Histoires du cinéma
Tous en scène (Vincente Minnelli, 1952)
My fair lady (George Cukor, 1964)

La croisade anticommuniste du sénateur McCarthy se traduisit par une «chasse au sorcière» qui frappa le cinéma au même titre que les autres modes d’expression artistique (voir : censure). Interdits de tournage, des réalisateurs comme Joseph Losey ou Jules Dassin quittèrent le pays pour s’établir en Europe.

La fin de l'usine à rêve

Dans un effort pour reconquérir un public de plus en plus attiré par la télévision, on inventa de nouveaux standards de films, tels le Cinérama, le CinémaScope, les films stéréoscopiques, le panoramique ; par ailleurs, on tourna de plus en plus en couleur et à l’étranger. Le procédé Technicolor fut peu à peu remplacé par le système Eastmancolor, puis par d’autres procédés fondés sur la technique Agfacolor à partir de 1951.

Au début des années 1960, l’ "usine à rêves" Hollywood, et les recettes qui avaient fait leurs preuves, atteignent le point mort. La carrière de réalisateurs de renom comme Alfred Hitchcock ou John Ford décline, et les stars de l’ "Âge d’or" sont mortes (Humphrey Bogart, Gary Cooper), soit sur le retour (Cary Grant, John Wayne). Les dirigeants des studios, tous très âgés comme Jack Warner, occupant ces postes depuis l’ère du cinéma muet ont perdu tout contact avec la réalité sociale d’alors

À la fin des années soixante, la disparition des derniers «nababs», les échecs retentissants de certaines superproductions (de Cléopâtre à La Bible) et une chute apparemment irréversible de la fréquentation des salles firent présager à certains la mort de Hollywood, victime d’une politique de surinvestissement aussi extravagante que ruineuse. C’était méconnaître la plasticité du cinéma américain et sa faculté d’adaptation à toute situation nouvelle.

Dès 1962, la 20th Century Fox, affaiblie par le gouffre financier de Cléopâtre, accuse un déficit record de 40 millions de dollars, tandis que la fréquentation a été plus que divisée par trois depuis 1946, pour un parc de salles réduit de moitié. La crise atteindra son maximum en 1969-1970, après un très provisoire redressement des «Major Companies» dans la voie ouverte par Darryl Zanuck qui, à peine arrivé à la tête de la Fox, s’était empressé de louer à la télévision un stock de deux cents films. On crie à la fin de Hollywood, mais le pouvoir change simplement de mains. L’intérêt des banques pour le cinéma n’est pas nouveau. Ce qui l’est, c’est que les sept Majors soient convoitées puis contrôlées en l’espace de vingt ans par des conglomérats financiers et industriels pour lesquels le cinéma ne représente qu’une activité parmi bien d’autres, depuis Universal, qui devient en 1962 une branche de Music Corporation of America, jusqu’au rachat de Columbia par Coca-Cola en 1982, en passant par Paramount, United Artists, Warner Bros, M.G.M. et Fox.

Naissance du cinéma indépendant

Comme en Europe, dans les années soixante, un public cultivé américain, jeune, ne se reconnait plus dans la production cinématographique qui lui est proposée et permet à des réalisateurs de saisir alors leur chance.

Une plus grande liberté de ton, le recours à des caméras plus mobiles, des ruptures de ton, des effets de distanciation, des thématiques sociales plus critiques sont autant d’éléments qui apparaissent avec Le petit fugitif de Moris Engel (1953), On the Bowery de Lionel Rogosin (1957), The savage eye de Joseph Strick (1960) ou Shadows (1961) et La ballade des sans espoirs (1962) de John Cassavetes.

Le petit fugitif de Moris Engel (1953)
Shadows de John Cassavetes. (1961)

Roger Corman intègre la 20th Century en 1948 et gravit peu à peu les échelons de la major hollywoodienne. La fondation de la compagnie American International Pictures (A.I.P.) par Samuel Z. Arkoff et James H. Nicholson en 1956, dédiée à la production de films indépendants à petits budgets, principalement à destination des adolescents lui permet de s'illuster comme producteur et réalisateur.

American International Pictures (A.I.P.) fonde le cinéma indépendant de série B

Tous les genres sont abordés par l'Américain, mais il se révèle à partir de 1960 avec la réalisation de films d'horreur : La petite boutique des horreurs puis huit films adaptées d'oeuvres d'Edgar Allan Poe : La chute de la maison Usher (1960) The Pit and the Pendulum (1961), The Premature Burial (1962), Tales of Terror (1962), Le corbeau (1963), The Haunted Palace (1963), Le masque de la mort rouge (1964) The Tomb of Ligeia (1964)

Derrière la caméra, Roger Corman ne s'illustre que durant une quinzaine d'années. Cette période lui permet notamment de lancer Robert De Niro dans Bloody Mama (1970) alors que comme producteur il va permettre de découvrir de nombreux talents tels que Martin Scorsese, Brian De Palma, ou Ron Howard.

Les films érotico-mammaires de Russ Meyer, les westerns de Monte Hellman, les films d'horreurs de Romero (La nuit des morts vivants, 1968) ou Le carnival des âmes (1962) de Herk Harvey complètent le tableau d'un cinéma indépendant qui va rayonner comme un nouvel hollywood dans les années 70.

vers : le cinéma américain des années 30 et 40
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