l'histoire racontée. C'était comment protéger sa famille dans Take Shelter (2001) ou comment laisser partir son enfant vers son destin dans Midnight special (2016). Ici, c'est tout simplement l'amour du couple qui se révèle le meilleur argument pour convaincre le spectateur du droit naturel au mariage. Celui-ci traverse les pires crises sans avoir besoin de mots pour affirmer son amour : une mimique de "Brindille" suffit à son mari pour savoir s'il doit  agir ou non. Mildred, de son coté, plus intelligente, énergique et sociable, sait garder son mari à ses cotés pour mener son combat; sachant comment le convaincre ou ne pas aller trop loin. En ce sens, la scène de repas familial, alternant avec le jugement de la Cour Suprême, met la première en valeur aussi bien au niveau du son que de l'image (arrière plan flou). Il ne suffira le lendemain que d'un sourire de Mildred à Richard pour que celui-ci comprenne qu'ils ont gagné.

Jean-Luc Lacuve le 19/02/2017.