du mercredi 7 au dimanche 11 mars 2012

Festival du film asiatique de Deauville

Site officiel, Page facebook du festival, Grille de programmation (2 pages en pdf), Notre questionnaire à renseigner en fin de festival .

Pour l'équipe du Ciné-club de Caen, il faudra prendre un café très tôt avant de filer dans l'immense salle du CID assister aux projections.

Neuf films en compétition pour le Lotus d'or, six films dans la compétition Action Asia, trois films hors compétition et six films de Kiyoshi Kurosawa auquel il était rendu hommage ainsi qu'un regard sur deux autres films de Pen-Ek Ratanaruang que celui présenté hors compétition ; ce sont ainsi vingt six films en quatre jours qui étaient proposés aux festivaliers.

Palmarès

Lotus du meilleur film : Mourning de Morteza Farshbaf
Lotus du jury : Baby factory de Eduardo Roy jr
Lotus Air France (prix de la critique internationale) : Himizu de Sono Sion
avec Mention spéciale à Mourning de Morteza Farshbaf.
Lotus Action Asia : Wu Xia de Peter Chan
Prix du ciné-club de Caen : Saya zamouraï de Hitoshi Matsumoto

           
Mourning
Baby factory
Himizou
Wu Xia
Saya Zamouraï
Lotus du meilleur film
Lotus du Jury
Prix de la critique
Prix Action Asia
Prix du Ciné-Club de Caen

Le jury a récompensé deux jeunes cinéastes pour leur premier film qui s'inscrivent l'un et l'autre dans les pas du plus grand cinéaste de leur pays. Morteza Farshbaf, déjà récompensé au festival de Busan, reçoit le Lotus du meilleur film à 27 ans (il est né en 1985) pour Mourning après avoir collaboré avec Abbas Kiarostami sur plusieurs films. Eduardo Roy jr, né en 1980, reçoit le Lotus du jury pour Baby factory après avoir été le scénariste de Brillante Ma. Mendoza.

Le prix de la critique internationale (dont le jury pertinent reste mystérieux) est attribué à Himizu de Sono Sion. Celui-ci adaptait le manga éponyme de Minoru Furuya publié entre 2001 et 2002 dans Young Magazine quand le Tsunami du 11 mars 2011 a bouleversé son scénario. La terrible pulsion de mort dont son jeune héros est victime s'est ainsi retrouvée située au cœur des paysages dévastés par le tsunami, saisis par des travellings accompagnés du Requiem de Mozart. Le combat d'une jeunesse japonaise sacrifiée par les adultes irresponsables du manga devient plus universel. Le combat se doit alors d'être excessif (l'eau, la boue, les couleurs badigeonnées sur le visage, la guillotine peinte en rouge, l'assassinat au parpaing) et les deux adolescents désabusés du manga deviennent les fleurs fragiles d'un espoir poussé sur les décombres laissés par leurs aînés. Si François Villon survit encore aujourd'hui dans la mémoire de l'héroïne, peut-être parviendra-t-elle à sauver celui qu'elle aime du désastre.

Saya zamouraï auquel notre jury de 50 internautes cinéphiles a attribué le prix du ciné-club de Caen informe dès l'abord qu'il peut tout se permettre, scènes fantasmées d'assassinat par les personnages les plus baroques : la musicienne tueuse, le chiropracteur obtus ou le gamin au pistoléro ou bien encore petite fille qui, voyant son père de plus en plus avili, lui demande crânement de se suicider.

Le film ne bénéfice ainsi pas de l'adhésion immédiate de son spectateur mais comme son personnage Kanjuro Nomi, c'est l'obstination de Hitoshi Matsumoto qui impose progressivement le respect puis une émotion de plus en plus vive au fur et à mesure que le film devient à la fois plus précis dans ses gags burlesques et poétiques mais aussi plus grave dans son message sur l'art de faire rire.

