Paris, musée de l'Orangerie

  • 3 octobre 2012 - 21 janvier 2013

Cette rétrospective est organisée à partir de vingt-deux tableaux de Chaïm Soutine conservés par le musée de l'Orangerie. Ceux-ci avaient été réunis par le marchand Paul Guillaume qui, découvrant en 1922 ces "portraits où la mesure et la démence luttent et s’équilibrent", fit connaître un artiste à la puissance expressionniste et à la palette ardente uniques dans le Paris de l'entre-deux-guerres.

Au-delà de la légende du peintre tourmenté, qui finit par occulter un oeuvre exacerbé, hors normes, l'influence que Soutine eut sur les artistes de la fin du XXe siècle nécessite un nouveau regard sur un peintre totalement original, difficile à appréhender, encore incompris en France.

   

Embrassant l'ensemble de la carrière du peintre dans la France de l'entre-deux-guerres, l'exposition propose un parcours thématique qui met en avant sa pratique obsessionnelle de la série. Après une introduction consacrée aux portraits de l'artiste, de ses amis de Montparnasse et mécènes, elle s'organise en trois sections reprenant les grands genres traités par la peinture tourmentée de l'artiste : le paysage, la nature morte et la figure humaine.

Soutine a peint des paysages toute sa vie, à Céret et à Cagnes dans le Midi, de 1919 à 1924, ou en Bourgogne vers 1930-1940. Chacune de ces toiles nous immerge dans le motif. Les paysages de Céret sont le paroxysme de cette violence expressive (La colline de Céret, 1921). Puis les arbres deviennent un motif à part entière, comme Le Gros Arbre bleu, 1920-1921, ou Le Grand Arbre de Vence, 1929

La nature morte émerge comme un thème dominant dans l'œuvre de Soutine immédiatement après les paysages de Céret et gagne de l'importance dans les années vingt. De simples Glaïeuls dont l'exposition présente 5 versions sur les 15 existantes, sont le prétexte à une explosion de rouge. Cette couleur est travaillée dans toutes ses nuances dans la série consacrée aux Bœufs écorchés, 1924-1925, dont il reprend le modèle à Rembrandt, tandis que les volailles mortes et autre Lièvre pendu, 1925-1926, sont inspirés de l'œuvre de Chardin.

La dernière section consacrée aux figures humaines montre une continuité frappante dans les préoccupations picturales de l'artiste. La qualité organique des couleurs employées pour dépeindre la chair des animaux morts se retrouve dans les uniformes des personnages, traités comme une extension de la peau. Le même cadrage serré, centré sur le motif, préside aux deux séries. Mais sous l'apparente rudesse de la représentation, s'expriment empathie et tendresse pour ses modèles, gens de métier ou réprouvés : Le Garçon d'étage, vers 1927, ou Déchéance, 1921-1922. La série des Pâtissiers (1922-1923) apportera à Soutine la célébrité et l'aisance financière. Celle des Enfants de chœur (1925-1930) confirme sa maîtrise absolue de la couleur : blanc, rouge, bleu foncé. L'exposition se clôt avec La Femme entrant dans l'eau, 1931, dernier hommage à Rembrandt, témoignage de la dette de Soutine envers les maîtres anciens

 

 

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