Editeur : Carlotta-Films, juin 2008. Nouveaux masters restaurés, version originale, sous-titres français. Format 2.35. DVD 1 : Une ville d'amour et d'espoir. DVD 2 : Contes cruels de la jeunesse. DVD 3 : L'enterrement du soleil. 50 euros.

Suppléments:

  • Les Soleils de demain (1959 - Couleurs - 6 mn) « Film de salutation » projeté en avant programme dans les salles de cinéma au Japon, Les Soleils de demain est le premier sujet réalisé par Nagisa Oshima pour la Shochiku et passe en revue une dizaine de jeunes acteurs, tous futures stars du studio. (DVD1)
  • 100 ans de cinéma japonais (1994 - Couleurs et N&B - 52 mn) un documentaire de Nagisa Oshima(DVD1)
  • Le Japon sous tension (25 mn) de Donald Richie. (DVD2)
  • Extraits des carnets de notes d’Oshima (11 mn). Tiré de quatre carnets rédigés par Oshima entre 1959 et 1960. (DVD2)
  • La Révolte Nagisa Oshima (25 mn) Avec La Trilogie de la jeunesse et Nuit et brouillard au Japon, Oshima fait un portrait de la jeunesse japonaise des années 60. Yoichi Umemoto, critique de cinéma et professeur à l’université de Yokohama, revient sur l’impact anticonformiste de ces quatre films. (DVD3)
  • Regards sur le cinéma de Nagisa Oshima (68 Pages) un livret inédit de recueil d’articles autour du cinéaste, par huit spécialistes du cinéma japonais dont Diane Arnaud, Nicolas Thévenin, Hubert Niogret ou encore Max Tessier.

 

Dans Une ville d'amour et d'espoir, Masao, depuis le décès de son père vit avec sa mère, cireuse de chaussures, et sa petite sœur handicapée. Il aide sa famille à survivre en vendant plusieurs fois les pigeons qu’il élève lui-même. Kyoko, l’une de ses clientes issue d’un milieu aisé, se prend d’amitié pour lui…

Dans Contes cruels de la jeunesse, Makoto use de son charme pour se faire raccompagner chez elle par des quadragénaires lors de sorties nocturnes. Lorsqu’un soir, l’un d’entre eux tente de la ramener de force à son hôtel, l’arrivée de Kiyoshi, un étudiant délinquant, lui permet d’échapper au pire…

Dans L'enterrement du soleil, nous sommes aux portes d’Osaka, dans l’immense bidonville de Kamagasaki, règne depuis la fin de la guerre une misère incommensurable. Tatsu et Takeshi se font enrôler dans le gang de Shin, un parrain local, tandis qu’Hanako s’occupe des plus pauvres, en échange de leur sang…

 

 

Dans ce que l'on a appelé la Trilogie de la jeunesse, le sujet est bien la jeunesse. Oshima veut s'adresser à elle non pas pour des raisons financières comme la Shochiku mais pour des raisons idéologiques. Le fait que la jeunesse se révolte est très important pour lui.

Premier long-métrage réalisé par Nagisa Oshima, Une ville d'amour et d'espoir étonne par sa noirceur et son pessimisme. S’écartant des productions conventionnelles des studios Shochiku, le cinéaste explore avec une humanité évidente la misère du Japon d’après-guerre et entre de plain-pied, un an avant son confrère Kijû Yoshida (Bon à rien), dans l’ère de la Nouvelle Vague japonaise.

Sujet à de nombreuses controverses lors de sa sortie en salles, Contes cruels de la jeunesse permet à Nagisa Oshima d’aborder de front l’un des thèmes fondateurs de sa filmographie durant les années 60 : la jeunesse japonaise d’après-guerre, sur fond d’érotisme et de violence. Fulgurant et radical par ses choix de mise en scène, Contes cruels de la jeunesse s’impose comme le film clé du jeune cinéaste grâce à une utilisation magistrale du format large et de la couleur.

Troisième film de Nagisa Oshima réalisé au sein des studios Shochiku, L'enterrement du soleil pousse un peu plus loin encore la vision du cinéaste sur les bas-fonds des grandes villes et la misère qui en découle. Remettant constamment en cause les valeurs de la société japonaise, cette œuvre ébranle de bout en bout par ses choix esthétiques et par l'implacable violence qui en découle.

