Accueil Partie beaux-arts Histoire de l'art Les peintres Les musées Les expositions Thèmes picturaux

Cette quatrième conférence, visible sur youtube du fait du confinement, résume les trois premières, termine la troisième et aborde son sujet spécifique : Marcel Duchamp et l'exposition.

 

I -Paris, le surréalisme en 1947

En 1947, les surréalistes reviennent en France et trouvent un pays transformé et meurtri par la guerre. Le paysage idéologique est dominé par le marxisme et l'existentialisme. Le surréalisme doit reconquérir sa place; c'est l'objet de l'Exposition internationale du Surréalisme qui se tient du 7 juillet au 30 septembre 1947 à la Galerie Maeght, 13 rue de Téhéran à Paris. Ce sont de nouveau André Breton et Marcel Duchamp qui l'organisent. Marcel Duchamp est resté à New York mais il a donné ses instructions à Frederick Kiesler, artiste autrichien installé à New York qui fait spécialement le voyage et avec lequel il correspond par lettre. Marcel Duchamp signe le catalogue. Il est enfermé dans une une boite, Prière de toucher, avec une couverture en forme de sein de mousse qui le rend malaisé à consulter :

Catalogue de l'exposition
Accès au premier étage

On accède à l'exposition par un escalier de 21 marches, comme les lames du tarot; chaque contremarche est marquée du nom d'un personnage important pour les surréalistes : Le facteur Cheval, les rêveries du promeneur solitaire de Rousseau, le rameau d'or de George Frazer qui a compilé les mythes du monde entier, Hypérion de Hölderlin...

Salle de pluie. Il faut se mouiller pour entrer dans l'exposition, un labyrinthe, sculpture de Kiesler Brauner, Maria Martins, tableaux de Tanguy, le loup-table de Brauner

vitrine avec des photographie autour de l'humour noir. Breton a publié une anthologie de l'humour noir citant Charles Cross, Swift, Jacques Rigaud, Alfred Jarry, Xavier Fornerait, Raymond Roussel, Alphonse Allais, Arthur Cravan...

salle de pluie
vitrine de l'humour noir

Douze autels dédiés à des personnages fictifs ou réels : Léonie Aubois d'Ashby par Breton (Rimbaud, dévotion, Illuminations)

Marcel Duchamp, Le soigneur de gravité : un guéridon de spirit qui défie la gravité avec une boule de billard qui ne tombe pas, notamment pas sur le sein posé sur une assiette. Rayon vert, photographie prise à Lausanne. Au loin, la côte française du côté d'Evian et au premier plan, le lac Léman en oblique. Une fente d'où sort une lumière teintée en vert qui vient diffuser dans la pièce. Reprend l'idée, improbable, que lorsque le soleil se lève ou se couche, la première ou dernière lumière est le vert, roman de Jules Verne.

Marcel Duchamp : Le soigneur de gravité
Marcel Duchamp : Le rayon vert

1948 : Prague

Eros, 1959-1960, dans la galerie de Daniel Cordier. Le catalogue de Duchamp est une boîte aux lettres en carton, nommée boîte alerte, réalisée par Mimi Parent, artiste canadienne, dans laquelle sont glissées des missives que l’on peut regarder ou lire, il réalise la structure de l'exposition. Au fond, The bed de Rauschenberg, sculpture de Giacometti, tableau de Pierre Molinier.

Les murs sont tapissés de velours rose donnant l'impression d'entrer dans un corps. Organicité du lieu, avec du sable sur le sol. La poupée de Bellmer en trois dimensions avec des miroirs fixés dans le sable pour la voir par en-dessous.

Le jour du vernissage une grande table est disposée pour un diner des exposants avec une femme allongée recouverte de victuailles, des langoustes, des crabes. C'est une performance de Meret Oppenheim. Pas d'intention machiste mais bien davantage l'idée d'un festin cannibale. Ce sont ensuite des mannequins qui sont disposés. Une forte odeur de patchouli se fait sentir au début de l'exposition puis les parfums s'affinent et s'allègent. Des gémissements propre à l'acte sexuel constituent l'environnement sonore

 

1960: L'intrusion des surréalistes dans le domaine des enchanteurs aux D'Arcy Galleries de New York. La carotte du buraliste est familière aux français mais est étrangère aux américains.

Dans la dernière salle, derrière une porte grillagée, Duchamp a installé un poulailler. Plus scandaleux,il expose L'oreille de Jean XXIII de Salvador Dali. Celui-ci s'est rapproché de Franco et ses frasques économiques aux USA (Avida Dollars) l'ont définitivement éloigné de Breton. C'est un casus belli de l'exposer. Les surréalistes se fâchent ainsi avec Duchamp. L'exposition est parcourue d'un tuyau d'arrosage pour rendre la visite inconfortable, sculpture de Maria Martins.

