La maja nue
Francisco de Goya
1800
 
 
La maja desnuda
Francisco de Goya y Lucientes, 1799-1803
Huile sur toile 97 x 190 cm
Madrid, Prado
   

La maja nue est allongée sur un drap blanc, avec des tonalités de gris raffinées, qui recouvre partiellement un pouf bleu-vert, sur un fond brun.

La maja nue et la maja vêtue comptent parmi les plus célèbres oeuvres de Goya, en raison surtout d'une certaine auréole d'interdit qui les entoure, et qui, en fait, ne se justifie qu'en partie.

La maja nue

S'il faut exclure, semble-t-il, que la duchesse d'Albe leur ait prêté ses traits, il est à peu près certain que la "vestida" devait servir à dissimuler la desnuda. Une fois éclaircis les deux points essentiels du mythe érotique de ces tableaux, tout le reste demeure à préciser : leur origine, la simultanéité ou non de leur exécution, qui les commanda.

La maja vêtue est pour la première fois mentionnée dans le journal d'un graveur et académicien qui a effectué une visite au palais de Manuel Godoy, premier ministre du roi Charles IV, en 1800. Les deux oeuvres sont signalées pour la première fois le 1er janvier 1803 dans l'inventaire des tableaux appartenant à Godoy : "Numero 122 : dos cuadros... representa uno una venus sobre el lecho, otro una maja vestida, autor Francisco Goya". Leur présence dans les collections du ministre a bien entendu fait supposer que les deux oeuvres avaient été commandées par lui, et que du reste Goya n'aurait pas entrepris un sujet si osé s'il n'avait été protégé par un client puissant.

Dans l'inventaire des collections de la succession de Godoy faite le 1er Janvier 1808 par le peintre Frédéric Quilliet, agent de Joseph Bonaparte ces oeuvres sont enregistrées comme "Gitana vestida" et "Gitana desnuda". Au palais du ministre, elles ne semblent pas avoir été cachées. En effet dans une note critique sur les "Caprices" parue en 1811, les Vénus de Goya sont mentionnées et l'auteur ajoute qu'elles étaient très admirées, ce qui prouve que bien des gens avaient pu les voir. Elles reparaissent dans un document de 1814, ayant trait à la dénonciation de Goya au tribunal de l'Inquisition comme auteur de deux tableaux obscènes représentant "una mujer desnuda sobre una cama" et "una mujer vestida da maja, sobre una cama". C'est le point de départ de leur réputation scabreuse. Passées ensuite à L'Academia de San Fernando, la Maja nue resta longtemps cachée, jusqu'à son exposition à côté de la Maja vêtue en 1900. L'année suivante, en septembre 1901, les deux oeuvres entrèrent au Prado.

 

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