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(1881-1955)
Cubiste

Fernand Léger, nait le 4 février 1881, à Argentan (Orne). Peintre, il est aussi créateur de cartons de tapisseries et de vitraux, décorateur, céramiste, sculpteur, dessinateur, illustrateur et réalisteur du Ballet mécanique. D’orientation cubiste, son style est parfois qualifié de "tubiste". Assimilé aux grands cubistes du début du siècle, Fernand Léger s'en démarque par un attachement au sujet narratif, à la troisième dimension et à la couleur dans une œuvre vouée à la glorification de la civilisation mécanique et au monde ouvrier.

La ville 1919 Philadelphie, Musée des Beaux-arts
Les disques dans la ville 1920 Paris, MNAM
Element mécanique 1924 Paris, MNAM
Charlot cubiste 1924 Paris, MNAM
Trois femmes sur fond rouge 1927 Saint Etienne, Musée d'art moderne
Composition aux raisins 1929 Saint Etienne, Musée d'art moderne
Les trois musiciens 1944 New York, MoMA
Eglise Notre-Dame-de-Toute-Grâce 1947 Passy (Haute-Savoie)
Église du Sacré-Cœur d'Audincourt 1950 Audincourt (Doubs)
Les constructeurs 1950 Biot, Musée national Fernand Léger
La partie de campagne 1953 Saint Etienne, Musée d'art moderne

Ses origines normandes, son aspect de « brute au physique désavantageux » qu’il attribue à un père éleveur et son franc-parler ont souvent fait passer Fernand Léger pour le « paysan de l’avant-garde ». À dix-neuf ans, il découvre le Paris de 1900. Léger n’y accomplira jamais la formation d’architecte qu’il est venu y poursuivre. Lentement, s’imprégnant patiemment du mouvement dynamique de la ville, il troquera son tire-ligne pour les pinceaux.

Dès 1903, Léger partage un atelier avec le peintre André Mare. Après son échec aux Beaux-Arts, il s’exerce dans diverses académies. Daniel-Henry Kahnweiler, qui deviendra son marchand, se souvient ainsi de Léger allant dessiner le nu presque tous les soirs à l’académie de la Grande Chaumière. Il reste difficile de savoir à quoi ressemblaient ces dessins. Léger dit effectivement avoir détruit entre 1902 et 1908 une grande partie de ses travaux au fur et à mesure de leur production. Peut-être contenaient-ils encore quelques traces du sentimentalisme du Jardin de ma mère, peint en 1905, ou de ces Gamins au soleil (1907) que Guillaume Apollinaire qualifia de « baignades du soir postimpressionnistes ».

En 1907, comme de nombreux peintres parisiens, il est très marqué par la rétrospective consacrée à Cézanne qui oriente définitivement sa peinture. La même année, il découvre le cubisme de Picasso et de Braque.

Léger défie Cézanne dans le Compotier sur la table (1909). Sans doute y inscrit-il déjà sa peur de la grande influence du peintre d’Aix sur lui. Le peintre se fond bientôt dans l’effervescence de la vie artistique parisienne et, dès 1908, travaille aux côtés de Modigliani, Laurens, et surtout Alexander Archipenko. Installé à la Ruche en 1908, il se lie avec Blaise Cendrars, Max Jacob et Guillaume Apollinaire et dialogue, entre autres, avec le peintre Robert Delaunay, et aussi avec Chagall, Soutine, Lipchitz, Reverdy, Maurice Raynal.

Cette influence se ressent en 1910 dans ces Nus dans la forêt qui feront dire à Guillaume Apollinaire : « M. Fernand Léger a encore l’accent le plus inhumain de cette salle. Son art est difficile. » Il les achève après presque deux ans de lutte.

Il peint en 1909 La Couseuse, qui ouvre sa période cubiste. Amas de lignes géométriques logé dans un espace court, la toile est proche des figures massives de Picasso peintes la même année. Pourtant, dès Nu dans la forêt (1909-1910), Léger propose un cubisme personnel, même s’il s’est certainement inspiré de l’œuvre de Picasso portant le même titre.

Le sujet est transformé en une chambre remplie d’artefacts et de robots. Dans cette œuvre, Léger se détache de la doctrine de Cézanne qui consistait à peindre à partir des cylindres et des cônes. La sobriété des couleurs ainsi que l’activité frénétique des robots crée l’atmosphère symbolique d’un nouveau monde déshumanisé. Sous certains aspects c’est une anticipation du futurisme italien.

S’il partage le souci cubiste de créer un réalisme non figuratif, il se distingue des Montmartrois en imposant un cubisme non pas intellectuel mais visuel. Son souci n’est pas, en effet, de figurer la totalité de l’objet, mais de distinguer chaque objet en volume et en plan au sein d’un espace idéal.

