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Le déluge

1511

Le déluge
Michel-Ange 1508-9
Fresque, 280 x 570 cm.
Chapelle Sixtine, Vatican

La huitième scène dans l'ordre chronologique du récit, le déluge.

Selon la doctrine d'un rapport entre le vieux et le nouveau testament, le déluge préfigure le baptême, alors que l'arche est le symbole de l'église, c'est à dire du bois de la croix qui sauve. L'eau lustral du baptême enlève le péché originel comme l'inondation nettoie le monde des pécheurs. Noé a été sauvé de l'eau par le bois de l'arche comme le bois de la croix offre le salut à ceux qui sont dans l'église.

Trois comportements différents peuvent être distingués parmi les humains : tandis que dans le refuge (l'église), les justes trouvent le salut, certains damnés tentent de l'envahir alors que les autres sont perdus par leur attachement excessif aux choses de ce monde et cherchent la sûreté en emportant leurs richesses avec eux.

Au premier plan du fresque, certains cherchent à se sauver de la menace des eaux montantes en s'amassant sur l'îlot rocheux du côté droit ou en parvenant, fatigués jusqu'au promontoir élevé du côté gauche. Au loin, des pécheurs ayant atteint la plateforme entourant l'arche, tentent encore d'entrer dans le navire dont ils ont été exclues. D'autres enfin,entre l'arche et la colline au premier plan, sont également engagés dans une lutte féroce. Ils ont atteint un bateau qui est sur le point de chavirer. Les scènes de violence sont contrebalancées par le comportement de ceux qui ne cherchent pas leur salut aux dépens de d'autres, mais montrent la compassion et un sens profond de la solidarité vers les individus les plus faibles qui ont été accablés par la même calamité.

Les différentes sections de la fresque ne sont pas très bien articulées. Ceci est en partie justifié en raison de la catastrophe élémentaire mais cela offense un peu le sens esthétique. Les groupes de personnages sont nouveaux vis à vis de ceux de l'antiquité : des êtres humains nus travaillant fort, loin de se résigner à leurs destins inévitables.

Les forces destructives de la nature et des éléments sont à peine indiquées. Michel-Ange voit surtout les passions et tourments. Pour lui, ce n'est pas l'événement lui-même qui est décisif mais son effet sur ceux qui l'éprouvent, exprimé en mouvements et gestes. Dans leur détresse les hommes peuvent commettre des méfaits mais les scènes d'aide mutuelle soulèvent une question délicate : pourquoi tout ces personnes devraient-elles périr ? Les commentateurs contemporains, Vasari puis Condivi, ont remarqué combien Michel-Ange avait manifesté de la pitié au sujet de cette humanité que le plan de la Providence condamne à la plus totale extermination.

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