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(1862-1918)
Art nouveau
Ecoinçons de l'escalier du KHM de Vienne 1891 Vienne, Musée de l'histoire de l'art
Sonja Knips 1898 Vienne, Palais du Belvédère
La dame au boa de plumes 1898 Vienne, Historisches Museum der Stadt
Pallas Athénée 1898 Vienne, Historisches Museum der Stadt
Portrait de Serena Lederer 1899 Metropolitan, New York
Judith 1901 Vienne, Palais du Belvédère
Frise Beethoven 1902 Vienne, Pavillon de la Sécession
Portrait de Emilie Floge 1902 Vienne, Historisches Museum der Stadt
Forêt de bouleaux 1903 Collection particulière
Les trois âges de la femme 1905 Rome, Galerie Nationale d'Art Moderne
Rosiers sous les arbres 1905 Paris, Musée d'Orsay
Fritza Riedler 1906 Vienne, Palais du Belvédère
La philosophie 1907 Oeuvre détruite
La jurisprudence 1907 Oeuvre détruite
Medecine 1907 Oeuvre détruite
Adèle Bloch-Bauer I 1907 New York, Neue Gallery
Jardin de la ferme avec tournesols 1907 Vienne, Palais du Belvédère
Tournesol 1908 Vienne, Palais du Belvédère
Espoir 2 1908 New York, MoMA
Le baiser 1908 Vienne, Palais du Belvédère
Danaé 1908 Collection particulière, Graz
Le château Kammer sur le lac Attersee 1910 Vienne, Palais du Belvédère
Adèle Bloch-Bauer II 1912 Collection particulière
La jeune fille 1912 Prague, Nàrodni Galeri
Maison forestière à Weißenbach 1914 Vienne, Palais du Belvédère
Les amies 1916 Oeuvre détruite
La mort et la vie 1916 Vienne, Musée Leopold
La dame à l'éventail 1917 Collection particulière
Adam et Eve 1918 Vienne, Palais du Belvédère

Gustav Klimt est né le 12 juillet 1862 à Baumgarten dans la banlieue de Vienne en Autriche. Il est le second d'une famille de sept enfants, dont le père Ernest Klimt exerce le modeste métier d'orfèvre ciseleur, et dont la mère Anna Finster est chanteuse lyrique. Gustav Klimt démontre son réel goût pour les arts et pour la décoration, et entre dès 1876 à l'Ecole des Arts Décoratifs de Vienne où il suit les cours de peinture du professeur Laufberger.

En 1883, avec son frère Ernst et leur condisciple Franz Matsch, il fonde la Künstlerkompanie (Compagnie des artistes). Son habileté et la finesse de ses travaux sont rapidement reconnus et il se voit confier de nombreuses décoration de murs et de plafonds de villas, mais aussi de théâtres et édifices publics. C'est ainsi qu'il décore la salle de réunion du Palais Sturany à Vienne, puis une salle du Château Royal de Palesch en Roumanie, ainsi que la Villa Hermès de Lainz ou encore les escaliers du Burgtheatrer de Vienne. En 1888, il reçoit la « croix d'or du Mérite artistique» à l'achèvement des peintures murales du Burgtheater et en 1890, remporte le Prix de l'empereur pour sa gouache Salle de l'ancien Burgtheater.

L'évènement le plus important dans ces années là est l'achèvement de la décoration de l'escalier du Kunshistorisches Museum qu'il mène à bien, malgré le décés du maître d'oeuvre de ce travail conduit par le peintre Hans Mackart, lequel travail consolide encore sa réputation.

Ainsi jusqu'en 1890, Gustav Klimt aura eu un début de carrière fait d'une solide réputation de peintre décorateur répondant à des demandes officielles de peintures architecturales, mais sans réelle originalité, car éloignée au fond de lui de ses goûts personnels pour un art moderne dans lequel il a envie de s'exprimer totalement.

En 1892 au décès de son frère Ernst, Gustav, tuteur de sa nièce, noue d'étroites relations d'amitié avec la famille de la veuve, Helene Flöge et plus particulièrement avec Emilie, sœur de cette dernière qui tient une maison de couture. Il se rapproche des écrivains Arthur Schniltzer, Hofmaansthal et Hermann Bahr tout en s'interessant au symbolisme et à l'impressionnisme français.

En 1894, partageant avec Matsch la commande de décorer le plafond de la salle des fêtes de l'Université de Vienne, il se voit confier l'exécution de La Philosophie, La Médecine et La Jurisprudence. En 1895, lors d'une exposition à Vienne, il découvre les oeuvres de Liebermann, de Félicien Rops, mais aussi de Klinger, Böcklin et Rodin.