Il pratique, selon Louis Vauxcelles, le « tubisme ». Déboîtés, les volumes géométriques ne sont plus statiques et indissociables, mais autonomes, créant entre eux un antagonisme dynamique. L’intérêt qu’il voue au dynamisme, « reflet du monde moderne », le conduit en 1911 à fréquenter l’atelier de Puteaux et à participer à la Section d’or. Il s’éloigne des thèmes intimistes et traditionnels de Braque et Picasso, et peint des sujets contemporains (Le Passage à niveau, 1912). Il entame une série de contrastes de formes (La Femme en bleu, 1912), dans laquelle il réintroduit vivement la couleur et expérimente brièvement l’abstraction. Apollinaire baptise alors l’art de Robert Delaunay et de Léger de « cubisme orphique ». Pourtant, si Delaunay prône la suprématie de la couleur, Léger aspire à « un équilibre entre les lignes, les formes et les couleurs » (Léger).

Spectateur assidu du cirque Medrano, Fernand Léger peint les acrobates, les clowns, les jongleurs dont les corps « mécanisés » ont la même valeur que les objets et les décors.

Fasciné par l'univers mécanique au cours de la Première Guerre mondiale, il tente à travers la série des "Personnages dans un intérieur", de traiter la figure humaine par la forme géométrique sans aucune charge émotive, telle un objet ou une machine.

En 1918, il illustre le livre de Blaise Cendrars La Fin du monde filmée par l'Ange N.D., conçu comme une suite de plans cinématographiques. Il renoue avec le groupe de la revue Montjoie fondée par Ricciotto Canudo. Il rencontre le cinéaste Jean Epstein, collabore au film d’Abel Gance La Roue et réalise les décors pour le film de Marcel L’Herbier L’Inhumaine.

Fasciné par l'univers mécanique au cours de la Première Guerre mondiale, il tente à travers la série des "Personnages dans un intérieur", de traiter la figure humaine par la forme géométrique sans aucune charge émotive, telle un objet ou une machine. Il applique son style décoratif et monumental à des projets de décors et de costumes de théâtre, d'illustrations de livres, de cinéma. Engagé par les Ballets suédois, il crée successivement les costumes et les décors de Skating Rink (1922) et de La Création du monde (1923). En 1924, avec l'aide de Dudley Murphy, il tourne le film Ballet mécanique où l'utilisation du gros plan et le recours aux multiples effets de fragmentation produisent une dynamique répétitive. La même année, Fernand Léger se rapproche des puristes et participe à la revue L'Esprit nouveau.

Au début des années 1930, Léger se consacre davantage à l'étude de détails, au dessin à l'encre qui, en peinture, le mènent à la réalisation de figures humaines monumentales.

Trois femmes sur fond rouge s'inscrit dans un ensemble de scènes avec figures féminines qui acquièrent en cette période de "retour à l'ordre" une place privilégiée ("Grand déjeuner", 1921 ; "La Lecture", 1924). Les figures massives organisées en quelques modules soulignés par un cerne noir appuyé, se détachent frontalement, selon un cadrage serré, sur un fond rouge uni qui vient remplacer les fonds géométriques rectilignes inspirés du néoplasticisme et qui semble annoncer l'évolution de Léger vers un nouveau classicisme. 

L'aboutissement formel qu'il atteint ces années-là est le fruit du travail qu'il mène simultanément dans le domaine de l'image cinématographique et à travers la pratique du dessin. Il réalise ainsi un ensemble de natures mortes d'objets mécaniques ou organiques dès les années 1926-1927 selon une approche plastique nouvelle. La Composition aux raisins peut se lire à partir de l'affirmation du peintre : "La reconnaissance de l'objet comme valeur plastique est le fait actuel. Enfermé dans le sujet, il était sacrifié. Il devait "venir en avant". Le cinéma l'a découvert dans le gros plan et le fragment". Les éléments - sarments, grains, grappe, vrilles de la vigne - sont décomposés, fragmentés dans une composition aux formes et aux couleurs non identifiables. Léger propose ainsi une approche purement formelle de l'objet et de la nature morte, contrairement aux surréalistes qui les dotent d'une signification médiatique et symbolique. 

 

Après un séjour aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale, Léger opte pour une figuration monumentale mettant la "grandeur épique" de ses œuvres au service d'un engagement politique. Il adhère au Parti communiste français en 1945, dont il restera membre jusqu'à la fin de sa vie dix ans plus tard. Soucieux d'un art direct et accessible à tous, il choisit d'illustrer les mythes modernes : les loisirs populaires, entre cyclisme et parade de cirque. Ce thème apparaît dans son œuvre dès 1943 ("Les Loisirs", 1948-1949) et se développe ensuite dans la série "La Partie de campagne", comme autant de relectures modernes d'un concert champêtre ou d'un déjeuner sur l'herbe. La composition frontale et le hiératisme de la pose des figures opèrent comme une célébration de la modernité, manière qu'il poursuit ensuite dans ses représentations du travail ("Les Constructeurs", 1950), emblèmes de la reconstruction d'après-guerre.

En 1947, il décore Eglise Notre-Dame-de-Toute-Grâce à Passy (Haute-Savoie). Au début des années 1950, Fernand Léger participe avec Jean Bazaine et Jean Le Moal à la décoration de l’église du Sacré-Cœur, construite dans un quartier ouvrier d’Audincourt (Doubs), pour laquelle il conçoit les dix-sept vitraux de la nef et du chœur et dessine les cartons de la tapisserie située derrière le maître-autel.

Fernand léger meurt le 17 août 1955, à Gif-sur-Yvette (Essonne).

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