Editeur : Carlotta-Films. Septembre 2011. Nouveau master restauré haute définition. Durée du film : 1h43. 20 €.

Suppléments :

  • Le Manteau, au fil du temps 26’
  • Scènes alternatives 24’

Carmine De Carmine est employé de mairie dans une petite ville. Maladroit et sans-le-sou, il subit les moqueries de ses collègues qui raillent son manteau troué. Alors qu’on prépare en grande pompe l’inauguration d’un projet d’urbanisme, le maire demande à Carmine de lui servir de secrétaire. Mais lors du conseil municipal, ce dernier livre un numéro catastrophique en s’emmêlant dans ses notes. Convoqué pour être renvoyé, Carmine surprend une discussion compromettante et finit par recevoir une prime en échange de son silence…

En déplaçant la nouvelle de Gogol, Le manteau, de Saint Pétersbourg en 1843 à Pavie en 1952, Lattuada opère aussi de subtils décalages qui font de son film un miraculeux point d'équilibre entre le néoréalisme de De Sica et la féérie magicienne de Fellini.

Akaki Akakievitch Bachmatchkine petit fonctionnaire de Saint Pétersbourg devient Carmine de Carmine petit fonctionnaire de Pavie sous la neige. Pavie avait été peu montrée au cinéma et Lattuada utilise très bien le décor du pont Coperto, montré de jour comme de nuit. Chez Gogol, Akaki économise kopeck après kopeck, pour se procurer le vêtement, dont l'acquisition vire à l'obsession. Ici c'est une femme, comme bien souvent chez Lattuada, qui emporte sa décision. Le "personnage important" auquel Akaki demande secours n'intervient qu'une fois, à la fin de la nouvelle, alors qu'ici le maire est la véritable tête de turc de Lattuada bien davantage que la bureaucratie.

Dans la nouvelle le fantôme d'Akaki, après s'être vengé de ses collègues qui s'étaient moqué de lui durant la fête, attaque finalement "le personnage important" qui avait renvoyé si durement le petit fonctionnaire et lui vole son manteau. Ici encore, c'est moins le manteau et les collègues qui sont visés que l'attitude irresponsable des édiles locaux.

Le ton du film est malgré, sa fin malheureuse, bien plus burlesque, que celui de la nouvelle. Lattuada conserve la filature de Carmine par le tailleur, content de son ouvrage mais il ajoute aussi la surréaliste scène du discours du maire interrompu par l'enterrement de Carmine. Tout pareillement la danse avec Caterina, qui est une farce chez Gogol, est ici emprunte d'étrangeté. La plantureuse Yvonne Sanson semble emporter avec elle dans les airs et avec bienveillance le petit Carmine (Renato Rascel) qui rêve d'elle. Dans ce jeu de massacre où des politiques irresponsables, des hommes d'affaire avides et des fonctionnaires incompétents spolient le peuple (Cramine regardant les solliciteurs grelotant dans la neige alors que la mairie est toute à ses agapes), les femmes semblent échapper à la corruption. Ainsi en est-il de Caterina mais aussi de Vittoria, la fille du maire.

 

Le Manteau, au fil du temps (0h26)

Le critique de cinéma Paolo Mereghetti, interrogé par la cinéaste Annarita Zambrano, détaille les changements opérés par Lattuada vis à vis de la nouvelle de Gogol parue en 1843.

Akaki Akakievitch Bachmatchkine petit fonctionnaire de Saint Petersbourg devient Carmine de Carmine petit fonctionnaire de Pavie sous la neige. Pavie avait été peu montrée au cinéma et Lattuada utilise très bien le décor du pont Coperto, montré de jour comme de nuit. Chez Gogol, Akaki économise kopeck après kopeck, pour se procurer le vêtement, dont l'acquisition vire à l'obsession. Ici c'est une femme, comme bien souvent chez Lattuada, qui emporte sa décision. Le "personnage important" auquel Akaki demande secours n'intervient qu'une fois, à la fin de la nouvelle, alors qu'ici le maire est la véritable tête de turc de Lattuada bien davantage que la bureaucratie.

Dans la nouvelle le fantôme d'Akaki, après s'être vengé de ses collègues qui s'étaient moqué de lui durant la fête, attaque finalement "le personnage important" qui avait renvoyé si durement le petit fonctionnaire et lui vole son manteau. Ici encore, c'est moins le manteau et les collègues qui sont visés que l'attitude irresponsable des édiles locaux.

Le ton du film est malgré, sa fin malheureuse, bien plus burlesque, que celui de la nouvelle. Lattuada conserve la filature de carmine par le tailleur content de son ouvrage mais il ajoute aussi la surréaliste scène du discours du maire interrompu par l'enterrement de Carmine. Tout pareillement la danse avec Caterina, qui est une farce chez Gogol, est ici emprunte d'étrangeté.

 

 
présente
 
Le manteau d’Alberto Lattuada