Editeur : Montparnasse, octobre 2010. Coffret 25 DVD : 100 €

King Kong (Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack, 1933), Le danseur du dessus (Mark Sandrich, 1935), Sylvia Scarlett (George Cukor, 1935), L'impossible M. bébé (Howard Hawks, 1938), Panique à l'hôtel (William A. Seiter, 1938), Le Saint contre-attaque (John Farrow, 1939), La fille de la cinquième avenue (Gregory La Cava, 1939), Elle et lui (Leo McCarey, 1939), Citizen Kane (Orson Welles, 1941), Soupçons (Alfred Hitchcock, 1941), La splendeur des Amberson (Orson Welles,1942), La Féline (Jacques Tourneur, 1942), , Nous avons gagné ce soir (Robert Wise, 1949), Ça commence à Vera Cruz (Don Siegel, 1949), Le Récupérateur de cadavres (Robert Wise, 1945), La griffe du passé (Jacques Tourneur, 1947), Le garçon aux cheveux verts (Joseph Losey, 1948), Le massacre de Fort Apache (John Ford 1948), La charge héroïque (John Ford, 1949), Les Diables de Guadalcanal (Nicholas Ray, 1951), La Chose d'un autre monde (Christian Nyby, 1951), L'énigme du Chicago Express (Richard Fleischer, 1952), Un si doux visage (Otto Preminger, 1952), La captive aux yeux clairs (Howard Hawks, 1952), Barbe-Noire le pirate (Raoul Walsh 1952),

Supplément :

  • La RKO, une aventure hollywoodienne, documentaire de Philippe Saada (1h49).

  • Chaque film est accompagné d'une présentation de Serge Bromberg.

 

Citizen Kane (Orson Welles, 1941)
La charge héroïque (John Ford, 1949)

Une sélection de 25 des plus beaux films, chacun à leur manière et tous genres confondus, produits par ce studio "à part" dans le cœur du public et des cinéphiles, qui grâce à son statut d'outsider face aux majors établies à l'époque, donne naissance en l'espace de 30 ans, de 1928 à 1955, à une diversité de chefs-d'œuvre incroyable de John Ford, Orson Wells, Jacques Tourneur, Gregory La Cava, Alfred Hitchcock, Howard Hawks, Robert Wise et tant d'autres… Mais aussi avec Cary Grant, Katharine Hepburn, Robert Mitchum, Fred Astaire, Ginger Rogers, John Wayne, Henry Fonda, Kirk Douglas...

Cette sélection est accompagnée d'une version restaurée de Citizen Kane, d'un film inédit en DVD de Leo McCarey, Love Affair (Elle et lui, l'original, avec Irene Dunne), d'un passionnant documentaire de presque deux heures sur l'histoire de la RKO et du cinéma aux USA, de la grande dépression à l'après seconde guerre mondiale (La RKO, une aventure hollywoodienne agrémenté d'images d'archives, de nombreux extraits de films, d'entretiens avec Joe Dante, Bertrand Tavernier, Michel Ciment).

 

La RKO, une aventure hollywoodienne de Philippe Saada (1H49).

La RKO, une aventure hollywoodienne, le documentaire de Philippe Saada comprend de nombreuses images d'archives et extraits de films et bénéficie des interventions critiques de Bertrand Tavernier ("Un studio à part qui avait produit, diffusé et financé un nombre énorme - pas seulement de bons films - mais de films personnels qui ressemblent à leurs auteurs"), Joe Dante ("Étant gosse, le logo RKO figurait sur les films qui m'intéressaient le plus") et Michel Ciment ("Il y avait une liberté plus grande que dans beaucoup de compagnies mais aussi, il bénéficiait du talent du département décor, costume, photographie, montage de très haute qualité ").

La RKO, une aventure hollywoodienne est une remarquable analyse des studios de la RKO, de leur naissance en octobre 1928 à leur disparition en 1955.

La RKO naît fin octobre 1928 de la volonté de David Sarnoff, à la tête de la RCA, qui a inventé le photophone destiné au cinéma. Il crée un studio de cinéma pour rentabiliser son brevet. Seront produits des films qui parleront et chanteront grâce au procédé photophone.

David Sarnoff s'associe avec Joseph Kennedy, le père du futur président qui, à la tête de FBO, possède un studio modeste mais très bien placé au cœur d'Hollywood et qui possède d'un réseau de distribution capable de vendre des films aux Etats-Unis et à l'étranger. Son réseau de salles est toutefois insuffisant et Sarnoff rachete le réseau de salles Keith'Orpheum, 700 grandes salles de music-hall dispersées dans les grandes villes d'Amérique.

L'organisation du studio est classique : A l'est, à New York, la direction financière, les actionnaires et son conseil d'administration avec Sarnoff et la RCA à sa tête. A l'ouest, les studios baptisés du nom de ses fondateurs : R pour RCA, et KO pour Keith Orpheum.

