Son logo représente un émetteur planté au sommet du globe terrestre, ce qui la montre à l'instar de la MGM, de la Warner et de la Fox, soucieuse d'afficher l'excellence de sa technique moderne d'enregistrement et de reproduction du son, à laquelle font aussi allusion son nom de Radio-Keith-Orpheum (à rapprocher de sa partenaire la radio Corporation of America) et son slogan "the golden voice of the silver screen"
 

Réalisateurs :

Schoedsack
Mark Sandrich
Orson Welles
Jacques Tourneur
Mark Robson

Acteurs :

Fred Astaire
Ginger Roger
Katharine Hepburn

La RKO naît fin octobre 1928 de la volonté de David Sarnoff, à la tête de la RCA, qui a inventé le photophone, un procédé d'enregistrement du son destiné au cinéma. Il crée un studio de cinéma pour rentabiliser son brevet. Seront produits des films qui parleront et chanteront grâce au procédé photophone.

David Sarnoff
Joseph Kennedy

David Sarnoff s'associe avec Joseph Kennedy, le père du futur président qui, à la tête de FBO, possède un studio modeste mais très bien placé au cœur d'Hollywood et qui possède d'un réseau de distribution capable de vendre des films aux Etats-Unis et à l'étranger. Son réseau de salles est toutefois insuffisant et Sarnoff rachète le réseau de salles Keith'Orpheum, 700 grandes salles de music-hall dispersées dans les grandes villes d'Amérique.

Deux des 700 salles du réseau Keith Orpheum

L'organisation du studio est classique : A l'est, à New York, la direction financière, les actionnaires et son conseil d'administration avec Sarnoff et la RCA à sa tête. A l'ouest, les studios baptisés du nom de ses fondateurs : R pour RCA, et KO pour Keith Orpheum.

Comme premier directeur Sarnoff choisit William Lebaron qui possède du métier mais peu d'imagination. Son but est de produire des films avec assez peu d'exigences artistiques, parlant ou chantant, pour alimenter le réseau de salles. Mais, fin 1931, rien de probant n'est sorti du studio. Sarnoff remplace William Lebaron par David Selznick.

William Le Baron
David Selznick

Celui-ci ne restera pas longtemps en poste mais donnera l'impulsion décisive. C'est d'abord Hells'highway en septembre 1932, charge contre les conditions dans les bagnes dans le sud des Etats-Unis, contemporain de Je suis un évadé produit par la Warner. Selznick engage Pendro Berman et Van Nest Polglase, le directeur artistique qui, de 32 à 42 va superviser la cohérence artistique. Il coordonne les choix des costumiers, décorateurs, chefs opérateurs, et responsables des effets spéciaux.

Pandro Berman
Van Nest Polglase

Cooper et Schoedsack réalisent immédiatement Les chasses du comte Zaroff (septembre 1932) et King Kong d'après Edgar Wallace. Dans Les chasses Fay Wray est brune et poursuivie par un homme au cœur de monstre. Pour Kong, elle est blonde et poursuivie par un monstre au cœur d'homme. King Kong est le premier triomphe commercial du studio. On notera que, dans l'avion qui tire sur Kong, Schoedsack joue le pilote et Cooper le mitrailleur.

Selznick veut trouver la star du studio. Greta Garbo à la MGM, Marlène Dietrich à la Paramount sont à l'apogée de leur légende et les porte-étendards de leur studio. Selznick finit par dénicher Katharine Hepburn repérée sur les planches de Broadway second rôle dans Héritage (George Cukor, 1932) avec John Barrymore, puis premier rôle en septembre 32 dans Morning glory (Lowell Sherman, 1932). Elle triomphe ensuite en interprétant Jo dans Les quatre filles du docteur March (Cukor, 1933). Elle devient la vedette des films de prestige de la RKO. En 1935, elle est nominée pour Alice Adams de George Stevens. Ce sera son dernier grand succès pour la RKO. Le désastre de Sylvia Scarlett fait perdre plus d'un million de dollars à la firme.

Cooper occupe désormais le poste de Selznick. Il fait débuter le couple Astaire/ Rogers dans Carioca (Thornton Freeland, 1933). Autour du couple Fred Astaire et Ginger Rogers, du chorégraphe Hermes Pan, Pandro S. Berman produit huit autres films qui assureront l'assise populaire et financière de la RKO durant les années 30 : La joyeuse divorcée (Mark Sandrich, 1934), Roberta (William A. Seiter, 1935), Le danseur du dessus (Mark Sandrich, 1935), En suivant la flotte (Mark Sandrich, 1934) et Sur les ailes de la danse (George Stevens, 1936), L'entreprenant Mr Petrov (Mark Sandrich, 1937), Amanda (Mark Sandrich, 1938) et enfin La Grande Farandole (H. C. Potter, 1939). On est moins dans les coulisses du spectacle que dans la comédie sophistiquée.

