Ce livre cosigné par Patrick Brion et Georges Di Lallo est le second de la collection cinéma des éditions Riveneuve consacré à un acteur après celui sur Elizabeth Taylor, paru en juin 2010. Le livre, toujours richement illustré de photos couleurs comporte dicographie, biographie, filmographie, analyses, les titres des chansons de Dean Martin dans ses films, ses 50 titres incontournables et un indispensable index.

Georges Di Lallo signe la partie biographie et discographie et Patrick Brion la filmographie complète de l'acteur.

Pour, Georges Di Lallo, Dean Martin fut, plus encore que Sinatra, un cas unique dans l'industrie du show-biz. Star de la chanson avec des millions de disque vendus à travers le monde, star des night-clubs (il fut pendant 44 ans la vedette des plus grands casinos de Las Vegas), star du cinéma avec d'incontournables chefs-d'œuvre comme Rio Bravo, Comme un torrent ou Embrasse-moi idiot. Star de la télévision où il aura été, entre 1965 et 1974, l'animateur de son propre show télévisé sur NBC chaque jeudi soir avec "Dean Martin Show". Ni Sinatra par exemple et personne d'autre d'ailleurs dans le monde du spectacle ne peuvent se targuer de posséder à la fois ces quatre dimensions. Star internationale s'il en est, Dean est aussi bien connu en France ou en Italie (n'est-il pas d'ailleurs un émigré de la seconde génération ?) ainsi que dans la plupart des pays de la vieille Europe, mais aussi au Japon ou dans d'autres pays du sud-est asiatique.

Dean est finalement resté à la mode : le nombre de publicités où sa voix sert encore de bande son, le nombre de livres qui sortent consacrés au Rat Pack ou sur les crooners, la référence qu'il demeure avec Sinatra pour le monde du spectacle même en France, font que Dean Martin est encore partie intégrante d'un subconscient collectif que le cinéma et la chanson ont su laisser perdurer.

Patrick Brion rappelle que c'est grâce à leur succès au music-hall que Dean Martin et Jerry Lewis sont engagés à la Paramount par Hall B. Wallis. Leur numéro reposait sur l'idée bien connue du comique empêchant un chanteur de chanter en saccageant son numéro par des interventions intempestives. Au départ, Wallis semble intéressé par le couple puis, très souvent, il paraît privilégier Jerry Lewis et ses pitreries au détriment du crooner Dean Martin.

Dans My friend Irma (George Marshall, 1949) le premier film du couple, Jerry Lewis fait ses mimiques habituelles face à un Dean Martin très à l'aise. Le couple fonctionne parfaitement et chacun des deux interprètes est fidèlement servi par l'autre. Ce ne se sera pas toujours le cas par la suite. Hal B. Wallis demandant à ses scénaristes de de donner plus d'importance à Jerry Lewis qu'à Dean Martin, et ce dernier se trouvait alors souvent réduit à un simple rôle de faire valoir qu'il effectue le plus sérieusement du monde.

Après le médiocre Jumping Jacks (1952), the stoooge (Norman Taurog, 1952) frappe par son amertume et par sa description dramatique d'un couple de vedettes du music-hall. Au fur et à mesure que la carrière de Dean Martin et Jerry Lewis se poursuit, leurs relations deviennent de plus en plus tendues. Jerry Lewis continue volontiers de perturber les chansons de son partenaire et même, de plus en plus souvent, à être lui-même l'interprète des chansons. Un vrai cinglé de cinéma (Frank Tashlin, 1956) achèvera la carrière commune après 16 films. Dean Martin refuse alors de jouer dans The Delicate Deliquent (Don McGuire, 1957)que lui propose Jerry Lewis.

Dean Martin commence alors avec difficulté la seconde partie de sa carrière cinématographique. Les producteurs, semblent incapables d'apprécier ses qualités d'acteurs et se contentent de voir en lui le faire valoir de Jerry Lewis. Dans un premier temps celui-ci interprète pourtant les plus mauvais rôles de sa carrière : de The Delicate Deliquent (Don McGuire, 1957) à Visit to a small planet (Norman Taurog, 1960). Par la suite, devenu son propre metteur en scène, il réalisera des films beaucoup plus intéressants de The Bellboy (1960), à Docteur Jerry et mister Love (1962) avant que sa carrière ne périclite.

Comme un torrent
Rio Bravo
Un numéro du tonnerre
Embrasse-moi idiot

Dean Martin est lui victime du déclin des acteurs crooners alors qu'apparait Elvis Presley. Il fait alors des choix extrêmement intelligents. Il va en quatre ans être dirigé par Howard Hawks (Rio Bravo, 1959), Vincente Minnelli (Comme un torrent, 1958 et Un numéro du tonnerre, 1960) George Sidney, Edward Dmytryk (Le bal des maudits,1958) Richard Thorpe (Dix mille chambres à coucher, 1957) et Joseph Anthony. Entre 1961 et 1966, il interprète treize films dont Embrasse moi idiot dans lequel il est le premier à se parodier alors que Jerry Lewis ne jouera que dans huit films.

Entre 1966 et 1970, Dean Martin joue dans dix films pendant que Jerry Lewis en tourne sept. Au fils des ans, Dean Martin a fini par devenir un acteur de western, de Rio Bravo à Bandolero.Il en tournera dix.

Les dernières années de sa carrière souffrent du peu d'intérêt manifesté par le comédien, plus enclin à rejoindre les terrains de golf que les studios et de l'arrivée d'une nouvelle génération de cinéastes peu tentés de diriger l'ex partenaire de Jerry Lewis.

Le vétéran Henry Hathaway fera deux fois appel à Dean Martin. Mais, le rapellle Patrick Brion, les plus doués des nouveaux cinéastes, de Clint Eastwood à Michael Cimino, de Francis Ford Coppola à Martin Scorsese -qui en revanche dirigera Jerry Lewis dans La valse des pantins-, oublieront Dean Martin.

 

 

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Dean Martin
Editeur : Riveneuve, Collection : Cinéma. mai 2011. 279 pages au format 17 x 22.5 cm . 26 €
Patrick Brion