Le jardinier ou L'arroseur arrosé

1895

Voir : Photogrammes

50 secondes soit 17 mètres de pellicule

Un jardinier arrose son jardin. Un enfant, arrivé par derrière, met le pied sur le tuyau d'arrosage. L'homme regarde le bec du tuyau, pensant qu'il est bouché. Le petit espiègle retire son pied et le jardinier est aspergé. Il court ensuite après le jeune garçon, l'attrape, lui donne une fessée et (dans la seconde version du film) l'arrose à son tour.

L'Arroseur arrosé est un titre finalement donné à trois "vues comiques" réalisées par Louis Lumière, dont la première au moins est réalisée en 1895. Le film est montré pour la première fois le 21 septembre 1895, à La Ciotat, au cours d'une projection privée, puis mis à l'affiche des projections payantes organisées par les frères Lumière à Paris dans le Salon indien du Grand Café, boulevard des Capucines, à partir du 28 décembre 1895, première projection historique de films photographiques animés.

Il est sans doute inéxacte de dire que cette première comédie de l'histoire du cinéma a été élaboré à partir d'une blague du jeune Édouard Lumière. Le synopsis est plus vraisemblablement adapté d'une page humoristique d’Hermann Vogel, fameuse à l'époque.

La première version est intitulée Le Jardinier et le Petit Espiègle, les autres : Arroseur et Arrosé, cette appellation étant la seule à être inscrite dans le catalogue Lumière, mais c'est bien sous le titre L'Arroseur arrosé que cette œuvre est retenue par l'histoire du cinéma.

La raison qui força la société Lumière à tourner des nouvelles versions, aussi bien pour L'entrée d'un train en gare de La Ciotat que pour cette vue comique, est l'usure prématurée du négatif originel, systématiquement utilisé dans les premiers temps pour le tirage des nombreuses copies positives achetées par des particuliers ou des forains. Plus tard, les copies positives seront obtenues à partir d'un internégatif, un double du négatif d'origine qui sera ainsi préservé.

Ce sont les premières vues photographiques animées à suivre un scénario préétabli et à le mettre en scène : en tirant l'enfant par les oreilles, le jardinier ramène l'action devant la caméra. Avant Louis Lumière, Émile Reynaud imagine dès 1892 des scénarios plus complexes, de 1 à 5 minutes, pour ses pantomimes lumineuses projetées dans son Théâtre optique au sous-sol du Musée Grévin.

La scène est tournée dans le jardin de la propriété de la famille Lumière à La Ciotat, « Les Terres rousses ». L'arroseur arrosé est le jardinier des Lumière, et le chenapan est, dans la première version, un jeune électricien de La Ciotat travaillant sur la propriété des Lumière, dans la seconde le fils d'un ouvrier de leur usine.