L'homme sans passé

2002

(Mies vailla menneisyyttä) Avec : Markku Peltola (M), Kati Outinen (Irma), Juhani Niemalä (Nieminen), Kaija Pakarinen (Kaisa Nieminen), Sakari Kuosmanen (Anttila), Elina Salo (employée des chantiers navals). 1h37.

Voir : édition DVD

Un homme arrive en train à Helsinki où il espère trouver du travail. A peine sorti de la gare, il est volé et tabassé dans un faubourg de la ville. Sa mort est constatée à l'hôpital, mais il se réveille et s'enfuit, avant d'intégrer une petite communauté de miséreux de la banlieue, encadrée par l'Armée du salut. Il ne se souvient plus de son nom ni de sa vie passée.

Amnésique, il commence tant bien que mal une nouvelle vie, et s'amourache d'Irma, préposée à la soupe populaire. Il loge dans un container près du port qu'il a nettoyé de fond en comble et dans lequel il a installé un jux-box. Il fait pousser des pommes de terre, se trouve des amis et un chien, rénove la musique de l'Armée du salut. Il est embauché comme soudeur mais, lorsqu'il veut ouvrir un compte dans une banque, il est pris en otage par un patron furieux de devoir fermer son usine du fait des manœuvres boursières de son actionnaire.

Inquiété par la police, "M" n'échappe à l'incarcération que par la grâce d'un avocat envoyé par l'Armée du salut. Sa photo étant paru dans les journaux, sa femme le reconnaît. De retour chez lui, sa femme lui apprend qu'ils étaient sur le point de divorcer et qu'elle s'apprête à refaire sa vie avec son amant. "M" retourne joyeusement à Helsinki retrouver Irma.

L'Homme sans passé est décrit par Kaurismäki lui-même comme un "drame épique" coloré et musical, avec pour héros des "cœurs solitaires aux poches vides". Il ne s'agit là que de l'apparence superficielle du film qui, précise-t-il, traite aussi de "la situation politique et sociale", de "la morale et de l'amour". Le film est en effet moins un drame épique qu'une comédie sociale dans le ton de la comédie Italienne des années soixante. Quand la situation sociale est aussi effroyable, il ne reste qu'à en rire. Les autorités, l'hôpital, les policiers, la bourse ou l'ANPE, trop habitués à juger sur les apparences premières font preuve d'un total manque de discernement avant de prouver leur manque d'humanité.

Ici, comme autrefois chez Chaplin, les prolétaires dans la misère conservent leur dignité. Un homme renaît grâce à la conservation de ses deux talents : la soudure et le rock. Ce mélange des cultures haute et basse, ce goût pour les trognes qui va de paire avec un goût pour la langue rapproche le cinéma de Kaurismaki de celui de Mocky. Chaque plan, chaque situation peut se retourner en son contraire. Ainsi l'humanisme profond qui triomphe dans chacune des scènes est-il toujours un combat difficile et surprenant.

Plus grand succès publique et critique de Aki Kaurismäki en France (le film a réuni près de 750 000 spectateurs), L’homme sans passé est le deuxième volet de la "trilogie des marginaux", six ans après Au loin s’en vont les nuages (1996) et quatre ans avant Les Lumières du faubourg (2006).

Note d’intention « Mon dernier film était en noir et blanc et muet, ce qui montre clairement que je suis un homme d’affaires. Cela dit, continuer dans cette voie signifierait que mon prochain film se ferait sans images. Que resterait-il alors ? Une ombre. Donc, toujours prêt à faire des compromis, j’ai décidé de faire volte-face et de réaliser un film qui abonde en dialogues et en couleurs variées – sans parler d’autres atouts commerciaux. Je dois avouer que, au plus profond de mon subconscient, j’ai peut-être aussi l’espoir que cette démarche me donne une apparence de normalité. Mon point de vue sur la situation sociale, économique et politique de la société, sur la morale et l’amour, sera donné, je l’espère, par le film lui-même. Cordialement» Aki Kaurismäki

Test du DVD

Editeur : Pyramide video. Juin 2008.

Test DVD

Coffret 11 DVD, 15 films.