Mary

1934

Avec : Alfred Abel (Sir John), Olga Tscechowa (Mary Baring), Paul Graetz (Bobby Brown), Lotte Stein (Bebe Brown), Ekkehard Arendt (Handel Fane), John Mylong (John Stuart) Louis Ralph (Bennet). 1h20.

L'actrice Mary Baring est retrouvée prostrée devant le corps sans vie de madame Moore, une autre actrice, femme du directeur du théâtre. Arrêtée puis jugée, la jeune actrice se révèle incapable de convaincre le jury de son innocence. Elle est condamnée à mort malgré la résistance de Sir John, un célèbre acteur que le sort a désigné pour siéger comme jury.

Entendant chez lui à la radio l'annonce de la prochaine exécution de Mery, Sir John, un acteur que le sort a désigné pour siéger comme jury au procès de Mary, est pris de remords. N'aurait-il pas dû batailler davantage pour convaincre les autres jurys de l'innocence de Mary ? Il n'est jamais trop tard pour bien faire. Sir John décide de mener sa propre enquête, et engage dans ce but, les Brown, un couple d'acteurs au chômage.

Sir John pense que le mystère sera résolu lorsque l'on saura qui a bu la fiole de whisky que Brown a retrouvé vide sur les lieux du crime. Comment expliquer en effet que mary soit sur de n'avoir pas bu alors qu'elle ne se souvient pas des circonstances du drame ? Sir John finit par lui faire avouer qu'elle cache un secret au sujet d'une personne que lui a confié madame Moore avant de mourir et que ce secret concerne une personne de la troupe. Or Brown ayant découvert sur les lieux un porte-cigarettes avec des traces de sang, Sir John le lui fait identifier à son insu comme étant celui de Fane. Brown révèle de plus à Sir John que Fane comme Stuart étaient les deux seuls acteurs à pourvoir utiliser un costume de policier. Or madame Brown avait vu un policer s'échapper de la maison après le crime.

Sir John est maintenant convaincu que Fane est l'assassin. Il lui tend un piège en lui proposant un rôle important dans sa future pièce. Il pense que s'il a quelque chose à cacher, il refusera le rôle. Fane accepte cependant. Mais sir John le met à la torture en lui faisant rejouer l'assassinat de madame Moore. Fane parvient toutefois à ne pas avouer.

Mais sir John le poursuit jusque dans sa loge de trapéziste et le harcèle une nouvelle fois. Fane, lors de son numéro dans les airs, est saisi de vertiges et sent la concentration lui échapper. Il préfère en finir et se pend en plein numéro de trapèze.

Sir John découvre dans sa loge une lettre qui explique les circonstances du drame: avant de tuer mme Moore pour qu'elle ne révèle pas son passé de repris de justice, il avait poussé la tête de Mary contre une table ce qui explique qu'elle ne se souvienne plus de rien. Mary est disculpée et, amoureuse de Sir John comme une photo de lui qu'il avait trouvé chez elle l'en avait renseigné, elle se réfugie dans ses bras.

Version allemande de Murder, tourné la même année dans les mêmes studios britanniques mais avec un scénario ramassé et des acteurs différents. La trame est identique : une actrice est accusée d'un meurtre, mais un comédien célèbre va mener l'enquête. On retrouve aussi la célèbre scène du monologue intérieur du héros, seconde historique du genre donc.

D'habitude les versions étrangères parallèles étaient réalisées par un cinéaste du pays. Ici au contraire c'est le metteur en scène de la version d'origine, Alfred Hitchcock qui en réalise la version allemande avec des acteurs totalement différents. On peut d'ailleurs penser que c'est parce que Hitchcock avait tourné ses deux premiers films en Allemagne : The pleasure garden et The montain eagle qu'il n'a pas hésité à tourner lui-même Mary au studio d'Elstee. Alfred Hitchcock venait de tourner Juno et le paon. Il était sans doute aussi content de revenir à un drame criminel.

Alfred Abel succède à Herbert Marshall dans le rôle de sir John et Olga Tscechowa à Nora Darling dans celui de l'héroïne. La renommée veut que Hitchcock ait eu des difficultés avec Alfred Abel qui avait interprété le comte Told dans les Mabuse de Fritz Lang. Mais le film ne souffre jamais de cet antagonisme supposé : le résultat est en tous cas plus noir et plus ambigu que la version britannique.

Longue mise en scène du monologue intérieur. La radio annonce la sentence prochaine puis un S.O.S d'un bateau en détresse oblige à l'interruption des programmes (!) Sir John règle quelques affaires avec Bennet, son majordome puis revient se raser au moment où la radio reprend le fil des programmes et diffuse Tristan et Iseult. C'est sur ce fond musical que Sir John, impressionné par la coïncidence du SOS et sans doute ému par la jeune actrice, décide de tout faire pour la sauver.