Avec certains de ses amis dont Moser, Joseph M.Olbrich et Carl Moll, il crée en 1897 un journal intitulé "Ver Sacrum" (Printemps Sacré), avec l'ambition de créer un édifice consacré aux arts. Il participe la même année à la fondation de l'Union des Artistes Figuratifs, appelée aussi la "Sécession", avec dix-neuf autres artistes de la Küntlerhaus de Vienne. Il devient le président de cette association, dont l'objectif est de réformer la vie artistique de l'époque et de réaliser des oeuvres d'art qui élèvent " l'art autrichien à une reconnaissance internationale à laquelle il aspire". Il s'agit aussi pour ces artistes de combler le fossé existant entre l'art et les arts dits mineurs, de rapprocher les objets utilitaires et les objets d'arts, de transformer le monde au moyen des arts. Les arts doivent éveiller les consciences et s'éloigner de toute compromission avec l'art et l'académisme établis.

Cette fondation est en quelque sorte la réponse au mouvement "Art Nouveau" en France et au "Jugendstil" qui se développe en Allemagne. Le magazine "Ver Sacrum" devient le moyen d'expression de la "Sécession", et le porte parole de cette volonté de changer le monde, tandis que Joseph M. Olbrich parvient à réaliser cet édifice dédié aux arts et souhaité par Klimt, pour donner aux jeunes artistes figuratifs un lieu permanent d'exposition pour leurs oeuvres.

Il peint en 1898 le célèbre tableau Pallas Athénée qui marque en quelque sorte cette émancipation de Gustav Klimt par rapport à l'art officiel.

Sous un mode ironique, il détourne la représentation traditionnelle du sujet en montrant sous le visage de la déesse aux traits d'une femme fatale, une gorgone qui tire la langue.Cette toile fût l'objet de l'affiche de la première exposition de la "Sécession" en 1898.

Au cours de l'année 1900, lors de la septieme exposition de la "Sécession", Klimt présente sa toile intitulée La philosophie, qui est la première des trois toiles préparatoires avec La médecine et La jurisprudence qui lui avaient été commandées en 1896 pour illustrer les voûtes du plafond de l'Aula Magna, le hall d'accueil de l'Université de Vienne. Il choisit de représenter la philosophie sous la forme d'une sphinge aux contours flous, la tête perdue dans les étoiles, tandis qu'autour d'elle se déroule tous les cycles de la vie, de la naissance à la vieillesse, en passant par les étreintes de l'amour. A gauche, à l'avant plan, la "connaissance" revêt les traits d'une femme fatale fixant de ses yeux foids et sombres le spectateur. Cette toile fait l'objet d'une critique sévère des autorités universitaires qui s'attendaient à une représentation classique du sujet et qui considèrent alors cette allégorie comme une provocation au libertinage et une atteinte aux bonnes moeurs. La critique violente de la presse accuse Klimt d'outrager l'enseignement et de vouloir pervertir la jeunesse. On lui reproche ses peintures trop érotiques, et on s'interroge sur sa santé mentale et sur ses crises de dépression. " Il est trapu, écrit-on, un peu lourd, athlétique... pour allonger son visage sans doute, il porte les cheveux en arrière et rejetés très haut au dessus des tempes. C'est le seul signe qui pourrait faire penser que cet homme est un artiste". Mais lors de sa présentation à l'Exposition universelle de Paris, La Philosophie obtient une médaille d'or. Les compositions qui suivent déchaînent et amplifient les critiques. La médecine est représentéee par une femme qui offre son corps, au côté des représentations de la souffrance et de la mort. La jurisprudence quant à elle est représentée par un criminel en proie à ses instincts, tandis que la justice reste figée et impassible enchassée dans une mosaïque d'inspiration byzantine. Les toiles terminées, en 1907 sont vendues par Klimt ce qui lui permet de rembourser l'Université. Plus jamais, il n'accepetra de commandes publiques. Pendant la gurre les tableaux sont mis en sureté au Immendorf Palace, celui-ci est détruit par le feu par les nazis en 1945. il ne reste plsu que de sphotographies de ces trois oeuvres


Klimt doit renoncer à voir ses peintures décorer l'Aula Magna, sans pourtant renoncer à son invention esthétique. On recommande Klimt pour un poste de professeur à l'Académie, mais le ministère de la Culture et de l'Éducation rejette sa candidature.

