Peter Ibbetson

1935

Genre : Fantastique

Avec : Gary Cooper (Peter Ibbetson), Ann Harding (Mary, Duchesse de Towers), John Halliday (Duc de Towers), Ida Lupino (Agnes), Douglass Dumbrille (Colonel Forsythe), Virginia Weidler (Mimsey), Dickie Moore (Gogo), Doris Lloyd (Mme Dorian), Gilbert Emery (Wilkins), Donald Meek (M. Slade). 1h23.

Dans les environs de Paris, au XIXe siècle, une veuve d'origine anglaise, Mme Pasquier, vit avec son jeune fils Peter, surnommé Gogo, dans la villa que son mari lui a léguée. Une grille sépare leur propriété de celle où habitent Mimsey, une petite Anglaise, et ses parents. Entre Gogo et Mimsey, naît une passion qui ne fait que grandir avec le temps. Ces amours pures et enfantines sont brusquement interrompues par la mort de la mère de Peter. Ramené par son oncle en Angleterre, Peter reprend le nom de jeune fille de sa mère et devient : Peter Ibbetson.

Vingt ans plus tard, Peter est devenu architecte et n'a pas oublié Mimsey. Mais Mimsey est devenue Mary et a épousé le duc de Towers. Appelé au château du duc pour y construire de nouvelles écuries, Peter reconnaît tout de suite dans cette séduisante duchesse sa jeune compagne d'enfance et sent se réveiller la passion amoureuse qui sommeillait en lui. Mary éprouve les mêmes sentiments. L'un et l'autre ont été fidèles à leur serment de ne jamais s'oublier.

Peter tue le duc de Towers en état de légitime défense mais est condamné à la prison à perpétuité. Désespéré dans sa prison, Peter se rend compte qu'il peut communiquer avec Mary par le rêve. Leur amour défie les murs, le temps et l'espace. Les amants se rejoignent dans leurs rêves respectifs et échappent ainsi à leur malheureuse condition. Ils ne sont plus voués au désespoir par la séparation irrémédiable. Ils vivent dans leur imagination une brûlante passion à laquelle même la mort ne parviendra pas à mettre un terme.

Le film est un échec public aux USA… où l'on n'aime pas la moustache de Gary Cooper. En revanche, en France, le succès est tout aussi critique que populaire.

Les surréalistes s'en emparent. Ils sont d'habitude très peu d'accord sur le cinéma. En commun, ils n'aiment que Vampyr de Feuillade, Nosferatu de Murnau et L'age d'or de Bunuel. Breton avait dit dans L'amour fou : "La beauté convulsive sera érotique voilée, exposante fixe, magique circonstancielle ou ne sera pas." et "L'age d'or, la seule entreprise de l'amour total tel que je l'imagine." Il rajoutera ensuite une note de bas de page en rectifiant : "une des seules depuis que m'a été révélé cet autre film prodigieux, ce triomphe de la pensée surréaliste qu'est Peter Ibbetson."

L'amour décrit, vécu comme un rêve correspond bien à cet érotisme voilé. On est loin d'un amour hystérique ou charnel : un seul baiser sera échangé durant la vie réelle des héros : tout est sublimé.

Ce film, pourtant sans trucage, réunit tous les surréalistes notamment Kyrou qui dira : Par ce film, le public recoit des chocs liberateurs qui leur donnent les clés necessaires à la prise de la citadelle, prétendue inviolable de la vie terrestre."

Source : Analyses de Bertrand Tavernier et Noël Simsolo sur le DVD ci-dessous.

Test du DVD

Editeur : Wild Side Video, décembre 2008. Master restauré. Son : Anglais & Français Mono. Sous-titres : Français. 20 €.

Petter Ibbetson

suppléments : Présentation du film par Bertrand Tavernier et Noël Simsolo (26'). Portrait d'Henry Hathaway par Patrick Brion, Bertrand Tavernier et Noël Simsolo (26'). Galerie photos. Filmographie. Liens Internet