Le héros sacrilège, Kenji Mizoguchi, 1955
Tigre et dragon (Ang Lee, 2000)

Le wu xia pian,  film de héros martial, est un genre cinématographique du cinéma chinois, s'apparentant au genre littéraire du wuxia. Le terme est généralement traduit en France par Film de chevalier errant ou Film de sabre chinois.

Le mythe du chevalier errant, le wuxia, naît durant la période des Royaumes combattants (de -481 à -221) : la noblesse guerrière est peu à peu supplantée par la classe des lettrés, en raison de la centralisation du pouvoir par la dynastie Zhou, afin d'essayer d'endiguer les guerres entre États  et de l'utilisation de la cavalerie et de l'infanterie, masse de soldats peu entraînés, aux dépens de la noblesse guerrière. Certains nobles deviennent des lettrés et sont employés comme fonctionnaires, mais d'autres refusent d'abandonner leur art de vivre et se retrouvent en marge de la société. Ils deviennent des chevaliers errants. Les romans wuxia apparaissent sous la dynastie Tang (618-907).

Le wuxiapian apparaît dans le cinéma chinois dès les années 1920 sous l'influence de la "terreur blanche chinoise" instaurée par Tchang Kaï-chek à partir de 1926. L'un des tout premiers est "Li Feifei : une chevalière errante" (1925) mais c'est « L'incendie du monastère du Lotus rouge (Zhang Shichuan, 1928) de la Société cinématographique Mingxing qui marque le premier grand succès du genre (il connaîtra dix-sept suites). Le wuxiapian est cependant interdit par le Kuomintang, alors à la tête de la République de Chine à partir de 1930, mais pas de façon stricte dans les premiers temps. Après la fin de la guerre civile et la victoire des communistes, le genre se réfugie à Hong Kong.

Plongeant ses racines dans la littérature classique chinoise (romans fondateurs : Au bord de l'eau, Les Trois Royaumes... puis les romans contemporains), les légendes et l'inconscient collectif chinois - ainsi que le ballet de Pékin pour l'aspect visuel, le wu-xia s'appuie sur l'opposition entre le Jiang Hu (monde rigide et normalisé) et le Wu Lin, monde de l'art martial, auquel il faut ajouter le Lu Lin, monde des hors-la-loi, qu'il faut lire comme "marginaux", "associaux". Ces hors-la-loi sont les héros du wu-xia, chevaliers pour la plupart épéistes, symbolisant la liberté, le code de l'honneur et l'opposition au pouvoir totalitaire, dans une Chine fantasmée. Le plus souvent ils luttent contre un opresseur, ou pour faire montre de leur maîtrise des arts martiaux.

La qualité inégale et le manque d'originalité des séries lassent progressivement les spectateurs qui ne s'intéressent à nouveau à ce genre que dans les années 1950.

Au début des années 1960, c'est Hong Kong qui devient le principal producteur de films de ce genre. S'inspirant des films de sabre de l'âge d'or japonais tel que Les sept samouraïs (Akira Kurosawa, 1954), les studios Shaw Brothers les adaptent à la culture chinoise assurant au cinéma de Hong Kong une renommée mondiale. C'est à ce moment que les combats d'arts martiaux prennent une nouvelle dimension : plus longs, plus chorégraphiés, plus violents. les films de King Hu réalisés à Hong-Kong ou Taïwan sont les chefs-d'eouvres du genre : L'hirondelle d'or (1966), L'auberge du dragon (1967), A touch of zen (1969), Raining in the mountain (1979). En 1995, le genre est remis à l'honneur avec The Blade de Tsui Hark. Mais le grand public occidental n'a découvert ce genre traditionnel qu'en 2000 avec le succès mondial du film Tigre et dragon de Ang Lee ainsi que Hero et Le secret des poignards volants Zhang Yimou.

Il existe beaucoup de courants à l'intérieur du genre : wu-xia classique, érotique, horrifique, comique, fantastique (tendance Dragon Ball, inspiré des mangas), et "techno": auparavant suggéré par le montage, les envols spectaculaires et caractéristiques des chevaliers sont maintenant simulés sur ordinateur.

Le wu-xia classique se situe en Chine, celle du IXe pour Le secret des poignards volants, du XVe pour L'auberge du dragon, du XVIIe pour A touch of zen et Seven swords, du XVIIIe pour Tigre et dragon, du XXe pour The grandmaster (Wong Kar-wai, 2013)

Au Japon, Le héros sacrilège (Kenji Mizoguchi, 1955) se situant dans le Japon raffiné du XIIe, les films de Kurosawa tels Les sept samouraïs et La forteresse cachée, (Comme Ran et Kagemusha, hors du genre) se passant au XVIe, Le garde du corps et sa suite Sanjuro au XIXe. Il en va de même pour L' excellente épée Bijomaru (Kenji Mizoguchi, 1945), Zatoichi (Takeshi Kitano,2003)

 

The assassin Hou Hsiao-hsien Taiwan
2015
The grandmaster Wong Kar-wai Hong-Kong
2013
Dragon gate, la légende des sabres volants Tsui Hark Hong-Kong
2010
Detective Dee, Le mystère de la flamme... Tsui Hark Hong-Kong
2010
Seven swords Tsui Hark Hong-Kong
2005
Le secret des poignards volants Zhang Yimou Chine
2004
Zatoichi Takeshi Kitano Japon
2003
Hero Zhang Yimou Chine
2002
Tigre et dragon Ang Lee Chine
2000
The blade Tsui Hark Hong-Kong
1995
Il était une fois en chine Tsui Hark Hong-Kong
1991
Raining in the mountain King Hu Taiwan
1979
A touch of zen King Hu Taiwan
1969
L'auberge du dragon King Hu Taiwan
1967
Un seul bras les tua tous Chang Cheh Hong-Kong
1967
L'hirondelle d'or King Hu Hong-Kong
1966
Sanjuro Akira Kurosawa Japon
1961
Le garde du corps Akira Kurosawa Japon
1961
La forteresse cachée Akira Kurosawa Japon
1958
Le héros sacrilège Kenji Mizoguchi Japon
1955
Les sept samouraïs Akira Kurosawa Japon
1954
L' excellente épée Bijomaru Kenji Mizoguchi Japon
1945
L'incendie du monastère du Lotus rouge Zhang Shichuan Chine
1928
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