Carlotta-Films
présente, également disponible dans le Coffret Douglas Sirk

Editeur : Carlotta, novembre 2007. Nouveau master restauré. Format : 2.35. VO VOSTF & VF mono (2h06). Prix public conseillé : 25 €.

Suppléments sur DVD 2 :

 

1944. De retour du front russe pour une permission de trois semaines à Berlin, le soldat Ernst Graeber trouve sa ville en ruine et sa maison détruite. À la recherche de ses parents disparus, il rencontre Elizabeth, son amie d'enfance et fille du médecin de famille. Ils tombent amoureux et se marient…

 

Œuvre déchirante et intense sur la folie et l'absurdité de la guerre, Le Temps d'aimer et le temps de mourir marie le film de guerre avec l'intensité et la beauté du mélodrame. "Ce qui m'a intéressé, devait déclarer Sirk, c'est ce décor en ruines et ces deux amants. Cette histoire d'amour est inhabituelle. C'est un film qui est très proche de mes idées, particulièrement pour sa description de la brièveté du bonheur."

le film le plus personnel de Douglas Sirk.

Le film est tourné en Allemagne en un temps où beaucoup de cinéastes exilés aux USA reviennent tourner en Europe. Mais Sirk avait une raison toute particulière de vouloir tourner ce film. Sirk est hanté par ce qui est arrivé à son fils né d'un premier mariage. Sa femme était une militante nazie et avait embrigadé son fils en partie par vengeance envers Sirk dont la seconde femme était d'origine juive. Le fils de Sirk a probablement été tué sur le front russe au printemps 1944 et le film est hanté par ce que Sirk imagine être les dernières semaines de son fils.

Sirk étant malade, le montage a été termine par Bob Arthur, le producteur mais selon l'architecture voulue par Sirk.

Un mélodrame avant d'être un film de guerre

Le titre d'un film est comme le prologue d'un drame disait Sirk qui a beaucoup insisté pour le changement de "vivre" en "aimer". Le temps de vivre et le temps de mourir, titre du roman de Erich Maria Remarque, était une citation de l'Ecclesiaste. Le changement introduit par Sirk tire le film vers le sens du romantic drama (idylle). Il voulait que ce soit un film d'amour et n'a laisser le titre original qu'à Allemagne patrie de Erich Maria Remarque. Pour Sirk, la dénonciation du nazisme devait laisser le pas à l'histoire d'amour. Dans ses entretiens avec Jon Hallyday, Sirk se déclarera ravi que Godard ait fait du changement de titre la base de son article dans les cahiers du cinéma.

Le film raconte le rapport entre l'amour naissant de deux amants et les ruines. Les circonstances extrêmes provoquent ce sentiment de tendresse douloureuse partagée par les amants dans leurs rares moments de bonheur. Seules les choses condamnées peuvent être si douloureusement tendre.

L'arbre précocement en fleur de par sa proximité avec l'incendie. La mort de Ernst un jour de printemps font partie des images les plus ironiques de Sirk. Non pas qu'elles introduisent une distance mais plutot qu'elle donne cette impression que jamais rien n'est certain ni du malheur, ni du bonheur. l'impression de menace provient aussi de ce que Sirk reconnaît avoir appris de Dreyer : faire durer les plans et utiliser un montage "hésitant" multipliant les angles et les mouvements d'appareils.

Un film de guerre

Remarque, qui avait déjà écrit A l'Ouest rien de nouveau sur la première guerre mondiale s'était exilé aux Etats-Unis comme Sirk. celui-ci lui fait jouer le rôle du professeur Paulman. Sirk trouvait toutefois l'écriture de Remarque trop sentimentale et rêvait de se débarrasser de beaucoup de séquences.

Sirk comme Remarque ont été très déçus que le film ait été pris comme politique. Il a été refusé par les Russes car ce sont des partisans qui abattent le bon allemand et en Israël. Sirk pense qu'il a été trop explicite. Il aurait aimé supprimer la scène du bûcher sur le piano. Dans la critique social il ne faut pas être trop explicite et dans un film sur le nazisme, il faut peut-être l'être encore moins.

Paul Newman avait été prévu avant John Gavin, finalement choisi par Universal qui veut le lancer. Il plaît à Sirk par son manque d'expérience, qu'il soit jeune, beau, tout frais, mais pas joli, sérieux avec un petit coté dilettante et rien de sentimental ce qui allait bien pour contrebalancer les aspects sentimentaux de l'histoire de Remarque.

Des larmes et de la vitesse (12 mn)

J'adore les Autruches. Quand le monde est trop laid, elles n'ont qu'à fermer très fort les yeux pour que le monde exterieur soit purement et simplement anéanti. Sirk c'est comme Le diable au corps de Radiguet pas celui de Autant-Lara. C'est, pauvre amour de Griffith faut-il. Il pose la question de savoir s'il faut vivre pour aimer ou aimer pour vivre comme J'ai le doit de vivre et Les amants de la nuit.

