Walk away Renée
2011

Renée Leblanc, la mère du réalisateur Jonathan Caouette, souffre d'importants troubles mentaux et réside dans une maison d'accueil de Huston, sa ville natale. Elle appelle Jonathan pour se plaindre de la dureté des médecins et Jonathan perçoit qu'on lui donne trop de médicaments en la privant du seul capable de l'équilibrer, le lithium. Jonathan décide de déménager sa mère pour la faire admettre dans une clinique proche de New York où il réside.

Jonathan loue un gros camion de déménagement, charge les affaires de sa mère et tous deux commencent leur voyage à travers les Etats-Unis. Ils ne sont pas pressés. Renée ne sera admise que dans une quinzaine de jours et ils profitent du voyage pour se souvenir de leur vie mouvementée.

Tout allait bien pour Renée jusqu'à l'âge de ses douze ans où elle fit une chute qui lui brisa les jambes. Comme elle tardait à se remettre à marcher, les médecins conseillèrent à ses parents des électrochocs qui l'enfoncèrent dans une dépression sévère. Renée, ne parvint jamais à s'équilibrer, fit ne nombreux séjours en hôpitaux psychiatriques. Très belle, elle épousa un homme avec qui elle eut Jonathan et qui les abandonna à la naissance de celui-ci. Renée ne parvint pas à élever son fils qui fut adopté par ses parents, Rosemary et Adolph, pendant que Renée continuait ses séjours plus ou moins prolongés en hôpitaux. Jonathan dont l'enfance fut ainsi très perturbée ne cessa jamais d'aimer sa mère. Elle fut, ainsi que lui-même, le principal sujet de ses films en super8 qu'il monta en 2003 pour réaliser Tarnation, film ovni qui fut récompensé de nombreux prix et lui apporta la célébrité.

Après l'overdose de lithium qui faillit tuer Renée, ses hospitalisations furent de plus en plus difficiles. Renée perdit sa mère Rosemary alors que son père commence à perdre la mémoire. Jonathan qui vit avec David, son compagnon et Josh, son fils tenta plusieurs fois de ramener vivre avec eux sa mère et son grand -père. Il finit par renvoyer celui-ci, qui ne s'adaptait pas au climat de New York, dans une maison de repos près de Huston. Renée s'installa aussi dans une maison d'accueil prés de Huston.

Au cours du voyage, Jonathan et Renée se montrent de plus en plus complices. Mais ils ne retrouvent bientôt plus la mallette de médicaments nécessaires à l'équilibre mental de Renée. Jonathan téléphone aux médecins de Huston et de New York qui connaissent bien Renée. Aucun ne veut lui fournir l'ordonnance nécessaire puisque Renée n'est plus leur malade. Seule une hospitalisation qui nécessitera plusieurs semaines d'observation dans des conditions difficiles permettra peut être à Renée d'obtenir le lithium qu'elle demande.

Jonathan préfère une nouvelle fois héberger sa mère chez lui, ce qu'acceptent très bien David et Josh, à la grande fierté de Jonathan. Celui-ci paie un dentier à sa mère ce qui la comble de joie et semble compenser l'absence de lithium. Jonathan réussit à lui faire prescrire ce médicament à doses espacées et cherche actuellement une institution qui saura s'occuper dignement de sa mère.

Plus encore que Tarnation, ce film rend compte de la relation mère-fils hors du commun qu'entretiennent Jonathan et Renée.

On retrouve dans la partie centrale du film quelques extraits de Tarnation qui rendit mondialement célèbre Jonathan mais tous sont centrés sur sa mère alors que Tarnation parlait bien davantage de la constitution de la personnalité du réalisateur dans un contexte psychologique éprouvant. Walk away Renée s'avère ainsi plus libre que Tarnation.

La structure lâche du road movie permet, à travers un montage parallèle, de confronter les difficultés du passé avec celles du présent. Jonathan se montre un fils exemplaire alors que Renée ne cesse de s'excuser, dès qu'elle revient à son tempérament calme, des excès de langage commis durant ses périodes de trouble. Leurs efforts communs d'attention permanente à l'autre et de longues périodes de délires communs est très particulière.

On ne peut que constater à quel point l'institution psychiatrique, si elle est soumise à des soucis de rentabilité et d'évitement des risques juridiques, n'a aucune chance de pouvoir répondre à un traitement humain de la maladie.

Jean-Luc Lacuve le 12/05/2012

 

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Avec : Renée Leblanc, Jonathan Caouette, Adolph Davis, David Sanin Paz, Joshua Williams. 1h28.

Genres : Documentaire autobiographique , Road movie
Thèmes : Autobiographie , Psychiatrie