Aventure malgache

1944

Thème : Résistance

Avec : Paul Bonifas (Michel, le directeur de la sûreté), Paul Clarus (Paul Clarus), Andre Frere (Pierre), Paulette Preney (Yvonne), Guy Le Feuvre (Le général). 0h30.

Un carton précise le contexte "Londres, 1944, une poignée de comédiens réunis à Londres avaient été chargés par les autorités militaires françaises, de former une troupe, de présenter des spectacles pour les soldats pour les civils et aussi pour ces nombreux anglais qui aiment la France et la connaissent. L'un des acteurs de cette troupe était avocat à Madagascar avant que la guerre ne commence. Le 28 juin 1940 ... mais écoutez cette histoire racontée par son principal interessé."

Trois comédiens français de la troupe Molière pour les armés se préparent à entrer en scène. L'un d'eux dit ne pas arriver à entrer dans la peau de son personnage. Un autre acteur, Clarus, lui dit alors qu'il va l'aider en lui racontant l'histoire de Michel, non pas Michel Simon mais Jean Michel, auquel il avait eut à faire à Madagascar en 1940

Avril 1940 au palais de justice de Madagascar. L'avocat Clarus accuse le témoin Michel, chef de la sûreté de profiter de sa position pour faire condamner injustement son client pour en tirer des bénéfices personnels. Clarus doit faire face à l'hostilité de la cour mais le procès est arrête car Pétain vient de déclarer l'armistice alors que les anciens combattants de Madagascar n'acceptent pas cette situation honteuse et demandent à Clarus de prendre la tête de la résistance.

Clarus qui fédère les 5 000 anciens combattants de l'île se rend chez l'autorité militaire, pour demander à continuer le combat. Entre "être esclave des boches, subir le joug des japonais, ou plier le genou devant l'Angleterre", il choisit la troisième solution. Michel fait pencher le général timoré vers l'acceptation de l'armistice.

Clarus se trouve alors à la tête de la résistance clandestine tout en jouant auprès du gouverneur le rôle d'un vichyste convaincu. Il en profite pour faire évader vers l'Angleterre les forces vives de l'île. Un soir pourtant il permet à Pierre de prévenir sa fiancée Yvonne avant son départ. Celle-ci ne supporte pas la séparation à venir et dénonce les résistants.

Clarus passe 35 jours au secret. Il sait que son défenseur, Panisse est aux ordres de Michel. Il fait passer de faux télégrammes sans aucune signification ("Demande à ta sœur où est le beurre", "Les châtaignes mûriront le 35 avril") mais est quand même condamné à mort. Pétain transforme néanmoins sa peine en réclusion à perpétuité. Lorsque, le 4 mai 1942, les Britanniques débarquent Diego Suarez, Clarus devient la voix de Madagascar libre.

Clarus a été convancaint, son ami acteur qui enfile son costume de nazi sait dorénavant comment interpréter son rôle.

Un carton au début du film précise qu'il est "Réalisé dans les studios de Welwyn en Angleterre avec la collaboration des auteurs, artistes et techniciens de langue française en service en Grande-Bretagne". Il s'agit donc bien d'un film en version originale française comme le précédant, Bon voyage, réalisé dans les mêmes conditions.

Comme Bon voyage, le film est construit sur des retours au présent de 1944 très nombreux alors que les flashes-backs s'étendent d'avril 1940 à mai 1942 lorsque les Anglais ont débarqué à Madagascar et que Paul Clarus est devenu la voix de Madagascar libre.

Un carton précise qu'il s'agit de rendre compte de l'héroïque résistance de la France jusque dans ses territoires d'outre-mer. Le ton des flash-back est pourtant volontiers ironique avec un Paul Clarus matois à souhait qui joue son propre rôle. Les séquences du cigare, du verre de cognac sont des intermèdes qui jouent le même rôle comique que le goût pour la nourriture de Sandy dans Bon Voyage. Chacun des dix épisodes semble ainsi valoir pour lui-même avec un ton qui lui est propre ainsi de l'épisode mélodramatique entre Pierre et Yvonne où celle-ci trahit la résistance pour garder son amant

Les multiples retours au présent sont tout aussi surprenants. Le but de Clarus en raconter son histoire est d'aider un autre acteur à mieux se pénétrer du rôle de salaud qu'il doit composer. Lorsque celui-ci enfile à la fin un costume de nazi et se met une moustache postiche, il ressemble tellement à Michel que Clarus, et nous-mêmes, nous demandons s'il n'a fait que profiter de la leçon ou s'il n'est pas le vrai Michel.

Jean-Luc Lacuve le 16/02/2009

On notera que de nombreuses sources depuis le Hitchcock de Truffaut prénomme Jacques, le héros de cette aventure, maître Clarus. IMDB a cependant raison de le prénomer Paul. C'est en le désignant comme Paul Clarus que la cour martiale le condamne à mort.