Le cinéma de Sirk, ce sont des cadrages anodins et le cinémascope qui confronte le moyen âge et la modernité. En fermant les yeux, les amants vont plus loin au fond d'eux même ; aimer et mourir comme dit Beaudelaire. On pense à la guerre en voyant des scènes d'amour et vice versa. Sirk parvient à retrouver la vérité du plaisir derrière la convention des larmes ce qu'ont raté Milestone Philip Dune.

Croire à ce que l'on fait en nous y faisant croire. Les films de Sirk ne sont pas des grands films mais ils sont beaux. Le scénario est beau, les acteurs sont loin de ne pas l'être et la mise en scène aussi. Liselotte est magnifique, certains la trouvent maigrichonne mais le sujet n'est pas "Lise ôte ton pull-over". Sirk film comme un reportage et pourtant il a une grosse camera. Le Cinémascope multiplie d'autant le cinéma normal. Il use du panoramique avançant et reculant itou.

Liselotte au bord du lac saute sous la barrière. Ceux qui n'ont pas vu à ce moment la grosse Mitchell de Douglas Sirk se baisser en même temps puis hop se redresser du même et souple mouvement de jarret et bien ceux-là n'ont rien vu ou alors, ils ne savent pas ce qui est beau.

 

Conversation avec Douglas Sirk (15 mn) entretiens avec Jon Halliday

Lorsque Jon Halliday réalise cet entretien sur Le Temps d'aimer et le temps de mourir avec Sirk en 1970, celui-ci lui demande de laisser certaines choses de coté jusqu'à sa mort ou celle de certaines personnes qu'il citait et principalement ce qui concernait le récit personnel de la tragédie de son fils unique. Sirk est hanté par ce qui est arrivé à son fils né d'un premier mariage. Sa femme était une militante nazie et avait embrigadé son fils en partie par vengeance envers Sirk dont la seconde femme était d'origine juive. Le fils de Sirk a probablement été tué sur le front russe au printemps 1944 et le film est hanté par ce que Sirk imagine être les dernières semaines de son fils.

Le titre d'un film est comme le prologue d'un drame. Sirk a beaucoup insisté pour le changement. Il voulait que ce soit un film d'amour et n'a laisser le titre le temps de vivre et le temps de mourir qu'à Allemagne. La dénonciation du nazisme devait laisser le pas à l'histoire d'amour. Sirk est ravi que Godard ait fait du changement de titre la base de son article.

Le film raconte le rapport entre leur amour naissant et les ruines ; il raconte deux amants dans des circonstances extrêmes avec le sentiment de tendresse douloureuse partagée par les amants dans leurs rares moments de bonheur. Seules les choses condamnées peuvent être si douloureusement tendre.

Dans ce film, on ne voit jamais l'ennemi. Sirk comme Remarque ont été très déçu que le film ait été pris comme politique. Il a été refusé par les Russes car ce sont des partisans qui abattent le bon allemand et en Israël. Sirk pense qu'il a été trop explicite. Il aurait aimé supprimer la scène du bûcher sur le piano. Dans la critique social il ne faut pas être trop explicite et dans un film sur le nazisme, il faut peut-être l'être encore moins.

Paul Newman avait été prévu avant John Gavin, finalement choisi par Universal qui veut le lancer. Il plaît à Sirk par son manque d'expérience, qu'il soit jeune, beau, tout frais, mais pas joli, sérieux avec un petit coté dilettante et rien de sentimental ce qui allait bien pour contrebalancer les aspects sentimentaux de l'histoire de Remarque. Celui-ci est beaucoup trop sentimental et Sirk rêvait de se débarrasser de beaucoup de séquences.

Sirk étant malade, le montage a été termine par Bob Arthur, le producteur mais l'architecture du film est de Sirk. Il a appris de Dreyer à faire durer certains plans, à utiliser ce montage hésitant qui donne une impression de menace.

Assis dans le noir (19 mn) Wesley Strick

Scénariste des Nerfs à vif de Martin Scorsese et auteur d’un roman relatif aux évènements peu connus de la vie de Douglas Sirk, Wesley Strick a vu les films de Sirk en DVD après leur sortie par Criterion. Il en apprécie l'excès, le fait que les mélodrames vont trop loin.

Portrait de Douglas Sirk (1984 – 47 mn) un film de Daniel Schmid

Mirage de la vie un film de Daniel Schmid. Quatre ans avant sa disparition, un entretien rare et personnel avec le cinéaste Douglas Sirk sur l’ensemble de sa carrière. Tout part de l'esprit et y revient. Un happy end est ce qui te rend heureux toi.