 

Décembre 1965 : l'écart absolu. A la galerie L'Œil. Murs noirs plongée dans le noir, lumière s’allume et s'éteint alternativement. Arc de triomphe avec une jambe de bois. Ambiance sonore et visuelle.

 

II - Marcel Duchamp et l'exposition.

1917 : Reconnu comme le grand artiste européen avec le succès du Nu lors de l'exposition de l'Armory show de 1913. Duchamp est le tapissier (placier) de la First Annual Exhibition of the society of independent Artists au Grand central Palace de New York. Il expose les oeuvres dans l'ordre alphabétique des peintres. Sa Fontaine (urinoir) est refusée.

1926. Exposition internationale d'art moderne au Brooklyn museum. Le grand verre, commencé en 1915-16 et définitivement inachevé en 1923 y est montré pour la première fois, en face d’une statue de Brancusi.

1933 : installation de Brancusi à New York. Il en était le vendeur du sculpteur ce qui n'empêche pas une, point d'ironie avec des dessins et photos posés par terre.

1936-1941. Après La boite verte (1934), version écrite du Gand verre avec des notes et des reproductions réalisées par Man Ray, il construit des "boîtes en valise". Duchamp devient le seul acteur de l'exposition. Il en a réalisé la miniaturisation et la portabilité. Il s'affranchit ainsi de la galerie et du musée.

A regarder (l'autre côté du verre d'un œil, de près, pendant presqu'une heure) 1918, MOMA, un loupe pour regarder de près). Prescrit sa contemplation mais on ne peut plus voir l'œuvre. Le Principe de sa négation est énoncé dans son titre.

Le grand verre est une fenêtre : on doit voir au travers et bénéficier de la lumière, chez Katherine Dreier ou en 1954 au musée de Philadelphie (derrière Etant donnés ...)

Le grand verre exposé en 1926, réparé chez Katherine Dreier et installé définitivement au musée de Philadelphie

 

III Les ready made

Le ready made est, avant tout, un rendez-vous entre un énoncé et un objet. Il a beaucoup moins valeur de scandale ou de révolution en changeant la valeur d'un objet par le simple fait d'être dans un musée. Le rendez-vous est réussi s'il n'y pas de rapport évident entre l'enoncé et l'objet.

Roue de bicyclette, inventée en 1913 dans son atelier parisien, réplique en 1916 à New York. Il la considère comme un proto ready made. Il ne l'expose pas avant 1951

1914. Le sèche-bouteilles, acheté au Bazar de l'hôtel de ville. Duchamp inscrit une formule dans le rond de base. Lors de sa réplique en 1921, il a oublié la formule de 1914. C'est un ready made sans énoncé. Exposé en 1936.

Le Woolworth building, jamais devenu un ready made.

1915 une pelle à neige, en prévision du bras cassé, from Marcel Duchamp

Pas de relation... on évite de glisser sur la neige. Moins réussi

1916 peigne : deux ou trois gouttes de hauteur n’ont rien à voir avec la sauvagerie. Pas de présence plastique et la phrase ne veut rien dire et n'a aucune relation avec l'objet. Parait en 1937 sur la couverture de l'exposition Transition

1917 Fontaine; première réplique exposée en 1950 n°2 de The Blind man édité par Duchamp où il raconte l'histoire du refus de Fontaine lors de la First Annual Exhibition of the society of independent Artists au Grand central palace de New York et publie cette photo.

1919 Underwood, bâche qui permet de recouvrir la machine à écrire, sous les dessous de Beatrice Wood, pliant de voyage exposé en 1964,

Sculpture domestique de voyage Buenos Aires bonnets de bain en caoutchouc forme arachnéenne suspendu au mur de sa chambre d'hôtel

1919 tonsure étoile allusion à la comète de Halley exposé en 1965

Ready made malheureux (exposé au mauvais temps) manuel de géométrie attaché sur le balcon de Suzanne Duchamp  pour qu'il devienne chiffon 1941

porte 11 rue l'arret porte ouverte et fermée à  la fois, photo couleur en 1963 et porte exposée en 1964 sortie de ses gongs

Vitrine avril 1945 et en 1946 en 1953

Breton Duchamp surréaliste collectif imagination en commun, chacun y apporte ses désirs, train fantôme emporté par une proposition très sombre rend difficile la perception, hétérogènes scénarisés. Ironie de Duchamp

Pasadena 1959, Londres en 1966, mais Philadelphie 1954 et boite valise.

Objets rétifs à l'exposition qui la sabote, soucieux de son œuvre mais ne pas prêter le flanc à l'usage des oeuvres.

Ressources internet :

Retour à la page d'accueil de la section Beaux-Arts