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La raie

1725

La Raie
Jean-Siméon Chardin , vers 1725-1726
Huile sur toile 114 cm X 146 cm
Paris, Musée du Louvre.

Malgré une hiérarchie des genres rigides, où la nature morte occupe le dernier rang, Chardin s'acquiert dès sa jeunesse une réputation de grand artiste, détenteur de cette "magie" du faire qui enthousiasmera tant Diderot. C'est ainsi que l'Académie, en 1728, contre la coutume, agrée et reçoit Chardin le même jour parce que La Raie, retenue comme morceau de réception avec Le Buffet, égale en qualité les plus beaux exemples flamands (Jan Fyt). Magnifique morceau de peinture, l'oeuvre évoque déjà, la sobriété en moins, la rigoureuse construction des petites natures mortes de la maturité (La tabagie, La brioche, Le gobelet d'argent).

Au-delà de la simple représentation de l’objet, Chardin vise avant tout la peinture et ses lois. La silhouette blanche en losange de la raie se déploie dans un jeu d’obliques et de diagonales par lesquelles elle s’impose dans l’espace, les effets de texture sont aussi présents. La blancheur si particulière de ce curieux poisson fait face au spectateur et l’introduit dans la dimension prégnante de ce qui devrait rester caché et qui se montre : la mort béante nous faisant face et prenant la place d’un objet qui pose sous le regard du peintre. Sentiment de fascination et d’engloutissement.