Editeur : Carlotta-Films. Septembre 2014. Nouveau master restauré. Les 2DVD : 20,06 €.

Suppléments :

  • DVD 1 Entretien avec Jim Jarmush (18 mn). Entretien avec Bernard Eisenschitz (19 mn). Rushes de Marco (1977 - Couleurs - 28 mn) Filmé par Nicholas Ray et ses étudiants, Marco fait partie d'une série d'exercices sur l'étude du personnage de criminel. A propos de Marco (9 mn) Claudio Mazzatenta, interprète principal, et Gerry Bamma, acteur-réalisateur et enseignant associé de Nicholas Ray au Lee Strasberg Theatre and Film Institute, reviennent sur leurs expériences de travail avec le cinéaste. Entretiens filmés par Susan Ray en 2011. The Janitor (1974 - Couleurs - 12 mn) Réalisé par Nicholas Ray, The Janitor est un épisode de Welt Dream, long-métrage produit par Max Fischer.
  • DVD 2 - "Don't expect too much" Un documentaire réalisé par Susan Ray (2011 - Couleurs - 70 mn) Susan Ray évoque les dernières années de son mari Nicholas Ray, entre sa carrière de professeur où il fait figure de mentor pour ses étudiants, et une vie personnelle pleine d'excès. À travers des archives inédites du tournage de We Can't Go Home Again et des témoignages exclusifs, une plongée dans l'esprit tourmenté et hors du commun d'un immense cinéaste !

Entre l'automne 1971 et le début de l'année 1973, le cinéaste américain sexagénaire Nicholas Ray enseigne le cinéma au Harpur College, dans l'État de New York. Il propose à ses étudiants de tourner un film sans scénario, basé sur leurs expériences personnelles, en ayant recours à diverses expérimentations formelles...

Le cinéaste observe le quotidien de ses étudiants et tente de dresser le portrait de la nouvelle génération des années 1970, en proie au doute et au questionnement après l'euphorie des sixties. Influencé aussi bien par la peinture expressionniste que par les nouvelles formes d'expression télévisuelles, Nicholas Ray façonne son film tel un rêve, où le spectateur est embarqué dans les pensées de chaque protagoniste

Jean-Luc Lacuve le 23/08/2014

 

Entretien avec Jim Jarmush (Susan Ray, 2011, 18mn)

Laszlo Benedek assistant de Ray comme professeur 3e année. Jeu brut des acteurs, empathie avec ses personnages. Il le décourage d'aller à Hollywood et n'a jamais tourné en studio penser le film comme un collier de perles, chaque scène est une perle quand on travaille une ne pas penser à la suivante, ça tu l'as déjà fait en réfléchissant à ton scénario qui va changer a mesure que tu filmes. Si c'est pour suivre le scénario autant ne pas s'embêter.

Penser à la séquence que l'on tourne comme si elle était ton film à elle toute seule et oublies les autres. Demande à tes acteurs de ne pas y penser. Et su tu tournes dans le désordre, ce qui est presque toujours le cas, vois-y un bienfait. C'est ce qui permet aux acteurs de ne pas se dire: dans l'autre scéens j'ai fait ci et j'ai pensé ça, donc ici il faut que je transmette ça et vu la scène suivante faut aussi que je pense à ça. Il disait non ils ne doivent pas penser, tu dois les y aider. Ils sont dans l'instant présent tout comme toi tu es tout à cette scène et si tu crées assez de jolies perles, tu obtiendras un collier solide" Et ensuite au montage telle perle te semblera ne pas coller à la suivante, elle bougera ou disparaitra parce que tout change toujours

Quand tu tourne séquence avec trois acteurs, elle a un sens différent pour chacun d'eux. Ils ne la voient pas de la même manière. Ne les réunis pas tous les trois pour en parler. Parles-en à chacun séparément. Il ne faut pas que les trois entendent la même chose. Tu veux que la scène soit crédible ? Ils doivent réagir, ne pas se contenter de jouer ton scénario. Ils doivent chacun réagir a cette perle particulière à cette scène que tu es en train de tourner.

Entretien avec Bernard Eisenschitz (Susan Ray, 2011, 19mn)

Plusieurs histoires autour de Nick comme professeur pour un film, non pas monumental, mais musical ; des relations simples entre les personnages dont l'histoire personnelle se mêle à la grande histoire de l'époque. Le meurtre de Fred Hampton et Tom se rasant la barbe sont les deux signes de ce reflux politique dans chacune des deux sphères.