Comme premier directeur Sarnoff choisit William Lebaron qui possède du métier mais peu d'imagination. Son but est de produire des films avec assez peu d'exigences artistiques, parlant ou chantant, pour alimenter le réseau de salles. Mais, fin 31, rien de probant n'est sorti du studio. Sarnoff remplace William Lebaron par David Selznick. Celui-ci ne restera pas longtemps en poste mais donnera l'impulsion décisive. c'est d'abord Hells'highway en septembre 32, charge contre les conditions dans les bagnes dans le sud des Etats-Unis, contemporain de Je suis un évadé produit par la Warner. Selznick engage Pendro Berman et Van Nest Polglase, le directeur artistique qui, de 32 à 42 va superviser la cohérence artistique. Il coordonne les choix des costumiers, décorateurs, chefs opérateurs, et responsables des effets spéciaux.


Cooper et Schoedsack réalisent immédiatement Les chasses du comte Zaroff (septembre 1932) et King Kong d'après Edgar Wallace. Dans Les chasses Fay Wray est brune et poursuivie par un homme au cœur de monstre. Pour Kong, elle est blonde et poursuivie par un monstre au cœur d'homme. King Kong est le premier triomphe commercial du studio (Schoedsack pilote et Cooper est le mitrailleur de l'avion qui tire sur King Kong).

Selznick veut trouver la star du studio. Greta Garbo à la MGM, Marlène Dietrich à la Paramount sont à l'apogée de leur légende, les porte-étendard de leur studio. Selznick finit par dénicher Katharine Hepburn repérée sur les planches de Broadway second rôle dans Héritage (George Cukor, 1932) avec John Barrymore, puis premier rôle en septembre 32 dans Morning glory (Lowell Sherman, 1932). Elle triomphe ensuite en interprétant Jo dans Les quatre filles du docteur March (Cukor, 1933). Elle devient la vedette des films de prestige de la RKO. En 1935, elle est nominée pour Alice Adams de George Stevens. Ce sera son dernier grand succès pour la RKO. Le désastre de Sylvia Scarlett fait perdre plus d'un million de dollars à la firme.


Cooper occupe désormais le poste de Selznick. Il fait débuter le couple Astaire/ Rogers dans Carioca (Thornton Freeland, 1933). Autour du couple Fred Astaire et Ginger Rogers, du chorégraphe Hermes Pan, Pandro S. Berman produit huit autres films qui assureront l'assise populaire et financière de la RKO durant les années 30 : La joyeuse divorcée (Mark Sandrich, 1934), Roberta (William A. Seiter, 1935), Le danseur du dessus (Top Hat, mark Sandrich, 1935), En suivant la flotte (Mark Sandrich, 1934) et Sur les ailes de la danse (Swing Time, George Stevens, 1936), L'entreprenant Mr Petrov (Shall We Dance, Mark Sandrich, 1937), Amanda (Mark Sandrich, 1938) et enfin La Grande Farandole ( HC Potter, 1939). On est moins dans les coulisses du spectacle que dans la comédie sophistiquée.

La recette, toujours la même est efficace : des comédies reposant toujours sur des quiproquos, intégrer la danse dans l'action, un ou deux numéros en solo pour Astaire avec des accessoires de plus en plus subtils et la crème des compositeurs Cole Porter, Irving Berlin, Jerome Kern, George Gershwin.

La RCA se retire et cède à Floy Domlong, le dirigeant d'Atlas corporation, une holding puissante mais n'ayant rien de commun avec le cinéma. La Chase Manhattan avec Nelson Rockfeller appuie Berman comme chef de studio. C'est Berman qui engage Ford pour tourner Le mouchard qui remporte deux oscars en 1935. Il reconduit avec Ford sur Marie Stuart, film de prestige avec sa star Katharine Hepburn. Celle-ci connaît là un nouvel échec après celui de Sylvia Scarlett et partage le premier rôle avec Ginger Rogers dans Pension d'artistes (1937) de Gregory La cava puis La fille de la cinquième avenue. Ginger Rogers obtient l'oscar pour Kitty Foyle (Sam Wood, 1940). Hepburn, surnommée le poison du box office, ne peut tenir un film à elle seule. Berman lui associe Cary Grant pour L'impossible monsieur bébé échec, classique aujourd'hui mais de nouveau cuisant échec commercial. Gunga Din (George Stevens, 1939) avec Cary Grant et Quasimodo avec Maureen O'Hara sont de gros succès.

Nelson Rockefeller pousse Floyd Odlum à remplacer Pendro Berman par George Schaefer (1888–1981) pour pérenniser les productions de prestige en octobre 1938. George Schaefer fait imprimer, sur tous les courriers de la firme sa devise : "Des films de qualité à gros budget".... ce seront les échecs de Abe Lincoln in Illinois (John Cromwell, 1940) et Dance girl, dance (Dorothy Azner, 1940) et le succès d'un petit film noir L'inconnu du troisième étage (Boris Ingster, 1940).

