Pravda

1970

(réalisation du groupe Dziga Vertov) Avec : Vera Chytilová (Elle-même), Jean-Luc Godard (voix). 0h58.

Chère camarade Rosa, tu me demandes dans ce pays, ce qu'il y a. Voici des images et des sons. L'image est moche car développée dans un laboratoire bulgare. Un : des speakerines en pull cachemire. Deux : des endroits où l'on travaille. Trois : Les travailleurs sont tristes. Sans doute, dans ce pays, il n'y a pas eut encore de révolution. Très souvent, on entend des airs de musique américaine réarrangés. On produit des machines à outils, des armes, de l'uranium, pas mal d'acier, des camions, des locomotives, des trams.

Un pays qui s'est lancé dans l'univers de l'économie moderne, un pays occidental. Oui on est en occident. Dans les champs, il y a des affiches publicitaires pour les grands trusts américains. Ecran noir (Image d'une jeune ouvrière en bikini qui n'a pas le droit d'être utilisée car vendue à la Columbia broadcasting corporation). Tradition historique de l'Ouest : le dimanche, les travailleurs préfèrent laver leur auto plutot que baiser leur femme.

Publicité lumineuse pour les trains russes, des tanks qui surveillent les paysans. Ce doit être un pays socialiste, les cerisiers sont vraiment au bord de la route, pas derrière les barrières ce qui fait que tout le monde peut utiliser ces produits de l'agriculture....

Titre du journal quotidien du parti communiste, référence à Vertov, via les Ciné-pravda.

Après British sounds, tourné en Angleterre avec Jean-Henri Roger en février 69, Godard part en avril 1969 en Tchécoslovaquie. Claude Medjar, son producteur et lui-même font croire au producteur américain de Groupe press que Godard était à Prague en août 68 et avait filmé des plans des chars soviétiques. Il lui manquerait des plans et de l'argent pour terminer son film.

Il s'agit d'un documentaire militant sur la situation en Tchécoslovaquie. Il y est défendu la thèse maoïste sur la nature des pays qui se disent socialistes sous l'influence soviétique. Depuis le début des années 60, la Chine rejette ces pays, accusés d'avoir sombré dans une révision du marxisme. Ils sont devenus des pays capitalistes d'une nature particulière, des pays capitalistes d'état.

Le tournage de Pravda par Godard et Roger précède la fondation du groupe à fin de l'été 69 par Godard et Gorin. Le film est monté par Godard seul à la fin de l'été 69. Preuve qu'il s'agit d'une œuvre de transition, c'est la voix de Roger que l'on entend sur la version française mais la version anglaise est prononcée par Gorin.

Dans Godard par Godard, volume 1 Godard publie un texte autocritique de l'époque dans la tradition maoïste sur le film où il explique ses manques politiques de sa démarche cinématographique.

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