La recette, toujours la même est efficace : des comédies reposant toujours sur des quiproquos, intégrer la danse dans l'action, un ou deux numéros en solo pour Astaire avec des accessoires de plus en plus subtils et la crème des compositeurs Cole Porter, Irving Berlin, Jerome Kern, George Gershwin.

La RCA se retire et cède à Floy Domlong, le dirigeant d'Atlas corporation, une holding puissante mais n'ayant rien de commun avec le cinéma. La Chase Manhattan avec Nelson Rockfeller appuie Pandro S. Berman comme chef de studio. C'est Berman qui engage Ford pour tourner Le mouchard qui remporte deux oscars en 1935. Il reconduit avec Ford sur Marie Stuart, film de prestige avec sa star Katharine Hepburn. Celle-ci connaît là un nouvel échec après celui de Sylvia Scarlett et partage le premier rôle avec Ginger Rogers dans Pension d'artistes (1937) de Gregory La cava puis La fille de la cinquième avenue. Ginger Rogers obtient l'oscar pour Kitty Foyle (Sam Wood, 1940). Hepburn, surnommée le poison du box office, ne peut tenir un film à elle seule. Berman lui associe Cary Grant pour L'impossible monsieur bébé, classique aujourd'hui mais de nouveau cuisant échec commercial. Gunga Din (George Stevens, 1939) avec Cary Grant et Quasimodo avec Maureen O'Hara sont de gros succès.

George Schaefer
Charles Koerner

Nelson Rockefeller pousse Floyd Odlum à remplacer Pendro Berman par George Schaefer (1888–1981) pour pérenniser les productions de prestige en octobre 1938. George Schaefer fait imprimer, sur tous les courriers de la firme sa devise : "Des films de qualité à gros budget".... ce seront les échecs de Abe Lincoln in Illinois (John Cromwell, 1940) et Dance girl, dance (Dorothy Azner, 1940) et le succès d'un petit film noir L'inconnu du troisième étage (Boris Ingster, 1940).

Schaefer produit les deux premiers films de Welles auquel il accorde des droits exorbitants pour l'époque : produire deux films dont il sera libre de choisir le sujet et les interprètes et, encore plus exceptionnel, le droit au "final's cut". Le tournage de Citizen Kane commence fin juin 1940. Welles fait jouer sa troupe, des interprètes inconnus ; Hearst boycotte la couverture médiatique du film. Citizen Kane n'est pas un succès mais seulement un petit échec financier. Nominé neuf fois, il ne remporte qu'un oscar pour le scénario de Hermann Mankiewicz. La splendeur des Amberson bénéficie d'un budget deux fois plus important pour l'escalier central d'une maison au toit et murs amovibles. Mais la guerre éclate et le propos du film, la nostalgie mélancolique d'un monde que la modernité (pétrole, automobile) a fait disparaître, devient anachronique. Welles part en Amérique du Sud, au Brésil pour une commande anti-fasciste. Il laisse à Robert Wise le soin de monter son film selon des instructions précises. Mais la preview avec Mexican spitfire est désastreuse. It's all true (qui ne verra jamais le jour) engloutit des sommes considérables dans le filmage en couleur du carnaval de Rio. Il lui est retiré le final's cut, le film amputé de 50 minutes avec une fin modifiée. George Schaefer est renvoyé.

En juin 1942, Floyd Odlum choisit Charles Koerner qui n'avait que mépris pour les prétentions de George Schaefer. Toute la troupe du Mercury est jetée dehors. Charles Koerner fait supprimer la devise de son prédécesseur et lui substitue la sienne : "Du divertissement, pas des génies". Il s'investit dans l'effort de guerre, les films à petits budgets et la série B.

Val Lewton
Dore Schary

Pour l'effort de guerre sont produits Vivre libre (Jean Renoir, 1943), Jours de gloire (Jacques Tourneur), Les enfants d'Hitler (Edward Dmytryk) qui est un gros succès (il coûte 300 000 dollars et en rapporte 3 millions). Tender comrade où des femmes mettent en commun leurs ressources sera ensuite accusé de propagande anticommuniste. Plus divertissant, Amour et swing, premier film d'un contrat de sept ans avec le jeune Frank Sinatra qui ne restera pas à la RKO.