Kanjuro Nomi construit autour de lui un réseau de solidarité, d'amour et d'attention qui humanise des personnages qui ne perdent pourtant rien de leurs traits burlesques. Mais ce sont les trente gags, tous plus poétiques, déjantés, magnifiques, grandioses, ou totalement nullissimes que Hitoshi Matsumoto et Kanjuro Nomi vont mettre en scène pour le fils du prince et bientôt la ville entière qui emportent l'adhésion. Certes les cinq avant derniers sont traités sur le mode du fondu enchainé avant-après (bras cassé visage brulé, couvert de farine) mais le dernier où Kanjuro Nomi doit défoncer douze portes de carton avec sa tête pour porter un gâteau au prince, en même temps qu'il dévitalise son comique, se charge progressivement de poésie désespérée. Une ultime chance sera offerte au samouraï pour une apothéose de gravité, de chanson et de poésie qui évoque le meilleur de Takeshi Kitano.

Le prix Action Asia a été décerné à Wu Xia de Peter Chan, beau et solide film d'aventures sur fond de technique de kung fu. The raid de Gareth Huw Evans, bien plus violent mais magnifiquement chorégraphié, aurait tout aussi bien pu remporter la compétition.

La grande nouveauté cette année, et qui a beaucoup fait débat, était la sélection de deux films iraniens sur les neuf de la compétition. Des films du Moyen-Orient ont-ils leur place dans le festival du film asiatique ? Tout dépend probablement de la qualité des films : pourquoi aucun film indien, pakistanais ou taïwanais cette année, un seul film de Corée du Sud alors que Death is my profession n'était pas indispensable ?


Les films en compétition :

Le jury 2012 était présidé par le réalisateur Elia Suleiman. Il était entouré d'Alex Beaupin, Isild Le Besco, Dominique Blanc, Olivier Ducastel, Jean-Pierre Limosin, Corinne Masiero, Tahar Rahim et Gilles Taurand. Neuf films étaient en compétition. La Chine, L'Iran et le Japon présentaient deux films. Etaient aussi représentés les Philippines, la Corée du Sud et la Thaïlande.

Action Asia

Le jury 2012 Action Asia est composé d'Isabelle Nanty, Christine Citti, Ariè Elmaleh, Philippe Kelly et Bruno Wolkowitch.

Panorama et Hommage

 
 

Etaient presentés hors compétition, Nos voeux secrets de Hirokazu Kore-Eda, meilleur film pour l'instant de l'année 2012 sur lequel nous reviendrons largement lors de sa sortie en salle, Headshot de Pen-Ek Ratanaruang (dont on pouvait également voir deux films plus anciens, Vagues invisibles et Ploy, respectivement de 2006 et 2007) et Pink de Jeon Soo-il, plutôt boudé par les festivaliers.

Cure (1996)
Charisma (1999)
Kaïro (2001)

Comme, on pouvait s'y attendre l'hommage à Kiyoshi Kurosawa, Cure (1996), License to Live (1997), Charisma (1999), Kaïro (2001), Rétribution (2007) et Tokyo sonata (2008) a donné toute satisfaction à notre panel d'internautes.


Les avis sur trois jours de festival
(réponses au questionnaire en ligne )

Cliquez sur les tableaux pour les agrandir :

40 % des festivaliers ont exprimé une vision très positive du festival : "Génial !"; "Excellent"; Un Festival de haute qualité ! "Lotus pour Mourning, note 5 pour ce film très gonflé" :"C'est très bien. La sélection n'est jamais vraiment parfaite (mais quel festival peut s'en vanter?) mais elle donne toujours à découvrir des œuvres plus singulières qu'il peut y paraitre." ; "Le festival est bien organisé et les employés sont accueillants. De plus, l'ambiance n'est pas "paillettes" et on trouve toujours des bonnes places pendant les films. C'est appréciable pour les spectateurs qui n'ont pas de places réservées." ; "Accueil et organisation toujours aussi excellents". ; "Très bon accueil, bien organisé : les films commencent à l'heure."; "Cadre : Superbe, la ville est très agréable les festivals organisés à Deauville sont un vrai bonheur Confort des salles : Le CID c'est juste la plus belle salle de tous les festivals auxquels je participe. En plus 1 500 places et surtout pour le festival asiatique pas besoin de se prendre la tête pour savoir si on va pouvoir rentrer. Le casino très bien aussi, seul petit regret l'absence du Morny depuis quelques éditions du Deauville Asia Accueil : Parfait Prix : Franchement 35 euros le pass c'est excellent (juste battu par Beaune 30 euros !) Sélection : L'absence du Morny réduit l'offre depuis 2 éditions. Manque un panorama et peut être aussi une section Action Asia qui s'essouffle un peu et qui pourrait être ouvert à tous les films de genre (horreur, manga, ...). Les rétros manquent un peu d'originalité et de raretés aussi. Verdict : Très bon festival "; "Bons films à l'affiche, pas trop de monde... Satisfaisant" ; "Les horaires des films sont bien adaptés, une sélection diversifiée, des salles suffisamment grandes pour que tout le monde puisse trouver une place, accueil chaleureux, mais pas assez de présentation du film et du réalisateur avant la séance".

