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Hieronymus Bosch

(1450-1516)
Renaissance flamande
Le jugement dernier 1482 Vienne, Musée des Beaux-Arts
Le jugement dernier (atelier) 1486 Bruges, Groeningemuseum
La mort et l'avare 1490 Washinghton, National Gallery of Art
La nef des fous 1490 Paris, musée du Louvre
Le Christ raillé 1500 Londres, National Gallery
Le char de foin 1502 Madrid , musée du Prado
Le jardin des délices 1503 Madrid , musée du Prado
La tentation de saint Antoine 1506 Lisbone
Le jugement dernier (fragment de Munich) 1508 Munich, Alte Pinakothek
Saint Christophe portant le Christ enfant 1510 Rotterdam, musée Boijmans Van Beuningen

Peintre brillant et original de l'Europe du Nord de l'apogée de Renaissance flamande dont le travail révèle une iconographie peu commune et un style complexe et original.

Son nom réel était Jerome van Aeken (aussi orthographié Aken ou Aquen). Il signe ses toiles avec le surnom de Bosh tiré de sa ville natale de Bois-le-Duc, en néerlandais Hertogenbosch. C’est dans cette petite ville qu’il a réalisé presque tous ses dessins et tableaux.

D'abord reconnu comme un "créateur de diables" très imaginatif, comme un inventeur du non-sens ou d'allégories satiriques, on a démontré depuis la compréhension en profondeur de l'esprit humain de Bosh et sa capacité à dépeindre les symboles de la vie et de la création.

Bosch était un moraliste pessimiste et sévère qui n'avait pas plus d'illusions sur la rationalité de la nature humaine que de confiance en la bonté d'un monde qu'il pensait corrompu par la présence de l'homme. Ses peintures sont des sermons, adressés souvent à lui-même et par conséquent difficiles à traduire. Incapable de comprendre le mystère des travaux de l'artiste, les critiques ont d'abord cru qu'il avait été affilié aux sectes secrètes. Bien que les thèmes de son travail soient religieux, son choix des symboles pour représenter la tentation et l'enracinement de l'homme dans des maux terrestres ont ammené beaucoup de critiques à voir en Bosch un adepte des arts occultes. La critique plus récente voit Bosch comme un artiste doué d'une compréhension profonde du caractère humain et comme un des premiers artistes à représenter des concepts abstraits dans son travail. Un certain nombre d'interprétations complètes du travail de Bosch ont été avancées ces dernières années, mais il reste encore beaucoup de détails obscurs.

Une chronologie exacte du travail de Bosch est difficile parce que sur les 35 à 40 peintures qui lui sont attribuées, seulement 7 sont signées et aucune n'est datée. Il existe peu d'information documentaire sur la première partie de la vie de l'artiste, autre le fait qu'il était le fils et le petit-fils de peintres accomplis. Son nom figure sur le registre de la Fraternité de Notre Dame de la ville de sa naissance et il est fait la mention de lui dans des rapports officiels de 1486 jusqu'à l'année de sa mort, quand il a été proclamé un Insignis pictor ("un peintre distingué ").

Ses travaux de jeunesse montrent de la maladresse dans le dessin et une composition et une facture quelque peu limitée dans sa portée. Le Remède de Folie, le Crucifiement, l'Adoration de Rois mages, les Sept Péchés Capitaux, Les noces de Cana, Ecce Homo et le Prestidigitateur sont représentatifs de cette période. La présence de certains motifs, repris dans des oeuvres plus élaborées de la période de maturité de l'artiste et une technique qui s'enhardie permettent de voir la progression de sa technique. Entre la première peinture de ce premier groupe, le Remède de Folie et le dernier, le Prestidigitateur, on peut voir une amélioration continue. L'iconographie du dernier est plus complexe et les thèmes caractéristiques qui ont reçu leur expression la plus pleine dans les grands chef-d'oeuvres de sa dernière période commencent à apparaître.

Dans ces premières peintures, Bosch avait commencé à peindre la vulnérabilité de l'humanité à la tentation de mal, le charme trompeur du péché et l'attraction obsédante de la soif de richesses, l'hérésie et l'obscénité. Dans des poses calmes et prosaïques, ses groupes des gens donnent l'exemple de la crédulité, de l'ignorance et des absurdités de la race humaine. Cependant, les images des premiers travaux sont toujours relativement conventionnelles, avec seulement une intrusion occasionnelle d'un démon ou d'un magicien étrangement paré.

Les grands triptyques, Le Chariot de Foin, La Tentation de saint Antoine et le Jardin des délices appartiennent à sa période de maturité. Ses personnages sont gracieux et ses couleurs subtiles et sûres et tous sont pris dans un grand mouvement qui marque un travail ambitieux et extrêmement complexe. Ces peintures sont marquées par une éruption de l'imaginaire, exprimée dans des scènes monstrueuses, apocalyptiques de chaos et le cauchemar qui contrastent avec les représentations idylliques de l'humanité dans l'âge de l'innocence.

Durant cette période, Bosch développe coinstament ses idées. Le mélange de l'imaginaire et de la réalité atteint un premier point culminant dans Le Chariot de Foin dont les panneaux extérieurs rappellent les scènes des Sept Péchés Capitaux. Le style cursif qu'il a mis au point pour le triptyque ressemble à celui d'une aquarelle. Dans le panneau central, une interprétation du proverbe flamand "le monde est un meule de foin dont chacun prend ce qu'il peut," Bosch montre la tromperie du démon qui guide le cortège des gens du paradis terrestre dépeint sur l'aile gauche vers les horreurs de l'enfer montrées à droite.

La Tentation de saint Antoine montre la progression de son style. Le coup de pinceau est plus précis et plus maitrisé. La composition devient plus fluide et l'espace est rythmé par les incidents des créatures qui captent l'attention du spectateur. Sa maîtrise technique permet des nuances subtiles dans le contour et les gestes. Bosch peint la lutte de l'homme contre la tentation, aussi bien que l'omniprésence du Diable, dans son saint Antoine, une des meilleures clefs pour percer l'iconographie du peintre. Le saint ermite est présenté comme le symbole héroïque de l'homme. Le thème du charlatan trompant l'homme et l'éloignat de son salut reçoit son expresssion la plus intense dans ce saint Antoine, avec la condamnation de l'hérésie et des séductions de doctrines fausses.

Le Jardin des délices montre le paradis terrestre avec la création de femme, la première tentation et la chute. Les images belles et troublantes d'un monde de sensualité et de rêves qui entourent un monde dominé par le palisir atteint une force inégalée. La caractéristique proncipale de cette oeuvre en est sa qualité onirique : la multitude des figures humains nues, des oiseaux géants et des chevaux cabriolants et espiègles dans un paysage délicieusement invraisemblable, peu réaliste se rassemblent pourtant pour produire un tout parfait, harmonieux.

Les derniers travaux de Bosch sont fondamentalement différents. L'échelle change radicalement et, au lieu des prés ou des paysages diaboliques habités par des centaines d'êtres minuscules, il peint des groupes denses et des personnages en buste, serrés les uns contre les autres. Le Couronnement avec la couronne d'épines et le Transport de la Croix sont représentatifs de ces gros plans dramatiques. Le spectateur est près de l'événement peint au point qu'il semble y participer physiquement aussi bien que psychologiquement. Les plus paisibles des oeuvres tardives Bosch dépeignent des saints dans la contemplation ou le repos. On citera parmi ces travaux St Jean l'Évangéliste dans Patmos et saint Jerome en la Prière.