En 1942, Val Lewton, ancien assistant de David O'Zelznick, est choisi par le studio comme directeur d'une unité de production indépendante avec pour objectif de relancer le filon des films d'horreur. Le genre est depuis trop longtemps abandonné sans véritable concurrence au studio Universal qui n'en finit pas de décliner les grands succès que furent Frankenstein, la momie et Dracula dans des films de série B produits à la chaîne. Lewton est un homme cultivé qui a de l'ambition, même s'il sait que ses productions devront être réalisées avec des budgets et des plannings de série B. Ils s'entourent des monteurs Mark Robson et Roberts Wise bientôt promus réalisateurs, du scénariste DeWitt Bodeen, et des chefs opérateurs tels que Nicholas Musuraca. Il donne à Jacques Tourneur la possibilité de tourner ses premiers grands films : La féline (1942), Vaudou (1943) et, L'homme léopard (1943). Robert Wise tourne La malédiction des hommes chats (1944), suite enchantée de La féline, Mademoiselle Fifi (1944) adapté de Maupassant et Le récupérateur de cadavres (1945) adapté de Stevenson. Mark Robson dirige ainsi cinq de ses productions à petit budget, truffés de références littéraires et picturales et imprégnés de psychanalyse : La septième victime (1943), film noir où deux jeunes femmes sont confrontées à une secte satanique, Le vaisseau fantôme (1943) où un marin est victime d'un commandant devenu fou, Youth runs wild (1944) film aux ambitions sociales sur la délinquence juvénile en temps de guerre, L'île des morts (1945), seul vrai film fantastique de cet ensemble et Bedlam (1946) avec Boris Karloff, drame social inspiré du peintre Hogarth sur le premier asile d'aliénés d'Angleterre. Ce sera le dernier film de l'unité horreur de Val Lewton que la RKO va alors dissoudre pour confier au producteur des films à plus gros budget mais moins importants dans l'histoire du cinéma.

Après la guerre, c'est la grande époque du film noir : Adieu ma jolie (Dmytryk, 1944), véritable premier film noir de la RKO, Né pour tuer (Robert Wise, 1947), Desparate (Anthony Mann, 1947), Une incroyable histoire (Ted Tetslaf), L'enigme du Chicago express (Richard Fleischer, 1952), La griffe du passé (Jacques Tourneur, 1947), Robert Mitchum devient la star de la RKO qu'il confirma avec ça commence à Vera Cruz (Don Siegel, 1947), film noir décontracté avec vrai faux méchants sur un ton de bande-dessinée.

La RKO réalise aussi des coproduction avec Argosy, société de production crée par Ford et Cooper pour Le massacre de fort apache (1948), testament en noir et blanc de Ford qui passe en couleur pour La charge héroïque, oscar de la photographie en 1950.

Charles Koerner meurt en février 46. Dore Schary n'arrive qu'en février 47. Il produit Le garçon aux cheveux vert de Losey et Les amants de la nuit de Nicholas Ray. Floyd Odlum vend la RKO à Hughes millionnaire qui aime les femmes et anticommuniste acharné. Dore Schary refuse de licencier Edward Dmytrick et Adrian Scott son producteur qui sont dans les dix d'Hollywood. C'est Howard Hughes qui le fait. Il licencie Dore Schary et 150 employés. Il a suspendu toutes les productions en cours du premier semestre 1949 pour "épurer" le personnel de la RKO. Il produit I married a communist (1949, John Cromwell). Howard Hughes résiste à la censure lorsqu'il attaque la corruption de la police dans The racket (John Cromwell, 1951) ou les relations adultères dans La femme aux maléfices. De Nicholas ray, il produit aussi Les diables de Guadalcanal et La maison dans l'ombre (1952). Howard Hughes repeint les studio, met des semaines à se decider, refait des prises... en gros, détruit le studio.

Howard Hughes revend le studio RKO en juillet 1955 pour 25 millions de dollars à une filiale de General Tire and Rubber Company : General Teleradio Inc., propriétaire de six chaines de télévision et d'un réseau de radio. Le président de Teleradio ne cache pas qu'il s'intéresse avant tout à vendre le catalogue de films à la télévision - ce à quoi les grands studios se sont refusés jusque là. Pourtant RKO téléradio Pictures manifeste une ambition réelle et les activités de productions semblent reprendre. En novembre 1955, un producteur aguerri, William Dozier est engagé comme vice-président, responsable de la production. Il lance un programme ambitieux de films. Il se contente pourtant de remakes d'anciens succès et après ce feu de paille, les activités du studio s'arrêtent définitivement à la fin 1956

Entre-temps la RKO avait imaginé d'exploiter des films tournés en "standard" dans un format d'écran large baptisé SuperScope puis RKO-Scope : une image anamorphique de 2x1, un peu moins large que le Scope Traditionnel 2,35x1 mais davantage que le 1,85x1. Elle distribue ainsi en 1956 les deux derniers films américains de Fritz Lang, La cinquième victime et L'invraisemblable vérité produits par le producteur indépendant Bertram Eli Frielob et Deux rouquines dans la bagarre d'Alan Dwan produit par Benedict Bogeaus.

Bibliographie :

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