Le Japon sous tension (25 mn) de Donald Richie

Donald Richie, historien du cinéma japonais, revient sur les premières œuvres d'Oshima, nerveuses, engagées, explosives et ouvrant de nouvelles perspectives formelles au sein des studios Shochiku.

Comme avec la Nouvelle vague française, pour faire revenir les spectateurs dans les salles, les producteurs vieillissants décident de laisser les jeunes parler aux jeunes. Se forme ainsi au sein de la Shochiku ce que l'on nommera la nouvelle vague japonaise, la "Nubelu bagu". Mais Shinoda, Oshima et Yoshida qui la constituent sont des individualités qui ne formeront jamais un groupe homogène..

Le garçon qui vendait des colombes est le vrai titre du premier film d'Oshima. Il n'y a ni amour ni espoir dans ce film. C'est la Shochiku qui change le titre d'un film qui ne lui plait pas, qui heurte son sens de la famille. Elle acceptera aussi pourtant L'enterrement du soleil, premier film du studio avec de la violence aussi crue.

Pourtant, dès que le film suivant prend une tournure didactique et politique et que les jeunes s'en détournent, la Shochiku, qui n'a déjà pas réalisé de gros bénéfices avec les premiers films, se retire du jeu. Elle retire les copies de Nuit et brouillard au Japon des salles en moins d'une semaine. Dans les petites villes où il a été vu, les protestations morales et politiques avaient fusées.

Dans ce dernier film, Oshima ne se montre ni réactionnaire, ni communiste, ni révolutionnaire; plutôt anarchiste. Oshima a été formé à l'université de Kyoto réputée très à gauche

Dans ce que l'on a appelé la Trilogie de la jeunesse, le sujet est bien la jeunesse. Oshima veut s'adresser à elle non pas pour des raisons financières comme la Shochiku mais pour des raisons idéologiques. Le fait que la jeunesse se révolte est très important pour lui.

Dans Nuit et brouillard au Japon, on quitte la jeunesse pour des adultes responsables politiquement. C'est moins intense et dramatique et plus réfléchi. C'est la pensée en action. Tous les groupuscules y sont étrillés mais le parti communiste aussi. Le film est plus didactique, il montre les pièges dans lesquels les jeunes doivent éviter de tomber.

Oshima est influencé par les films noirs et notamment leurs gros plans. C'est une rupture avec l'utilisation de l'objectif 15 mm, celui de la vision standard, utilisé depuis Ozu. Proche de Nicholas Ray, Oshima n'a quasiment rien appris de la tradition japonaise. Il prend de Masumura, Godard et Resnais le montage serré, les panoramiques rapides, les avancées brusques et par saute de l'histoire, les sons bruyants et stridents

Dans une troisième période, il fonde sa maison de production et privilégie les fondus d'images, les surimpressions. Le ton se fait de plus en plus serein. De plus en plus éloigné de ces personnages, Oshima les fait parfois apparaître minuscules comme dans Tabou.

Extraits des carnets de notes d’Oshima (11 mn)

Voir tirer sur un pigeon ne leur suffit pas alors c'est bon, le prochain coup, je leur balancerai une bombe.
Décrire la façon où se trouve la jeunesse dans le Japon contemporain
Quoi que je décrive le plus important est le point de vue de l'auteur.

Faire émerger le sens d'une situation. Jeter notre colère dans cette situation, dessiner l'énergie et les moyens d'un changement.

Prendre le sexe comme objet, c'est observer tous les personnages du point de vue du sexe

sexe-force : la mettre progressivement à nu
sexe : diversité de son image, caractère de fortune personnelle
sexe : modification de son image. Serait bien s 'il y en avait une.

Jeunesse contemporaine : active, impulsive, lambda, curiosité pour le sexe, s'enthousiasme facilement, comblée par un garçon.

Ce qui est stigmatisé par le monde qui est le sien, cela ne lui fait absolument pas peur. Rébellion fondée sur une anarchie sexuelle populaire effondrement de la morale établie, nature marchande du sexe

 

 

Carlotta-Films
 
présente
 
La trilogie de la jeunesse de Nagisa Oshima