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Little big mann d'Arthur Penn

Editeur : Une coédition Carlotta Films / L'Atelier d'Images. Octobre 2016. BD 50 • MASTER HAUTE DÉFINITION • 1080/23.98p • ENCODAGE AVC Version Originale DTS-HD MA 5.1 & 1.0 / Version Française DTS-HD MA 1.0 Sous-Titres Français • Format 2.35 respecté • Couleurs Durée du Film : 140 mn

Suppléments :

Un journaliste vient recueillir le témoignage de Jack Crabb, 121 ans, dernier survivant de la bataille de Little Bighorn qui vit la victoire des Indiens sur les troupes du général Custer. Le vieil homme se met à raconter l’histoire de sa vie : le massacre de ses parents par les Indiens pawnees, son adoption par les Cheyennes où il reçut le surnom de Little Big Man, puis son retour parmi les Blancs en pleines guerres indiennes

Little Big Man est la deuxième incursion d’Arthur Penn dans le genre du western après Le gaucher en 1958. Le réalisateur de La poursuite impitoyable, (1965), portrait au vitriol de l'Amérique de Lyndon Jonhson, ambitionnait depuis un certain temps de tourner un film sur la mémoire du peuple indien qui remette en cause l’imagerie western de l’époque. Penn jette son dévolu sur le livre de son compatriote, l’Américain Thomas Berger, intitulé Little Big Man (Mémoires d’un visage pâle en français), paru en 1964.

Un récit picaresque pro-indien

Little Big Man conte le récit d’apprentissage de Jack Crabb, anti-héros balloté entre deux cultures, à travers une succession d’aventures abordant des registres multiples comme la comédie, la tragédie lyrique ou le western métaphysique. Les aventures de Jack sont ponctuées par ses rencontres, celles chez les amérindiens, les êtres humains, sont pleines d'humanité : son grand-père adoptif Peaux de la Vieille Hutte (interprété par un véritable chef indien), Ours des Montagnes (parfois "indien contraire", son meilleur ennemi), Petit cheval (Heemaney, homosexuel), Rayon de Soleil et ses soeurs. Les mythes de l'ouest sont en revanche déboulonnés. Premier d'entre eux, la figure patriotique du héros tueur d'indiens, le général George Armstrong Custer. Sanguinaire et mégalomane, il verra son image ternie définitivement après tant de films où il est le héros. Sont tournés en dérision le prêtre (Pendrake), la femme au foyer (Louise Pendrake), la prostituée (la même Louise Pendrake devenue Lulu), les femmes de l'Ouest décidée (Caroline, la sœur de Jack, ou Olga, sa première femme), le vendeur ambulant (le charlatan opportuniste Merriweather) et le chasseur de prime (Wild Bill Hickok ou Crabb devenu Kid limonade).

Après La flèche brisée (Delmer Daves, 1950), Au-delà du Missouri (William Wellman, 1951), La rivière de nos amours (André de Toth, 1955), Le jugement des flèches (Samuel Fuller, 1957), on retrouve dans ce film un héros qui quitte la civilisation blanche pour vivre parmi les Indiens. La même année 1970 étaient sortis Un homme nommé cheval (Elliot Silverstein, 1970) et Le soldat bleu (Ralph Nelson, 1970). Suivront Jeremiah Johnson (Sydney Pollack, 1971), Danse avec les loups (Kevin Costner, 1990) puis The revenant (Alexandro Gonzalez Inarritu, 2015).


Un plaidoyer anti-expansionniste

Ce retour aux valeurs des anciens, pleins de sagesse, auxquelles s'opposent les dérèglements de la société américaine n'évitent pas certains clichés.  En revanche les deux grandes scènes de batailles : le massacre de la Washita river et la bataille de Little Big Horn font preuve dune intensité lyrique bouleversante. C'est probablement là le vrai sujet de Penn. Les guerres indiennes évoquent en creux un conflit plus contemporain, celui de la guerre du Vietnam faisant rage en ce début des années 1970.

La conquête de l’Ouest trop longtemps entrée dans l'histoire comme répondant à la destinée, au devoir de l'homme blanc, au mythe de la frontière,  entre avec ce film, comme pour Le soldat bleu (Ralph Nelson, 1970), en résonance avec la situation au Viêt-Nam. Les velléités expansionnistes des Américains sont vivement critiquées : le massacre de la Washita river utilise à dessein le souvenir des images du massacre de civils vietnamiens par l'armée américaine à My Lai en mars 1968.

 

Jean-Luc Lacuve le 18/07/2016