   

22 % des festivaliers ont jugé la sélection terne. "Sélection pas transcendante : aucun coup de cœur, ni révélation valable..."; "Sélection compétition de moins en moins bonne. Vive le misérabilisme et la masturbation intellectuelle."; "J'ai trouvé ce numéro bien pale après mes trois ans d'absences... Une salle en moins, moins de films, peu de grands films ou de bonnes surprises... "; "un festival en perte de vitesse, public moins captivé, moins d'échange et aussi plus vindicatifs (j'ai vu deux disputes pour des places). Côté organisation, un manque de réalisateur, une sélection moins intéressante et moins diversifiée. "; "sélection: inégale, peut mieux faire"; "Petite sélection 2012 / Soirée de cloture tristouille "; "Ça manque grave de films populaire, film d'animations, Kainji, polars, comédies, bref tout simplement du cinéma de genre!!!" "J'ai apprécié la sélection de cette année mais moins que l'année dernière." "Bien mais cette année le choix des films a été le plus mauvais depuis la création de ce festival"; "Les films étaient peut-être un peu trop mornes et monotones à mon goût. J'ai l'habitude d'un festival du cinéma asiatique haut en couleur, plein de peps, très actifs. J'ai été déçu sur ce point-là, mais il n'en reste pas moins que j'ai passé un bon moment. ";

Une demande de convivialité toujours plus grande

Les habitués du festival regrettent que les films ne passent plus au cinéma Le Morny et qu'il n'y ait ainsi plus que deux salles de projection. Il m'a semblé toutefois préférable d'abandonner la salle du Morny club, encore présente l'an dernier mais bien trop petite et suscitant donc de trop nombreuses fois des refus d'entrées. Pour le retour de la grande salle du Morny, on ne peut, je crois, que compter sur la générosité des sponsors.

La disparité se fait tous les ans de plus en plus sentir entre la vétusté du Casino (qui a son charme à mon avis) et la magnifique salle de 1500 place du CID; entre l'accueil efficace, charmant et joyeux de personnel du CID et celui plus naturel du Casino avec parfois quelques mauvais points ("Je suis d'accord sur les règles de sécurité mais interdire un sac à dos avec une bouteille d'eau et le programme, décevant et surtout les personnes d'accueil que l'on entend parler pendant la projection, franchement désagréable" ou "Les invités au CID en zone réservée pas très concernés par le festival et quittent la salle en cours de projection et beaucoup trop de places réservés et non utilisées et donc de plus mauvaises places pour les vrais amateurs de films asiatiques. Commentaire d'un invité qui quittait la salle : "c'est même pas en version française" consternant non ?")

Très majoritairement toutefois, c'est la satisfaction qui domine ainsi : "Toujours la même ambiance si spéciale et si addictive. Beau cadre, la mer, les cinémas, la ville en elle-même... les toilettes du CID". Toutefois, se fait de plus en plus ressentir qu'il: "Manque sérieusement de zones de restauration pour les festivaliers." Manque de restauration rapide et sympathique". Sur la page facebook du festival Kebabb Frites Sauce Piquante nous avait prévenu : "Le plus grand choc du festival restera la fermeture de Mamie Crêpes". On compte sur lui pour nous dégotter quelque chose l'an prochain.

 

Compte-rendu le 18/03/2012

Autres comptes-rendus du festival : In the mood for Deauville , Filmosphère , L'express.