Le choix de l'écran multiple s'impose dès le départ car il est impossible de traduire l'époque par une simple histoire mais choisir une forme adaptée à l'enseignement et au travail collectifs.

Ray a toujours été Insatisfait du cadre 1,33 ou 1,85 depuis, au moins le générique du Violent. Frank Lloyd Wright, dont il fut brièvement l'élève détestait l'idée de la maison en tant que boite dont il trouvait le concept fasciste. Ray salue le Cinémascope qu'il utilise avec brio dans La fureur de vivre. Le Cinémascope devient vite un obstacle lorsque les producteurs, obnubilés par la diffusion à la télévision, imposent de ne pas utiliser en entier l'écran et de resserrer l'action au centre. Pour Le roi des rois, Franz Planer utilisait deux objectifs pour plus de profondeur de champ.

Rushes de Marco (Nicholas Ray, 1977, 28 mn)

Des jeunes gens défilent dans un couloir. Ils sont accusés de flânerie à Washinghton square. Survient Dario Proska, un homme hystérique qui affirme à deux inspecteurs avoir jeté son jeune fils souffrant dans la rivière.

Il ne reste de ce court-métrage que 28 minutes de rushes pour deux séquences, celle du couloir et celle de l'interrogatoire.

A propos de Marco (Susan Ray, 2011, 9mn)

Claudio Mazzatenta, interprète principal, explique le scénario : la femme de Dario avait donné naissance à un bébé difforme. Le père perd la tête et jette cet enfant dans une rivière.

Gerry Bamma, acteur-réalisateur et enseignant associé de Nicholas Ray au Lee Strasberg Theatre and Film Institute, reviennent sur leurs expériences de travail avec le cinéaste.

The Janitor (Nicholas Ray, 1974, 12 mn)

The Janitor (1974,12') est un épisode de Wet Dream, long-métrage produit par Max Fischer.

 

Don't expect too much (Susan Ray,1h10)

Souvenir de Abby Hoffman disant merde à l'art : "L'art c'est ce que vous faites, la politique c'est la vie." Nicholas Ray quitte Hollywood pour l'Europe dans les années 60 pour combiner l'aventure du cinéma avec l'aventure de la vie. A la fin de 1969, il revient aux Etats-Unis, invité à faire un film sur la justice américaine. Il rencontre sa femme au procès des Sept de Chicago mais, avant la fin du tournage, le financement disparut.

"Mesdames et messieurs le cinéma est un mode de vie. Je ne peux pas vous apprendre le cinéma, il faut en faire l'expérience. Je vais essayer de vous apporter cette expérience". Tous les étudiants sont fascinés par son aura, son prestige et certains espèrent qu'il les amènera avec lui à Hollywood si jamais il y revient.

Nous nous cherchons nous-mêmes, nous cherchons notre identité. Un période de reflux de la recherche de soi. Tom Farrell avec la barbe. Filme avec sa Bolex à manivelle.

Film tourné en 16mm, 35 mm, super8. Il place le processus avant le produit, le contenu dicte la forme. La caméra est au service des acteurs : "Je ne m'intéresse pas aux effets de caméra, aux angles virtuoses. Ils m'ennuient autant que les films de vacances. La caméra doit servir l'intention de la scène, les besoins des acteurs et du réalisateur". Il aime le mot de Charles Laughton : "La mélodie est dans les yeux, les mots ne sont que la main gauche des acteurs."

Il apprend que Nam June Paik colorie les images par traitement électronique et pense qu'il s'agit là d'une ressource aussi utile que le gros plan de cinéma. Il visite L'experimental television center. Toujours à court d'argent, il obtient du laboratoire CFI de Hollywood la possibilité de monter son film sur écrans multiples par une rétroprojection de toutes les bandes filmées sur un écran qui est filmé à son tour. Montré à la cinémathèque française puis au festival de Cannes en 1973, où il suscite des réactions perplexes. Sterling Hayden demande ainsi à Susan si Nick a tourné sous acide. Ray reste un peu Europe avant de s'associer à F. F. Coppola et à son studio Zoetrope. Il obtient une salle de montage mais ne parvient pas à finir son film. En 1976, il se fait hospitaliser pour désintoxication puis, remis d'aplomb, trouve des postes d'enseignement. Bientôt cependant le cancer est diagnostiqué. Il meurt en 1979.

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We can't go home again de Nicholas Ray