Schaefer produit les deux premiers films de Welles auquel il accorde des droits exorbitants pour l'époque : produire deux films dont il sera libre de choisir le sujet et les interprètes et, encore plus exceptionnel, le droit au "final's cut". Le tournage de Citizen Kane commence fin juin 1940. Welles fait jouer sa troupe, des interprètes inconnus ; Hearst boycotte la couverture médiatique du film. Citizen Kane n'est pas un succès mais seulement un petit échec financier. Nominé neuf fois, il ne remporte qu'un oscar pour le scénario de Hermann Mankiewicz. La splendeur des Amberson bénéficie d'un budget deux fois plus important pour l'escalier central d'une maison au toit et murs amovibles. Mais la guerre éclate et le propos du film, la nostalgie mélancolique d'un monde que la modernité (pétrole, automobile) a fait disparaître, devient anachronique. Welles part en Amérique du Sud, au Brésil pour une commande anti-fasciste. Il laisse à Robert Wise le soin de monter son film selon des instructions précises. Mais la preview avec Mexican spitfire est désastreuse. It's all true (qui ne verra jamais le jour) engloutit des sommes considérables dans le filmage en couleur du carnaval de Rio. Il lui est retiré le final's cut, le film amputé de 50 minutes avec une fin modifiée. George Schaefer est renvoyé.

En juin 1942, Floyd Odlum choisit Charles Koerner qui n'avait que mépris pour les prétentions de George Schaefer. Toute la troupe du Mercury est jetée dehors. Charles Koerner fait supprimer la devise de son prédécesseur et lui substitue la sienne : "Du divertissement, pas des genies". Il s'investit dans l'effort de guerre, les films à petits budgets et la série B.

Pour l'effort de guerre sont produits Vivre libre (Jean Renoir, 1943), Jours de gloire (Jacques Tourneur), Les enfants d'Hitler (Edward Dmytryk) qui est un gros succès (il coûte 300 000 dollars et en rapporte 3 millions). Tender comrade où des femmes mettent en commun leurs ressources sera ensuite accusé de propagande anticommuniste. Plus divertissant, Amour et swing, premier film d'un contrat de sept ans avec le jeune Frank Sinatra qui ne restera pas à la RKO. Ce sont les films de genre, produits par Val Lewton, qui remettent la RKO sur les rails avec Jacques Tourneur (La féline, Vaudou, L'homme léopard), Robert Wise (La malédiction des hommes chats, Le récupérateur de cadavres adapté de Stevenson) et Mark Robson (Bedlam).

Après la guerre, c'est la grande époque du film noir : Adieu ma jolie (Dmytryk, 1944), véritable premier film noir de la RKO, Né pour tuer (Robert Wise, 1947), Desparate (Anthony Mann, 1947), Une incroyable histoire (Ted Tetslaf), L'enigme du Chicago express (Richard Fleischer, 1952), La griffe du passé (Jacques Tourneur, 1947), Robert Mitchum devient la star de la RKO qu'il confirma avec ça commence à Vera Cruz (Don Siegel, 1947), film noir décontracté avec vrai faux méchants sur un ton de bande-dessinée.

La RKO réalise aussi des coproduction avec Argosy, société de production crée par Ford et Cooper pour Le massacre de fort apache (1948), testament en noir et blanc de Ford qui passe en couleur pour La charge héroïque, oscar de la photographie en 1950.

Charles Koerner meurt en février 46. Dore Schary n'arrive qu'en février 47. Il produit Le garçon aux cheveux vert de Losey et Les amants de la nuit de Nicholas Ray. Floyd Odlum vend la RKO à Hughes millionnaire qui aime les femmes et anticommuniste acharné. Dore Schary refuse de licencier Edward Dmytrick et Adrian Scott son producteur qui sont dans les dix d'Hollywood. C'est Howard Hughes qui le fait. Il licencie Dore Schary et 150 employés. Il a suspendu toutes les productions en cours du premier semestre 1949 pour "épurer" le personnel de la RKO. Il produit I married a communist (1949, John Cromwell). Howard Hughes résiste à la censure lorsqu'il attaque la corruption de la police dans The racket (John Cromwell, 1951) ou les relations adultères dans La femme aux maléfices. De Nicholas ray, il produit aussi Les diables de Guadalcanal et La maison dans l'ombre (1952). Howard Hughes repeint les studio, met des semaines à se decider fait des prises...en gros, détruit le studio. Fin 1955, Howard Hughes revend le studio à une chaîne de télévision qui s'empare du catalogue de films.

 

Ciné-club de Caen

 
présentent
 
Il était une fois la RKO