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Ubu imperator

1923

Ubu Imperator
Max Ernst,1923
Huile sur toile, 81 x 65
MNAM, Paris
(voir : surréalisme)

Acquise par Paul Éluard avec deux autres grandes huiles sur toile, Ubu Imperator marque d’emblée l’entrée de Max Ernst dans le champ du Surréalisme. Cette œuvre illustre avec éclat la combinatoire d’éléments hétérogènes, héritée du collage. Sa force est de produire une image unifiée, tout en conservant la perturbation, introduite dans la vision, par chacun des éléments : pointe de la toupie, carcasse rouge où transparaît une armature de fer, mains humaines exprimant l’étonnement.

Ainsi se compose, dans le jeu et la dérision, l’image du Père Ubu, symbole grotesque de l’autorité inventé par Alfred Jarry. Plus encore, sous ce déguisement ressurgit l’enfance de Max Ernst, une vision de " demi-sommeil "selon les termes mêmes de sa description, dans laquelle les prestiges de l’autorité paternelle ainsi que ceux de la création artistique sont désacralisés. Derrière la bouffonnerie du pouvoir désignée par la toupie Ubu, c’est aussi toute l’esthétique traditionnelle – construction rationnelle et perspective géométrique - qui est tournée en ridicule.

Un an avant la parution du Manifeste du surréalisme, Ernst élabore non seulement la définition des voies formelles dans lesquelles il s’engage - processus complexe d’alchimie visuelle où se superposent et se combinent des symboles résurgents de l’enfance - mais surtout le sens de sa propre attitude devant l’acte de peindre, à la fois distanciée et ironique, qui commandera toute sa poétique