Lors de la quatorzième exposition de la "Sécession" en 1902, consacrée à la musique de Beethoven, Klimt présente une frise destinée à illustrer un décor pour l'architecte Josef Hoffmann chargé de réaliser un monument en mémoire du musicien. Cette oeuvre d'art où la musique, les beaux-arts et l'architecture s'unissent dans une illustration éloquente de la Gesamtkunstwerk (oeuvre d'art totale) est encouragée par Gustav Mahler lui même, qui représente une aspiration au bonheur de la part de l'humanité souffrant en cherchant son apaisement dans les arts. Cette oeuvre et une nouvelle fois l'objet de critiques violentes au nom de la morale.

Ces années 1902-1903 constituent un tournant dans l'oeuvre de Klimt, et une période d'intense créativité. Il séjourne en Italie où les mosaïques de Ravenne exercent sur son style une forte influence, à l'origine de sa « période dorée ». Il entame la réalisation de son "Cycle d'Or" avec les "Serpents d'Eau", le portrait d'Adèle Bloch-Bauer I, et Danaé.

En 1904, un riche banquier Belge Adolphe Stoclet lui commande la réalisation des mosaïques murales de la salle à manger d'un luxueux palais qu'il construit à Bruxelles sur les plans de l'architecte Hoffmann. La richesse décorative de Gustav Klimt éclate dans "L'Attente "et dans "L'Accomplissement".

Le tableau Le baiser qui est le tableau le plus représentatif du génie de Gustav Klimt et qu'il peint en 1905 sera reproduit dans le thème de "L'Accomplissement" pour la fresque d'Adolphe Stoclet. Scission de la Sécession; le groupe de Klimt prône l'importance des arts décoratifs dans la vie moderne. Il quitte avec plusieurs de ses amis la "Sécession" qui selon lui tend à se scléroser, et il se consacre à la peinture de paysages ou de scènes allégoriques très ornementées, de plus en plus stylisées et aux couleurs vives qui le rapproche du pointillisme de Seurat, mais aussi de Van Gogh et de Bonnard.

Mais il s'interesse aussi davantage à la peinture intimiste et aux portraits. En 1906
Klimt photographie Emilie Flöge qui présente dix de ses modèles de robes. Il réalise des portraits de femmes de grandes dimensions avec des compositions richement décorées pour flatter une clientèle riche et bourgeoise qui lui fait des commandes, et il réalise aussi de nombreux scènes de femmes nues ou aux poses langoureuses et érotiques, en tenues extravagantes dans des compositions asymétriques, sans relief et sans perspective, riches d'une ornementation chatoyante, envahissante et sensuelle.

En 1908, il inaugure la Kunstschau Wien, exposition d'art autrichien fortement axée sur les arts décoratifs. Le gouvernement autrichien achète Le baiser pour la Moderne Galerie.

En 1910, Klimt participe à la Biennale de Venise où il retrouve le succès et la notoriété d'avant l'Aula Magna. Il reprend le titre qu'on lui avait attribué de "décorateur fin de siècle", de peintre de l'intelligentsia autrichienne, et d'inventeur de l'art décoratif. En 1911, à l'Exposition internationale de Rome, il reçoit la médaille d'or pour Les trois âges de la femme. En 1914, il se rend à Bruxelles pour voir ses mosaïques installées dans le palais Stoclet. Le 28 juillet, L'Empire austro-hongrois déclare la guerre à la Serbie, ce qui marque le début de la Première Guerre mondiale. En 1917, il est nommé membre honoraire de l'Académie des beaux-arts de Vienne.

Il meurt le 6 février 1918, à l'âge de cinquante-cinq ans, d'une attaque d'apoplexie en laissant inachevées de nombreuses toiles.

Peintre dénigré pendant plus d'une dizaine d'années de sa vie, l'oeuvre de Klimt aura été en permanence l'expression d'une référence à l'histoire de la peinture à Moreau, Klinger, Hodler, Böccklin, Monet, Seurat, Matisse, ou Rodin, dans ses compositions extrêmement personnelles et originales faites de théatralité, d'antinomies, d'hétérogénéité, tant du point de vue pictural et décoratif , que du point de vue des couleurs. Son oeuvre faite d'oppositions entre la figuration et l'abstraction, entre allégories et paysages, entre, stylisation et naturalisme, entre hédonisme et scepticisme, entre impressionisme et symbolisme, lui confère une place très particulière dans l' histoire de l'art. Il semble avoir été le génial et prémonitoire précurseur de la crise générale des principes, des valeurs, des idées et du langage artistique qui fût caractéristique du XXème siècle.

Le Monde des Arts.